Bonjour à tous,
La Maison européenne des sciences de l'homme et de la société (MESHS
USR 3185, Lille), consacre son deuxième Printemps des SHS (SHS 2.0 :
Objets et pratiques numériques) au thème du numérique. Elle se propose
de mener une réflexion sur ce qui apparaît à certains comme une
révolution. Dans quelle mesure l'informatique (l'ordinateur, pour ne
citer que cette machine numérique) intervient-elle dans les processus
de recherche ? Jusqu'où les objets d'étude eux-mêmes s'en trouvent-ils
modifiés, voire redéfinis ? Dans quelle mesure aussi, et pas seulement
au sein des seuls champs disciplinaires des sciences de l'homme et de
la société, le numérique réorganise-t-il certains aspects de nos
pratiques sociales et culturelles ?
Questions de recherche scientifique donc, mais aussi et très
généralement, questions de société.
Présentation intégrale et programme ci-dessous :
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SHS 2.0 : Objets et pratiques numériques
Printemps des sciences humaines et sociales 2010
MESHS - Maison européenne des sciences de l'homme et de la
société - Lille Nord de France
La MESHS organise un mois de
manifestations (séminaires, tables rondes, conférences) sur le
thème du numérique et des SHS.
Présentation
L'importance croissante des données numériques et de leur
échange (qu'il s'agisse d'images, de textes, de vidéo, de musique
ou de quelque autre « data ») a donné à l'ordinateur
individuel, ou au serveur de données, une place prépondérante dans
l'économie de la recherche, tout comme dans notre rapport individuel
à l'information et au savoir. Sans micro-ordinateur, point de salut.
Après avoir bénéficié de l'aide à l'écriture par le biais du
traitement de texte, le chercheur dispose aujourd'hui d'un outil de
traitement du savoir. Cet outil ordonne, classe, échange, propose,
parfois impose des formats. Le numérique est un fait, il remodèle
le paysage du savoir, de son apprentissage et des méthodes qui y
donnent accès.
Devant notre écran, nous croyons disposer d'un
assistant ; d'aucuns pensent que nous avons trouvé un maître
(un maître autoritaire) car son action est parfaitement diffuse et
continue, parfois tellement omniprésente qu'elle en devient presque
invisible et finalement naturelle. Pour avoir sur lui un semblant de
maîtrise, il a fallu apprendre des gestes (utiliser des menus,
enregistrer, se connecter, envoyer un courriel, ouvrir et
redimensionner une image) comme on a appris jadis à lire, compter ou
écrire. La pratique de l'outil, si alerte soit-elle, ne nous
renseigne cependant pas sur sa nature technologique ou son mode de
fonctionnement. Nous utilisons une technique, peut-être même un
savoir, si l'on considère que l'informatique est fille des
mathématiques, sans toutefois le connaître (à moins d'être
informaticien) pour faire progresser ou soutenir le nôtre. Que
devons-nous donc penser de cette nouvelle interdépendance des
savoirs ?
La Maison européenne des sciences de l'homme
et de la société (MESHS), en consacrant son deuxième Printemps des
SHS au thème du numérique, s'est proposé de mener une réflexion
sur ce qui apparaît à certains comme une révolution. Dans quelle
mesure l'informatique (l'ordinateur, pour ne citer que cette machine
numérique) intervient-elle dans les processus de recherche ?
Jusqu'où les objets d'étude eux-mêmes s'en trouvent-ils modifiés,
voire redéfinis ? Dans quelle mesure aussi, et pas seulement au
sein des seuls champs disciplinaires des sciences de l'homme et de la
société, le numérique réorganise-t-il certains aspects de nos
pratiques sociales et culturelles ?
Questions de recherche
scientifique donc, mais aussi et très généralement, questions de
société.
