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Subject: Histoire des techniques
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- From: Patricia Falguieres <falguier AT ehess.fr>
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- Subject: [Athena] Annonce 17 mars
- Date: Sun, 11 Mar 2007 20:53:05 +0100
EXPOLITIQUES.
DEUX EXPOSITIONS EN DÉBAT
SAMEDI 17 MARS 2007, 10H00 – 17H00,
Amphithéâtre de l’EHESS, 105 bd Raspail, 75006, Paris
10H00 – 12H30 : UTOPIA STATION
(Biennale de Venise 2003, Francfort, Poughkeepsie, Munich, Porto Alegre, à suivre)
conçue par Molly Nesbit,Hans Ulrich Obrist et Rirkrit Tiravanija,
Présentée par Molly Nesbit et Hans Ulrich Obrist
12H45 – 14H15 Pause. Déjeuner.
14H30 – 17H00 : LA CHOSE PUBLIQUE-ATMOSPHERES DE LA DEMOCRATIE
(ZKM, Karlsruhe, 20.03 – 03.10.2005)
conçue par Bruno Latour et Peter Weibel,
Présentée par Bruno Latour
Discutants :
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Eric Alliez, Claire Fontaine, Yona Friedman, Nasrine Seradji, Immanuel Wallerstein, Jacques Rancière, Yan Thomas, Corinne Diserens, Anton Vidokle, Claire Bishop, Jean-Luc Moulène (liste non close).
Une journée d’études organisée dans le cadre du programme « Artistes & Sciences humaines » CESTA (Patricia Falguières) / Programme « Art contemporain et mondialisation » (dirigé par Zahia Rahmani à l’INHA), avec le concours de Elisabeth Lebovici et Natasa Petresin dans le cadre du séminaire du CESTA « Something you should know ».
Deux expositions de grand format ont, au cours des deux dernières années, proposé une nouvelle approche de la chose publique : Utopia Station, conçue par Molly Nesbit,Hans Ulrich Obrist et Rikrit Tiravanija, dont la première « station » s’est constituée à la Biennale de Venise en 2003, La chose publique – Atmosphères de la démocratie, conçue par Bruno Latour et Peter Weibel pour le ZKM de Karlsruhe, la même année. Leur ampleur, le nombre de participants impliqués et la continuité de cette implication collective, leur ambition en font de « grandes machines » d’un genre inédit. Le propos des organisateurs dans les deux cas était de renouveler l’économie de l’exposition elle-même –concevoir un dispositif plutôt qu’un espace, une structure actualisable au gré des circonstances (Utopia Station), ou au contraire renouer avec la logique du spectacle pour éprouver la résistance de la notion de « représentation » (La chose publique). Il est remarquable qu’aucune de ces deux expositions n’ait été accueillie en France : il semble toujours difficile d’admettre, dans ce pays de vieille culture politique, que l’exposition puisse constituer un espace légitime de réflexion collective autour d’enjeux aussi considérables que « l’utopie » ou « la représentation ». Ou qu’un philosophe puisse risquer sa réflexion dans une expérience d’agencement collectif des objets, des espaces, des parcours et des événements qu’est une exposition, autrement que sur un mode illustratif. Ou que des artistes, nourris des expérimentations menées dans les années 70, puissent chercher à rénover les formes de la critique institutionnelle et de la créativité politique.
Aujourd’hui, deux ans après la clôture de Making things public et tandis qu’ Utopia Station poursuit ses pérégrinations à travers le monde, où en sommes-nous ?
À l’heure du franchising des musées d’art contemporain et de la multiplication des biennales au gré des nouvelles concentrations capitalistes, de grandes expositions expérimentales et critiques au sein des institutions sont-elles encore imaginables ? sont-elles même pertinentes ? Ou peut-on penser que l’atonie des débat politiques, la délimitation de plus en plus incertaine de l’espace public et la démonétisation de la parole des experts rendent plus urgente encore l’exposition comme expérience des idées ? La discussion est ouverte.
