Le Centre d'Histoire des Techniques (CDHT-CNAM-EHESS),
la Bibliothèque du CNAM, le Musée des Arts et Métiers
et le Centre historique des Archives nationales (CHAN),
avec le soutien de l'Institut national de la Propriété industrielle (INPI),
du Centre de Recherches en Histoire des Sciences et des Techniques (CRHST)
(Cité des Sciences et de l'Industrie), du Centre François Viète (université de Nantes),
de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale,
de la Société française d'Histoire des Sciences et des Techniques (SFHST),
du Warwick Eighteenth-Century Centre (University of Warwick)
et du Leverhulme Trust Foundation
organisent un colloque sur le thème
LES ARCHIVES DE L'INVENTION.
ÉCRITS, OBJETS ET IMAGES DE L'ACTIVITE INVENTIVE,
DES ORIGINES A NOS JOURS
26-27 mai 2003
aux Archives nationales et au CNAM
Dimanche 25 mai 2003 : promenade dans le cimetière du Père-Lachaise (sépultures d'inventeurs)
Lundi 26 mai 2003 : visite de l'exposition sur les archives de l'invention au Musée des Arts et Métiers
Comité d'organisation :
Patrice Bret, Natacha Coquery, Marie-Sophie Corcy, Geneviève Deblock, Christiane Demeulenaere, Luisa Dolza, Liliane Hilaire-Pérez, Michel Letté, Valérie Marchal, Alain Mercier, Catherine Verna
Comité scientifique
Dominique Barjot, Marco Belfanti, Paul Benoît, Serge Benoît, Maxine Berg, Christine Blondel, Yves Cohen, Gérard Emptoz, Ian Inkster, Christine MacLeod, Daniel Roche, Kenneth Sokoloff, Hélène Vérin, Denis Woronoff
Comité de parrainage
Marie-Paule Arnauld, Pietro Corsi, André Guillerme, Bernard Joly, Vincent Jullien, Bernard Mousson, Brigitte Rozet, Daniel Thoulhouze
Contact : corcy AT cnam.fr - christiane.demeulenaere AT culture.gouv.fr - liliane.perez AT wanadoo.fr
Les recherches actuelles mettent en valeur le rôle crucial des pratiques de l'échange et des aptitudes au réseau dans les capacités inventives. Loin d'être le fait de héros ou de pionniers isolés, l'invention résulte de cultures techniques partagées. Derrière les mythes des grands inventeurs, se tient tout un pan d'activités et de compétences, moins spectaculaires, plus ordinaires mais qui font toute l¹épaisseur, toute la densité des processus d¹intensification technique.
Comment repérer ces pratiques de l¹invention ordinaire et cerner leurs acteurs ? Le but de ces journées est de confronter les matériaux (écrits, objets, images) et les méthodes dans ce domaine. La démarche du colloque est résolument méthodologique et épistémologique. Deux niveaux d'analyse peuvent être distingués, ce qui n'exclut en rien d'autres approches, au gré des propositions.
En premier lieu, comment identifier les inventions, les inventeurs et leurs réseaux ? La question ouvre à la fois sur l'exploration de gisements documentaires multiples, archives institutionnelles et fonds privés, et sur leur analyse. Comment combiner les définitions déjà construites (souvent par les institutions) et les mentions informelles ou indirectes de l'invention ? Comment repérer les collectifs de l'invention, les formes de coopération et la diversité des engagements personnels ? Comment suivre les stratégies des inventeurs, leurs itinéraires, les réseaux complexes où s'imbriquent le public et le privé, les capitalisations de savoir-faire et les circuits de financement ? Pour les périodes récentes, se profilent des questions spécifiques. Par exemple, quels usages peut-on faire des listes de brevets déposés par milliers ? Comment à l'échelle des entreprises, sortir d'une approche gestionnaire de l'invention qui gomme la pluralité des acteurs, la diversité des enjeux et les incertitudes de la recherche ? Dans les périodes anciennes, les hommes inventent même s'ils ne sont pas désignés comme tels. Conseillers des princes, hommes d'ateliers, hommes de chantiers, quels sont les témoignages dont nous disposons sur leur activité créatrice ? Quelle place tient l'invention dans le processus de production et dans l'univers mental des sociétés anciennes ? Les interrogations débordent l'écrit ; elles portent sur les rapports entre les traces écrites et archéologiques, la place faite aux produits dans le repérage des procédés, l'attention à la transformation des usages. Aux "sources-textes" s'ajoutent les objets, les sites, les installations.
En deuxième lieu, nous proposons d'interroger le rapport des inventeurs à l'écrit, au dessin, aux objets. Quelle place ces différents medias occupent-ils dans la conception technique et dans les stratégies de valorisation et de commercialisation des inventions ? Peut-on, à travers ces sources multiples, faire l'histoire de l'intelligence pratique des inventeurs, comprendre les méthodes des inventeurs, l'art de l'invention ? Peut-on cerner comment se déploient, sur le long terme, les discours justificatifs sur l'invention et quels choix sont faits, y compris dans la matérialité de l'écrit, lorsqu'il s'agit d'expliquer, de diffuser et de promouvoir des procédés nouveaux ? Du côté des collections, comment interroger, les réseaux de pratiques développés autour de l'exposition d'inventions (dépôts, magasins, boutiques, musées) et des spectacles techniques ? Quelle image de l'inventeur est ainsi transmise ? Peut-on distinguer des modes de valorisation de l'individuel et du pluriel ? Peut-on saisir les motifs de la personnalisation insistante de l'invention et de l'héroïsation de l'inventeur ? Ces questions ouvrent sur de vastes chantiers tels que la négociation de la vérité, l'exercice du jugement et la constitution de la mémoire technique.
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