Si les sciences humaines et sociales (SHS) ne sont
pas à l'origine des conceptions informatiques, ni peut-être
d'ailleurs d'une réflexion structurée sur les moyens et les fins de
l'outil numérique, elles sont aujourd'hui requises à bien des
égards pour instruire cette enquête. L'informatique s'est
introduite dans leurs champs disciplinaires : les SHS ont en
retour à en produire une épistémologie. Par exemple,
l'automatisation du calcul (c'est ainsi que l'on définit très
généralement l'informatique) donne lieu à des programmes qui se
présentent sous forme de textes lus, interprétés, compilés et
exécutés par une machine (à laquelle étrangement, parfois, on
compare le cerveau) et en cela relèvent aussi de l'histoire des
signes. S'il s'agit là sans conteste d'un nouveau langage, nous
devrons nous demander si nous sommes, pour autant, face à un nouveau
savoir. Le paysage technologique s'est rempli d'objets aux noms
énigmatiques. Qui sait ce que signifie « DVI »,
« jpeg », « mpeg », « mp3 »,
« VGA » ? Des noms, pourtant, tôt ou tard
rencontrés. Sait-on que derrière un tel acronyme est décrit un
groupe de travail, une norme qui garantit certaines règles
d'utilisation et de fabrication ? L'enjeu est important :
il s'agit de la lisibilité et de la pérennité de nos archives. Il
est donc « documentaire », et au-delà, « mémoriel ».
Le droit voit aussi certaines de ses catégories remises en cause.
L'illustration en fut manifeste lors de la controverse sur le projet
de loi Hadopi. Si la tendance générale est à la dématérialisation
des documents, leur échange et surtout leur identification posent de
nouveaux problèmes en matière de propriété individuelle et
collective. Enfin, si la société des hommes s'est structurée
traditionnellement par la résistance de l'espace et du temps (comme
on parle de celle des matériaux), l'usage exponentiel du réseau,
abolissant les distances et parfois brouillant les repères
temporels, ne peut manquer d'interpeller sociologues, psychologues,
économistes ou philosophes, et permet aux artistes de jouer avec de
nouvelles formes d'ubiquité.
En réunissant des chercheurs
d'horizons divers, le Printemps des SHS 2010 entend nourrir une
réflexion interdisciplinaire qui rompe avec des questionnements
souvent sectoriels sur des pratiques et des objets pourtant
omniprésents.
1 - L’informatique : une nouvelle écriture pour un nouveau
savoir ?
1.1 -
Émergence et situation du numérique
Conférence
inaugurale / lundi 8 mars 2010 / 18h-20h / MESHS - Espace Baïetto /
2 rue des canonniers - Lille.
L’écriture, celle des ordinateurs
et des réseaux, est fondée sur le code (dont le plus connu est
ASCII). Il permet de transformer de très diverses données en
passage ou absence de passage du courant électrique dans la machine,
passage/non passage que nous symbolisons par deux chiffres : 1 et 0.
Désormais, les textes, les nombres, les calculs mathématiques, mais
aussi les arts et pratiques de l’image, les sons de la musique, la
et les monnaies, qui utilisaient des supports différents, se voient
tous rapportés au même procédé d’écriture qui encode les
données entrées dans l’ordinateur en nombres binaires — puisque
la machine ne connaît que deux signaux « passage» et « non
passage » du courant. En créant ainsi un nouvel univers
sémiologique, l’écriture informatique a bouleversé nos pratiques
et pourrait bien avoir modifié notre rapport au monde et au savoir,
en déterminant nos façons de penser. Ce sont ces rapports entre
écritures et pensée que s’attache à étudier le dernier ouvrage
de Clarisse Herrenschmidt, dont elle viendra nous présenter les
principales conclusions.
• Clarisse Herrenschmidt,
Chargée de recherche en anthropologie au CNRS (laboratoire
d’anthropologie sociale, Collège de France, EHESS), auteur de :
Les trois écritures (Paris, Gallimard, 2007).
Séance introduite par Bruno
Ambroise, Chargé de recherche en phosophie au CNRS (laboratoire
CURAPP-ESS, Université de Picardie) ; responsable scientifique à la
MESHS.
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1.2 - Informatique
entre pratiques et savoirs
Table ronde / Jeudi
11 mars 2010 / 17h-20h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des
canonniers - Lille.