UTOPIA STATION
Biennale de Venise 2003, Francfort, Poughkeepsie, Munich, Porto Alegre…
Molly Nesbit,Hans Ulrich Obrist et Rirkrit Tiravanija
L’utopie a-t-elle disparu de notre horizon ? c’est en partant du constat que l’utopie, le désir « d’imaginer la totalité comme différente » pour reprendre les termes d’Ernst Bloch, se trouve aujourd’hui discréditée que Molly Nesbit, Hans Ulrich Obrist et Rirkrit Tiravanija ont inventé UTOPIA STATION : moins une exposition itinérante à géométrie variable, les Stations Utopie, impliquant aujourd’hui, au fil des séminaires, recontres, expositions, publications, conférences, plus de 300 artistes, architectes, théoriciens, écrivains et performers, toutes générations confondues, qu’une machine ou un dispositif pour catalyser autour d’un mot trop rarement prononcé, « utopie », la créativité collective : « Utopia Station ne requiert aucune architecture pour exister, une simple rencontre, une réunion suffisent » annoncent ses concepteurs. C’est à la Biennale de Venise en 2003 qu’a été mise à l’épreuve la première version du dispositif UTOPIA STATION que décrit en ces termes Liam Gillick, l’un de ses organisateurs : « ça commence par une longue plate-forme basse, un peu dance –floor, un peu scène de théâtre, un peu quai de gare ou de port. Sur l’un des deux côtés de cette plate-forme, une rangée de larges bancs circulaires, d’où vous pouvez regarder le mouvement qui anime la plate-forme ou lui tourner silencieusement le dos, ou encore traiter le cercle comme une source abondante de conversation. Chaque banc peut accueillir dix personnes. Les bancs circulaires sont portables, on peut choisir de les disposer en ligne comme une rangée de grosses roues. De l’autre côté de la plate-forme, un long mur s’élève, il est percé de plusieurs portes. Certaines de ces portes vous mènent de l’autre côté du mur. D’autres ouvrent sur de petites salles dans lesquelles vous verrez des projections et des installations. Le mur s’enroule autour des salles et les relie de manière à former une longue structure irrégulière. Au-dessus de cette structure flotte un toit suspendu par des câbles à la voûte de cette caverne gigantesque qu’est le vieil entrepôt situé tout au bout de l’Arsenal de Venise. À l’extérieur de l’entrepôt, un jardin à l’abandon. La Station y dégorge son activité et l’envahit.
La Station elle-même sera remplie d’objets, de quasi objets, de peintures, d’images, d’écrans. Autour, une multitude de bancs, de tables, de petites structures trouvent leur place. Dans la Station on pourra prendre un bain ou se poudrer le nez. En d’autres termes la Station devient un lieu où se poser, contempler, écouter et voir, se reposer et se rafraîchir, paler et échanger. Car elle sera complétée par la présence des gens et le programme des événements. Performances, concerts, conférences, lectures, projections de films, fêtes, les événements se multiplieront. Tout autant que les corps solides qui y trouvent place, les gens et les événements définissent la Station. Mais toutes sortes de choses vont continuer à s’ajouter à la Station au fil de l’été et jusqu’à la fin [de la Biennale]. Les gens y laisseront des choses derrière eux, en emméneront d’autres, reviendront ou n’y remettront plus jamais les pieds. Il y aura toujours des gens qui voudront y laisser trop de choses, et d’autres qui ne sauront pas quoi y laisser ni quoi y dire. Autant de défis pour avoir monté Utopia Station au cœur d’une grande exposition d’art.Mais aussi autant d’effets imprévisibles (Carsten Höller a cherché à aller au-devant d’eux), de tournants où quelque chose qui manquait devient quelque chose en trop. Pour Höller, l’incertitude produite par la différence entre ces deux « quelque chose », est tout aussi significative que n’importe quelle idée de l’utopie. Ces tensions, nous les accueillerons comme nos hôtes ».
