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athena - AFET - Colloque "Les logiques de la création"- Appel à communication

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Objet : Histoire des techniques

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AFET - Colloque "Les logiques de la création"- Appel à communication


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  • Subject: AFET - Colloque "Les logiques de la création"- Appel à communication
  • Date: Thu, 18 Dec 2003 19:00:53 +0100

Title: AFET - Colloque "Les logiques de la création"- Appel à communication
De la part de Jean-Paul Leclerc


Association française pour l'étude du textile
Journées d'étude 2004
Les logiques de la création
Trouver et décliner des idées pour la création textile : méthodes
explicites ou implicites, formulées ou restituées

Atelier national d'art textile (ANAT), 48, rue Saint-Sabin, 75011 Paris
(15-16 octobre ou  5-6 novembre ou 19-20 novembre, date à préciser)

Jean-Paul Leclercq
Conservateur au musée de la Mode et du Textile
Union centrale des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, 75001 Paris
leclercq AT ucad.fr - 01 44 55 58 54
17 décembre 2003

Dans ses foisonnements, la création textile résulte souvent de réactions
à des contraintes, dont il faut s'accommoder ou qui s'inversent en
sources d'idées. La logique d'autres démarches peut n'apparaître qu'a
posteriori, comme une évolution lente, sur plusieurs siècles. La
création peut à l'inverse procéder d'une volonté affichée de nouveauté,
avec une pratique intuitive, sensible, souvent demeurée informulée dans
l'esprit même du créateur, ou au contraire en adoptant une démarche
explicite et raisonnée comme dans l'exploration d'une poétique ou des
possibilités générées par une innovation technique.
L'étendue et la complexité du thème de ces journées d'étude appelleront
probablement des remaniements par rapport à cet appel à propositions,
amendements ou enrichissements. N'hésitez pas à me faire part de vos
remarques ou à m'appeler pour toute concertation.
Il serait bon aussi de constituer un comité scientifique : je serais
heureux de recevoir quelques candidatures.
Les propositions, titre et au moins un résumé provisoire de quelques
lignes pour lever toute ambiguïté sur le sujet proposé, sont à me faire
parvenir dès que possible, pour le 31 janvier 2004 au plus tard, de
telle sorte que nous puissions en temps utile décider de maintenir ce
thème pour nos journées d'étude 2004 ou en proposer un autre.

14 interventions au maximum, sur deux journées pleines, en réservant la
fin de la première journée pour l'assemblée générale.

Sans être limitée pour autant au motif, la création textile peut se
borner à un jeu de variations à l'intérieur d'un cadre plus ou moins
général, régi par des principes explicites ou non, mais de fait
structurant, ou viser la nouveauté sans s'embarrasser de limites autres
que techniques ou économiques, barrières qui elles-mêmes peuvent être
déplacées.
La création peut résulter de glissements de proche en proche, comme la
déformation d'un modèle reproduit sans patron, par des moyens manuels,
avec une unité de dessin plus ou moins fine (découpure, perle…), ou de
processus empiriques, intuitifs. Elle peut venir par des explorations
méthodiques où le choix du satisfaisant sera opéré parmi les graphismes
rencontrés (consultation d'ouvrages de botanique pour y chercher des
motifs floraux, utilisation du kaléidoscope, du microscope… ou d'albums
d'échantillons de tissus de toute époque) ou parmi  les combinaisons
produites (armures, logiques de permutation, fonctions mathématiques,
manipulations). L'approche est souvent alors combinatoire, de même que
dans les logiques de jeu sur les matériaux (tissus Hock au musée de la
Mode et du Textile, voir Jouer la lumière, Paris, UCAD/Adam Biro, 2001,
pp. 42-45, ill.).
La création peut aussi s'enseigner (Joubert de l'Hiberderie, Paul
Lamoitier, Bauhaus, A. Lambrette…). Elle peut s'alimenter de documents
rassemblés ou constitués pour cela (recueils de modèles ; Owen Jones,
The Grammar of Ornament, ouvrage souvent utilisé à contresens). Elle
peut se trouver stimulée, contraintes ou possibilités nouvelles, par des
changements réglementaires, religieux, culturels, politiques, sociaux,
économiques ou techniques, ceux-ci souvent à l'origine de floraisons
créatives dont on peut retracer la logique.  
La création peut être régie par la poétique propre du créateur.
Inversement, à l'instar des règles normatives régissant l'écriture
dramatique ou poétique au XVIIe siècle, la création peut aussi relever
d'une poétique commune - aujourd'hui les " tendances " -, dont le
contenu, la genèse, l'application et la disparition sont à explorer,
mais qu'il faudra distinguer de la réglementation technique, des codes
sociaux et des symboliques religieuses : la déclinaison d'un même dessin
façonné pour ornements liturgiques selon les différentes couleurs
liturgiques est bien une logique de création au sens de l'industrie, non
l'_expression_ d'une poétique.
Le choix, au XVIIIe siècle, d'une exécution tissée à la place de
l'exécution brodée pour l'habit à la française à bordure, est un bon
exemple de logique de création textile par substitution de technique,
avec des corollaires en matière de commercialisation. C'est le principe,
nécessairement conscient, du dessin tissé adapté à la forme de l'objet à
produire. On en décèle l'application de fait à d'autres époques et dans
d'autres domaines. On peut en tirer une logique de création adaptée à
l'informatisation de la fabrication et de l'impression textiles qui en
faciliterait la reprise et l'extension.