Dire que l’informatique s’inscrit
dans l’histoire du langage et de l’écriture, c’est l’inscrire
dans la trame du vecteur par excellence de la connaissance. Si des
débats récurrents interviennent pour savoir si, au même titre que
l’écriture, l’informatique est le bon outil pour transmettre de
la connaissance, bien peu s’interrogent encore sur la possibilité
que l’informatique elle-même, en tant qu’elle constitue un objet
particulier, puisse constituer un nouveau champ de connaissances
propres. Elle peut certes être comprise comme une automatisation des
raisonnements menés dans les systèmes formels, qui l’apparentent
en ce sens à une opération d’ordre logico-mathématique. Or on ne
dénie pas aux mathématiques le statut de science. Mais le
reconnaît-on à l’informatique ? Ne peut-on pas considérer
qu’elle synthétise des actes cognitifs ou, du moins, qu’elle
décrit quelque chose du monde ? Tel sera l’objet central des
réflexions de cet échange.
• Bruno Bachimont, Maître de
conférences en logique, philosophie et ingénierie des connaissances
et des documents à l’Université de Technologie de Compiègne
(laboratoire Heudiasyc), Directeur scientifique de l'Institut
national de l'audiovisuel (INA).
• Gérard Berry,
Directeur de recherche à l’INRIA, titulaire au Collège de France
de la chaire informatique et sciences numériques 2009-2010 (Collège
de France - INRIA).
• François Sebbah, Maître de
conférences en philosophie à l’Université de Technologie de
Compiègne (laboratoire COSTECH) et directeur de programme au Collège
international de philosophie.
• Jean-Paul Delahaye,
Professeur d'informatique à l’Université Lille 1 (laboratoire
d’informatique fondamentale, LIFL).
Séance introduite et animée par
Pierre Cassou-Noguès, chargé de recherche en philosophie au
CNRS (laboratoire STL, Université Lille 3).
2 - La norme, le droit et la
régulation
2.1 - La norme
technique et la régulation / De quoi JPEG est-il le nom ?
Table ronde / Mardi
16 mars 2010 / 17h-20h / Amphithéâtre Euratechnologies / 16 avenue
de Bretagne - Lille.
Toute communication a besoin de
normalisation pour que le message envoyé atteigne ses destinataires
et soit compris d’eux. La norme est aussi ancienne que la
communication, comme en témoigne l’écriture, dont on peut dire
qu’elle est une norme de transcription du langage. La norme est
omniprésente dans le numérique, sous des formes variées comme en
attestent de multiples acronymes : ASCII, mpeg, jpeg, mp3, USB, DVI,
VGA…
Les normes naissent, se concurrencent et meurent. Elles
naissent pour répondre à un besoin, le stockage efficace de la
musique ou des textes, par exemple, ou les besoins de transfert
d’informations entre ordinateurs. Elles se concurrencent, une norme
en supplantant d’autres pour servir de référence : le jpeg est
devenu le standard pour la manipulation des photos, le mp3 pour le
codage de la musique. Elles meurent quand l’évolution
technologique les rend obsolètes, c’est ainsi que les transferts
parallèles ont été supplantés par les transferts USB. Les normes
font enfin l’objet d’enjeux techniques, économiques, politiques
et financiers : celles relatives à la nouvelle génération de DVD,
par exemple, sont un instrument de concurrence entre firmes
d’électronique.
Cette rencontre sera l’occasion d’analyser
le rôle d’organismes publics ou privés dans la construction, la
diffusion et la pérennisation de ces normes. Elle interrogera le
mode de constitution des consortiums, leur fonction de régulation,
et analysera les problèmes posés par la concurrence, comme les
vertus ou les risques associés à la domination d’une norme.
• François Horn, Maître de
conférences en économie à l’Université Lille 3 (laboratoire
CLERSÉ).
• Jacques-François Marchandise, Directeur de
développement à la Fondation internet nouvelle génération
(Fing).
• Marius Preda, Professeur associé à l’Institut
national des Télécom, Sud-Paris.
• Vincent Quint,
Directeur de recherche à l’INRIA (Grenoble), membre du Advisory
Committee du World Wide Web Consortium (W3C).
Séance introduite et animée par
Hubert Jayet, Professeur d'économie à l’Université Lille
1 ; Directeur du laboratoire EQUIPPE ; responsable scientifique à la
MESHS.
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2.2 - Le droit /
Quel modèle économique de la propriété pour internet ?