Sites internet :
http://www.e-flux.com/projects/utopia/
http://site.voila.fr/dalbera/venise_2003/biennale/arsenal/invites_utopie.htm
http://www.fehe.org/index.php?id=265
http://www.hausderkunst.de/new/deutsch/ausst/ausst_pages/utopia_e.php
LA CHOSE PUBLIQUE-ATMOSPHERES DE LA DEMOCRATIE
(ZKM, Karlsruhe, 20.03 – 03.10.2005) Bruno Latour, Peter Weibel.
« La motivation principale d’une telle entreprise, précise en 2005 Bruno Latour, est que nous nous trouvons dans une époque politiquement décourageante. C’est justement dans un moment pareil qu’il est bon de prendre un nouveau départ ». Déployée sur une surface de 2500 m2 au ZKM de Karlsruhe, Making things public- Atmospheres of Democracy est l’une des plus ambitieuses expositions conçues en Europe depuis Les Immatériaux conçue et organisée en 1985 au Centre Pompidou par Jean-François Lyotard. Résolument high –tech, mélant interventions d’artistes et de chercheurs, documents et œuvres, l’exposition, une « installation d’installations », se veut une contribution « à l’écriture d’une constitution efficace pour l’Europe », une approche concrète non pas simplement de la démocratie représentative, mais de toutes les autres formes de représentation :
« L’idée centrale de l’exposition est que la politique tourne d’abord autour de choses —comme l’indique d’ailleurs fort bien l’étymologie, il est vrai un peu oublié, de République (res-publica). La politique n’est pas seulement une sphère, une profession, une occupation, c’est bien plus un certain type de souci portant sur les « causes », les « affaires » dont chacune demande une forme particulière d’attention publique. Le public n’est pas donné une fois pour toutes, il ne s’agit pas du peuple souverain représenté par ses élus officiels et incarné par l’Etat. Au contraire, il faut faire émerger un public, selon les termes de John Dewey, pour chaque nouvelle « cause » ou « chose ». La question que nous voulons soulever […] est celle-ci : « Que se passerait-il si la politique ne tournait plus autour des humains mais des états de choses controversées ? ».C’est en ces termes que Latour invite le visiteur à entrer dans l’atmosphère invisible et pourtant palpable (quasi synesthésique) de l’exposition :
« Dans cette exposition, vous êtes conviés à expérimenter la matière politique en gardant l’esprit ouvert sur ce qu’est l’objet réel de la politique. Comme vous le découvrirez tout au long de cette visite, la vie publique n’est peut-être pas tant une question d’opinion et de position qu’une certaine façon de se relier aux choses —aux choses rendues publiques.
Vous êtes invités à tracer votre chemin dans cette vaste installation d’installations dont chacune a été conçue spécifiquement pour cette manifestation. Il ne s’agit pas exactement d’une exposition d’art et pas non plus bien sûr d’une manifestation politique. C’est plutôt une assemblée d’assemblées.
Nous voudrions que vous vous posiez la question : « Sommes-nous bien représentés ? » mais en pesant simultanément trois des sens du mot représentation : en science, en art et en politique.
L’exposition est partagée en quatre zones dont chacune correspond à une question que vous êtes invités à explorer à votre guise :
-D’autres civilisations et d’autres périodes de l’histoire ont imaginé beaucoup de façons différentes de composer le corps politique. Que pouvons-nous apprendre d’elles ?
-Il y a bien d’autres formes de parlements que celles de l’espace politique proprement dit : les laboratoires, les églises, les systèmes techniques, les supermarchés, les tribunaux, les écosystèmes. Quelles sont les assemblées légitimes qui correspondent à ces assemblages officieux ?
- Les parlements officiels ne forment qu’un type d’assemblées parmi d’autres. Est-il possible de comparer leurs techniques de représentation à toutes les autres assemblées réunies dans cette manifestation ?
-Beaucoup de gens ont perdu l’espoir d’être bien représentés par les instances politiques. Après ce parcours dans les diverses techniques de représentation disponibles aujourd’hui quelles nouvelles options s’ouvrent à nous ?