Les déterminants de la création textile, comme les propriétés des
fibres, les techniques de teinture, de filage et de tissage, les
recueils de modèles, les enseignements spécialisés seront abordés par
les logiques de création qui les sous-tendent ou qui en ont résulté et
qui ont permis, par déclinaison, la multiplication souvent extrême des
propositions textiles depuis les plus anciens exemples connus. D'un
recueil de modèles ou d'armures on s'efforcera de déduire la logique
constitutive qui a conduit à la genèse des figures et à la succession
des planches. Lorsqu'il y a eu pas eu copie servile des modèles, on
pourra s'intéresser aux transpositions effectuées, ne serait-ce que
lorsque les modèles, diffusés pour un autre usage, ont dû être adaptés
au textile.
Les logiques de création peuvent avoir été préconisées plus que
pratiquées, parfois, et on les trouvera alors dans des traités non
suivis d'effet marquant. Elles peuvent avoir été préconisées et
pratiquées sans qu'il en subsiste des traces nombreuses, et il faudra
les déduire de documents administratifs, règlements et contrôles, listes
de marchandises... Elles peuvent être connues aussi ou uniquement par
des textiles conservés souvent en grand nombre, et on pourra les
restituer (et en contrôler l'exploitation) à partir de recueils
d'échantillons enregistrant la production d'une entreprise, avec les
déclinaisons en gammes et en collections.
D'une manière générale, ce sont les logiques facilitant la déclinaison
d'idées et leur produit que l'on  exposera ici. L'objectif est aussi
bien de livrer des clés pour l'étude des textiles existants, où l'on
reconnaîtra la déclinaison d'une idée, que de donner à penser pour la
création, et de susciter des travaux d'histoire de l'émergence d'idées
textiles aussi bien que des travaux généraux sur l'émergence des idées,
d'heuristique au sens large, à partir du textile.

On s'efforcera bien évidemment de bâtir les communications sur la base
de corpus cohérents, documentés, soigneusement choisis pour leur valeur
exemplaire. Le domaine couvert étant gigantesque, on tentera d'en
baliser le champ par des communications aussi diverses que possible, de
façon à donner une idée de la diversité des logiques pratiquées et de
leur apport propre, en veillant à tenir compte de conditions aussi
différentes que l'autoproduction familiale de groupes tribaux et la CFAO
(conception et fabrication assistées par ordinateur), dont les facilités
ne sont pas les mêmes, en passant par l'analyse des raisonnements
ordonnant la floraison du dessin orthogonal des petits façonnés, vers
1800, avec le développement des métiers à mécanique d'armure.
Il pourra être intéressant de raisonner en termes de typologie du dessin
textile, de systèmes d'opposition (dans un même textile : jeu de la
chaîne et de la trame, types de fils, couleurs…) et de systèmes de
variation (d'un textile à l'autre : gammes, collections…). On songera à
la permutation des motifs, à l'échelle et aux niveaux d'organisation
comme dans le cas des armures factices, aux facilités offertes par la
technique ou aux résistances qu'elle offre (orthogonalité du tissage),
dont le jeu sur les unités de base (la perle du sablé, la découpure
chaîne et trame de l'étoffe façonnée, ou la plaque de cuivre réunissant
l'ensemble des motifs du rapport de dessin). On s'efforcera de
distinguer propriétés voulues et propriétés de fait.
On n'oubliera pas les réactions aux déterminants externes, comme l'effet
d'ouverture ou de fermeture de marché, d'interdiction ou d'autorisation,
de changements techniques ou scientifiques, comme le développement de
l'étude de l'apparence visuelle avec la Loi du contraste simultané des
couleurs de Chevreul, la dialectique des illusions d'optique et de
théorie de la reconnaissance des formes (psychophysiologie de la
vision).
Il serait bon de traiter (de façon intelligible aux non-polytechniciens)
des approches mathématiques comme celle de Brandon-Guiguet, Un aspect
mathématique du tissage à lames. Méthode des initiales, Lyon, Joannès
Desvignes & Cie, 1938 (tissage synthétique : raisonnement à partir des
possibilités de la mécanique d'armure).

Les communications pourront être des études de cas à l'objet étroit en
lui-même (mais riche en proportion inverse !). Il faudra aussi des
communications plus générales, structurantes, à même de relier en un
ensemble cohérent les communications plus ponctuelles.
Il pourrait être utile de commencer par un exposé faisant le point, dans
l'état actuel des connaissances archéologiques, sur un sujet intriguant
et majeur, qui est le problème de l'invention parallèle (s'il y a bien
eu isolat culturel dans les périodes qui s'étendent de l'invention dans
une région culturelle à celle de l'invention homologue dans l'autre), ou
non, de techniques textiles pratiquées indépendamment, semble-t-il, dans
l'Ancien Monde et dans l'Amérique précolombienne, soit un parallèle
entre genèse des pratiques culturelles et genèse des espèces biologiques
par convergence évolutive ou évolution phylogénétique.
L'exploitation des propriétés visuelles directionnelles du textile offre
un vaste champ méthodologique à la création. Voir Jean-Paul Leclercq,
trois contributions déclinant les idées dans Jouer la lumière : le
textile, la lumière et l'œil, actes du colloque, Paris, musée de la Mode
et du Textile, 12-13 nov. 2001 (me contacter).
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  • AFET - Colloque "Les logiques de la création"- Appel à communication, liliane.perez, 18/12/2003

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