Conférences /
Jeudi 18 mars 2010 / 18h-20h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des
canonniers, Lille.
Depuis plusieurs années, le
développement des nouvelles technologies vient bousculer un droit de
la propriété intellectuelle qui, dans le même temps, est de plus
en plus sollicité. En permettant la reproduction à l’infini
d’œuvres numérisées, en rendant possible leur circulation tous
azimuts, informatique et Internet mettent à mal l’idée d’une
propriété stable et incontestée. La propriété intellectuelle se
trouve alors confrontée à l’une de ses contradictions
fondamentales : consacrer des droits au sujet d’objets immatériels.
Par ailleurs, son application à la création informatique n’est en
rien évidente.
Les nouvelles technologies rendent ainsi
nécessaire une réflexion sur l’émergence de nouveaux modèles de
propriété. Elles conduisent à repenser les règles et les
institutions mais aussi les moyens techniques grâce auxquels le
droit est efficace. Elles invitent enfin à s’interroger sur la
possibilité d’une propriété dans un espace virtuel.
• Philippe Aigrain, Directeur
de la société Sopinspace, auteur de Internet et création,
édition en ligne, In Libro Veritas, 2008.
• Marie-Alice
Chardeaux, Maître de conférences en droit à l’Université
Paris 12, auteur de: Les Choses communes, L.G.D.J., 2006.
Séance introduite et animée par
Bastien Sibille, Chercheur en sciences politiques, associé au
CERAPS (Université Lille 2) ; coordonnateur de l’Association
Internationale du Logiciel Libre.
3 - Le document et l’immatériel
3.1 - Les
humanités numériques / digital humanities
Séminaire et
conférence / Lundi 22 mars 2010 / 15h - 20h / MESHS - Espace
Baïetto / 2 rue des canonniers - Lille.
> Séminaire
(ouvert au public) / 15h-18h
L’intensification des usages
des technologies de l’information et de la communication
bouleversent les sciences humaines et sociales. Si ces pratiques
constituent un terrain d’enquête et d’analyse, elles rencontrent
également celles des chercheurs en SHS. Avec le développement du
micro-ordinateur et avec l’essor d’Internet, de nouvelles
possibilités techniques sont mises au service de la recherche et
redéfinissent en même temps les manières de faire, voire
transforment les communautés savantes elles-mêmes.
Ce constat
est au cœur des Digital Studies qui se développent outre-Atlantique
depuis plus d’une dizaine d’années et dont le but est d’intégrer
les nouvelles technologies aux pratiques de recherche et
d’enseignement en SHS. Les humanités numériques jouent désormais
un rôle fondamental dans la constitution et la conservation des
données ; elles transforment le rapport aux sources, dont la
démultiplication nécessite de nouveaux modes de critiques. L’usage
des nouvelles technologies intervient également dans la production
des connaissances, qu’il s’agisse d’analyse textuelle, de
système d’information géographique ou de simulation statistique.
Enfin, les humanités numériques jouent aussi un rôle important
dans la diffusion des savoirs. L’émergence de l’édition
électronique transforme l’économie de l’argumentation mais
aussi les modes de validation des connaissances.
• Marin Dacos, Directeur du
Centre pour l’édition électronique ouverte (Cléo).
• Renaud
Limelette, chef de projet du portail Fontes Historiae Iuris,
Centre
d'Histoire Judiciaire, Faculté de droit, Université Lille
2.
• Cynthia Pedroja, Chargée des ressources
documentaires numériques à la MESHS.
• Stéphane Pouyllau,
Responsable du pôle Digital Humanities au TGE Adonis et du
Centre national pour la numérisation de sources visuelles (CN2SV).
La séance sera introduite et menée
par Gabriel Galvez-Béhar, Maître de conférences en histoire
à l’Université Lille 3 (laboratoire IRHiS) ; responsable
scientifique à la MESHS.
> Conférence
/ 18h30 - 20h
• Emmanuel Hoog, Directeur de
l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
Conférence introduite par Fabienne
Blaise, Professeur de littérature grecque à l’Université
Lille 3 (Laboratoire STL), Directrice de la MESHS.
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3.2 - Le Web
sémantique : traitement universel des langues et des images ?