Attention : au cours de la visite, vous serez entourés constamment par l’effet de vos actions sur tous les autres visiteurs passés et présents. Grâce à une œuvre numérique très innovante —le Fantôme du Public—, vous pourrez vous sentir influencés par le climat changeant et fragile des questions politiques. Le Fantôme du public : c’est vous plus l’esprit, l’atmosphère, de tous les autres.
Bonne visite dans cette Chose publique ».
Bruno Latour, Introduction in Making Things Public - Atmospheres of Democracy, Bruno Latour and Peter Weibel édit.,
MIT Press & ZKM Karlsruhe, 2005.
Sites internet :
http://makingthingspublic.zkm.de
http://www.bruno-latour.fr/expositions/002_parliament-fr.html
Contacts :
Patricia Falguières
Nicolette Delanne
delanne AT ehess.fr
Tél : 01 53 63 51 38
ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES,
Centre de sociologie du travail et des arts
105 Boulevard Raspail, 75006 Paris
Zahia Rahmani
Responsable du programme « Art et mondialisation », Département des études et de la recherche,
INSTITUT NATIONAL D’HISTOIRE DE L’ART
2 rue Vivienne -75002 paris
01 47 03 89 61 – 06 86 92 83 14
Expolitiques. Two Shows in Discussion, a Debate at the EHESS, Paris
Two shows in discussion : Utopia station and Making things public. A Debate at the Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales Paris.
Bruno Latour, Molly Nesbit, Hans Ulrich Obrist,
in discussion with Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Eric Alliez, Claire Fontaine, Yona Friedman, Jacques Rancière, Nasrine Seradji, Immanuel Wallerstein, Yan Thomas, Corinne Diserens, Anton Vidokle, Claire Bishop, Bernard Blistène, Jean-Luc Moulène and others to be announced.
Saturday, March 17, 10h00 – 17H00.
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
Amphitheatre, 105 bd Raspail, 75006, Paris
T : (00.33) (0)1 53 63 51 38
http : // www.ehess.fr
http : // www.inha.fr
Over the last years two super- size shows have proposed a new approach to the « public thing » or res publica : Utopia Station, created by Molly Nesbit, Hans Ulrich Obrist and Rirkrit Tiravanija whose first station appeared at the Venice Biennial 2003, and Making things public- Atmospheres of Democracy conceived by Bruno Latour and Peter Weibel for the ZKM in Karlsruhe in 2005. Their size, the unusual number of their participants, and their dedication to the long term, not to mention the range of their preoccupations, give these « huge machines » the ambition of reworking not only the exhibition display itself, but the very idea of representation.
Did utopia slipped out of our sight ? Beginning with Ernst Bloch’s statement that « Utopia, the word has been discredited, but utopian thinking had not », Nesbit, Obrist and Tiravanija created Utopia Station as a way –station, a conceptual structure involving by now more than 300 artists, architects and theoreticians from all generations : an experiment in creating a collective process of creativity around a word.
Making things public, displayed all through the ZKM, has been among the most intellectually far-reaching shows since 1985, whn a new benchmark was set by Les Immatériaux at the Centre Pompidou by French philosopher Jean François Lyotard in 1985. Now philosopher Bruno Latour has chosen a resolutely high tech mix of works by artists and theoreticians coming from a whole range of intellectual backgrounds, from science and sociology to political theory. They have proposed an « assembly of assemblies » so that, much like a fair, visitors can compare the different types of representation ». This « installation of installations » wants to be a contribution to a new constitution for Europe and a « store of aids for the invalids who have been repatriated from the political frontlines ».
Today time has come to take stock of these two controversial shows . This discussion in an institution dedicated to the social and political sciences, the EHESS, will combine forces to debate the topics of utopia and representation in the very moment « political frontlines » are being drawn afresh.
- [Athena] Annonce 17 mars, Patricia Falguieres, 03/14/2007
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