Séminaire / Jeudi
25 mars 2010 / 15h-18h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des
canonniers - Lille.
Après le web 1.0 et ses pages
statiques, le web dit « 2.0 » et ses pages dynamiques, sa
dimension collaborative et ses réseaux sociaux, le web de demain
sera-t-il sémantique ?
L’enjeu de cette mutation est de taille
et mobilise les acteurs du web dans leur ensemble : producteurs de
contenu, instances de régulation internationale (W3C), mais
également chercheurs dans des domaines aussi variés que
l’informatique, l’intelligence artificielle, le traitement
automatique des langues, l’ingénierie des connaissances, et la
recherche d’information.
En effet, la clé de cette mutation est
l’accès au savoir contenu dans les pages web, afin que soient
associés aux documents des concepts hiérarchisés (ontologies) et
des métadonnées (données sur les données). Ainsi, face à une
requête contenant le mot « Poutine », un moteur de recherche
distinguera dans ses réponses : des documents politiques sur «
Vladimir Poutine », ou des recettes de cuisine, la poutine étant un
plat québécois (entre autres) composé de frites et de fromage
recouverts de sauce barbecue.
Peut-on transformer le texte des
pages web en information, et l’information en savoir, y compris
dans plusieurs langues ? Comment mettre au point des ontologies
universelles ? Quelles applications concrètes peut-on en attendre ?
Que fera-t-on de cette masse de savoirs hétérogènes ?
Ces
questions seront abordées sous la forme d’un séminaire ouvert au
public, mais également tourné vers les entreprises innovantes et
les étudiants.
• Antonio Balvet, Maître de
conférences en linguistique à l’Université Lille 3
(laboratoire STL)
• Thierry Poibeau, Chargé de recherche
en informatique au CNRS (Laboratoire LaTTiCe, Université Paris 13)
•
Manuel Zacklad, Professeur titulaire de la chaire «
Expressions et cultures au travail » du Conservatoire national des
arts et métiers (CNAM, Paris), et chercheur associé à l’Université
de Technologie de Troyes (équipe Tech-CICO).
La séance sera introduite et menée
Antonio Balvet.
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3.3 - Histoire de
la pensée modélisée
Conférences /
Jeudi 25 mars 2010 / 18h-20h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des
canonniers - Lille.
Les techniques numériques occupent
une place privilégiée dans les recherches scientifiques sur les
phénomènes mentaux. À la suite des premiers travaux de Turing, les
chercheurs en sciences cognitives ont massivement adopté l’idée
que l’esprit pouvait adéquatement être comparé à un logiciel
dans le cerveau et que le fonctionnement du cerveau pouvait être
pensé sur le modèle des ordinateurs. Nombreux sont pourtant ceux
qui soupçonnent aujourd’hui qu’un tel « paradigme
computationnel » laisse quelque chose de côté. Ils proposent
d’abandonner la comparaison de l’intelligence humaine à celle
d’un ordinateur et de prendre au sérieux l’idée qu’elle est
un phénomène essentiellement biologique.
L’abandon du modèle
computationnel n’exclurait pourtant pas les techniques numériques
des laboratoires qui étudient l’esprit humain. Indépendamment de
la manière dont on se représente le fonctionnement de
l’esprit, on sait aujourd’hui repérer des corrélations entre
les activations cérébrales d’un sujet et certaines de ses pensées
ou des ses actions à venir. Si elles ont déjà des applications
thérapeutiques impressionnantes, ces techniques de détection de
pensée menacent de bouleverser notre rapport à l’intimité
psychique et posent des problèmes éthiques fondamentaux.
• Jean-Michel Roy, Maître de
conférences en philosophie à l’ENS-LSH, Lyon.
• Laurent
Pézard, Professeur de neurosciences à l’Université de
Provence (laboratoire de neurosciences intégratives et adaptatives,
LNIA).
Séance introduite et menée par
Alexandre Billon, MaÎtre de conférences en philosophie à
l’Université Lille 3, (laboratoire STL).
4 - Accès, interactivité et réseaux sociaux
4.1 -
Politiques d’accès, réseaux sociaux et contenus participatifs
Conférences /
Mardi 30 mars 2010 / 18h-20h / MESHS - Espace Baïetto / 2 rue des
canonniers - Lille.
Internet, les TIC et le numérique ont
entraîné une profonde remise en cause des anciens équilibres entre
savoirs académiques et productions industrielles. Dans nos «
sociétés de connaissance », les processus d’innovation mêlent
de plus en plus des compétences internes et externes aux
laboratoires de recherche et développement (R&D), où
l’innovation devient le fruit d’interactions entre des acteurs
nombreux et variés : les firmes, les laboratoires académiques, les
pouvoirs publics, les financiers, les clients ou les
utilisateurs.
Les outils du Web 2.0 (i.e. l’Internet de deuxième
génération), plus rapide grâce aux hauts débits et plus
participatif avec les blogs, les vidéos en ligne et autres nouvelles
applications accélèreront-ils l’évolution de ces possibilités
de participation citoyenne dans le débat public, de la création de
nouvelles relations entre les décideurs et les acteurs de la société
civile, de nouveaux services publics plus innovants et porteurs de
valeur ajoutée pour les citoyens et les entreprises ?
La
citoyenneté n’est plus seulement ici une question de diffusion des
connaissances savantes constituées (cf. les politiques de « public
understanding of science » ou de « culture scientifique et
technique »). Elle implique également l’accès de chacun à la
production de savoirs et aux décisions sur l’orientation des
recherches et des innovations qui façonnent notre monde. Comment
partager, non plus une science déjà faite, mais une science en
devenir ?
En instaurant de nouveaux rapports entre industries de
contenus, industries médiatiques et industries techniques, la «
convergence numérique » affecte variablement les anciennes filières
du secteur culturel. En même temps que des industries comme le
cinéma, la radio, la télévision ou le disque sont touchées de
plein fouet par la numérisation, un « nouveau paysage numérique »
se dessine sous nos yeux, qui évolue sans cesse (changements de
formats, de supports ou de diffusion). Ces nouveaux réseaux et
nouvelles formes de distribution culturelle (télévision numérique,
téléchargement, peer to peer...) représentent-ils de grandes
menaces ou des perspectives attrayantes pour l’économie
traditionnelle des contenus ?
Dans ce contexte, il s’agit, d’une
part, d’inventer les nouveaux produits et usages sociaux de «
dispositifs et services médiatiques » non encore stabilisés,
notamment dans le domaine de l’audiovisuel numérique et des médias
interactifs. D’autre part, une approche en termes de médiacultures
ou de cultures médiatiques doit ici être mise en œuvre, qui soit
particulièrement attentive à la redéfinition croisée des
configurations techniques et des cadrages sociaux de ces nouveaux
médias.
L’innovation consiste désormais à considérer que
l’offre et la demande ne préexistent pas à la coordination. Nous
interrogerons ces mutations des politiques d’accès, leurs nouveaux
réseaux et contenus participatifs, à partir de deux initiatives
originales de création de laboratoires d’un nouveau genre : le
Laboratoire des usages d’Orange Labs et Le Médialab de
Science-Po.
• Dominique Cardon, sociologue au
Laboratoire des usages d’Orange Labs et chercheur associé au
Centre d’étude des mouvements sociaux (CEMS - EHESS).
•
Tommaso Venturini, Coordinateur des recherches Médialab à
l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po).
Séance introduite et animée par
Jean-Paul Fourmentraux, Maïtre de conférences en sociologie
à l’Université Lille 3 (laboratoire GERiiCO), chercheur au Centre
de sociologie du travail et des arts (CESTA - EHESS).
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4.2 -
Démo - monstration et démonstration des dispositifs interactifs
Journée d’étude
/ Vendredi 2 avril / 9h – 20h / Le Fresnoy - Studio national des
arts contemporains / 22 rue du Fresnoy - Tourcoing
Journée
ouverte à tous
> Invité
d’honneur de la journée: Peter Lunenfeld
Cette
journée d’étude est organisée en association avec le programme
de recherche ANR-08-CREA-063 (2009-2011)« Praticables. Dispositifs
artistiques : les mises en œuvre du spectateur », en partenariat
avec l’EnsadLab, Laboratoire de l’École nationale supérieure
des arts décoratifs et du Fresnoy, Studio national des arts
contemporains.
Conception et modération : Samuel
Bianchini, Maître de conférences à l’Université de
Valenciennes, laboratoire CALHISTE) et Jean-Paul Fourmentraux,
Maître de conférences en sociologie à l’Université Lille 3
(laboratoire GERiiCO), chercheur au Centre de sociologie du travail
et des arts (CESTA - EHESS).
Les dispositifs interactifs
nécessitent d’être pratiqués par leur public pour en faire
l’expérience : une expérience aussi bien physique, cognitive,
qu’esthétique. Mais ce partage de la mise en œuvre avec le public
pose de nombreuses questions et convoque de multiples stratégies de
mise en public. Les sciences de l’ingénieur ont pris l’habitude
de créer des démonstrateurs dont les chercheurs font eux-mêmes la
démonstration ou qu’ils testent auprès d’un public plus ou
moins captif. Les arts disposent d’un médium que les sciences
méconnaissent : l’exposition. Mais comment celle-ci peut-elle être
repensée non plus comme l’aboutissement d’une œuvre mais comme
une phase de son expérimentation et de sa réalisation, en prise
avec son public ? Comment, la démonstration, opérée, cette fois,
par le créateur, peut-elle rejoindre le domaine de la performance
artistique, tel que l’annonçait déjà, en 2000, Peter Lunenfeld
dans son célèbre essai : Demo or die ? Si les dispositifs
interactifs artistiques peuvent être vecteurs d’innovation :
comment est-il possible de faire se croiser monstration et
démonstration, valorisation artistique et valorisation
technologique, au profit de chacun de ces domaines ?
Cette journée
d’étude proposera un ensemble de conférences, de débats et de
rencontres avec des artistes et des chercheurs en sciences de
l’ingénieur et en sciences de l’information et de la
communication.
Dans la mesure du possible, un versant pratique
pourrait être associé à cette journée, aussi bien sous l’angle
de « démonstrations-performances » que d’«
œuvres-démonstrateurs ».
• Invité d'honneur de la journée:
Peter Lunenfeld, Professeur au département Design / Media
Arts de l’Université de Los Angeles (UCLA), auteur de : The
Digital Dialectic, Snap to Grid, USER:InfoTechnoDemo, et
The Secret War Between Downloading and Uploading (sous peu).
Il est le créateur et le directeur éditorial du projet MIT Press
Mediawork. http://www.peterlunenfeld.com
• Yves Bernard (sous
réserve), directeur de l’iMAL - Center for Digital Cultures and
Technology – http://www.imal.org.
•
Jean-Louis Boissier, artiste et professeur à l’Université
Paris 8 et auprès d’EnsadLab. Directeur de l’équipe de
recherche Esthétique des nouveaux médias - www.ednm.fr
•
Thierry Dutoit, Professeur et chercheur au TCTS Lab, Faculté
Polytechnique de Mons (FPMs), et coordinateur scientifique de
NUMEDIART, programme de recherche sur les technologies numériques
pour les arts. http://www.numediart.org
•
Laurent Grisoni, Professeur d'informatique à
l’Université Lille 1 et à Polytech’Lille.
• Mieke
Gerritzen, Directrice du Graphic Design Museum, Breda, ancienne
directrice du Sandberg Institute à Amsterdam.
• Hehe :
Helen Evans et Heiko Hansen, artistes.
•
Teleferique (1999 - 2005) : Sonia Marques et Étienne
Cliquet, artistes.
• Koert Van Mensvoort, Professeur
au département de design industriel de l’Université de
technologie d’Eindhoven.
• Tanaka Atau, artiste et
Professeur à l’Université de Newcastle, chaire des «
Digital Media » et directeur du Culture Lab.
--
Frédéric Gendre
Responsable pôle médiation scientifique et communication
Maison européenne des sciences de l'homme et de la société
MESHS - Lille Nord de France
frederic.gendre AT meshs.fr
tel. 03 20 12 28 33
www.meshs.fr
PRINTEMPS DES
SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
édition 2010 : SHS 2.0 Objets et pratiques numériques
8 mars - 2 avril
http://printempsSHS.meshs.fr