Contact : Justine Duchateau
Responsable des Relations Extérieures
tél: + 33 (0)4 77 47 88 05
Ecole supérieure d'art et de design
3, rue Javelin Pagnon
42048 Saint Etienne Cedex 1
« Nous demandons seulement un peu d’ordre pour nous protéger du chaos. Rien n’est plus douloureux, plus angoissant qu’une pensée qui s’échappe à elle-même, des idées qui fuient, qui disparaissent à peine ébauchées, déjà rongées par l’oubli ou précipitées dans d’autres que nous ne maîtrisons pas davantage. »
Gilles Deleuze et Félix Guattari « Du chaos au cerveau » Qu’est-ce que la philosophie ?
Le désir d’ordre que l’on
demande n’est souvent que le désir de suspendre un moment les choses, d’éviter
qu’elles ne deviennent informes et confuses.
Il y a quelque chose dans le
monde qui semble à jamais inatteignable, à jamais insaisissable, quelque chose
qui refuse de se mettre en forme.
Nous voudrions pouvoir
organiser le monde, lui donner un ordre comme nous rangeons notre chambre ou
notre bureau et arrangeons, agençons les objets dans nos espaces de vie.
En somme nous voudrions bien
aménager le monde, nous accommoder de son désordre. Un peu comme ces
personnages de Beckett qui doivent faire face à un monde inorganisé,
déstructuré, sans limite et contours précis, nous faisons un effort pour
ordonner le monde, ordonner au monde.
L’ordre du monde n’est donc
pas une fin en soi, un horizon, c’est la manière dont nous entrons en dynamique
avec lui, dont nous composons avec
lui un peu comme le musicien agence et ordonne une série de sonorité selon une
certaine série et itération pour faire une mélodie ou une mélopée.
Et pourtant, il y a cette
perception inconsciente que le monde a un ordre qui nous échappe et qu’il faut
découvrir à tout prix – un ordre inapparent qu’il faut découvrir et dévoiler en
impliquant un processus de déconstruction, d’analyse, d’explication et de
combinaison.
C’est la mission que nous attribuons au premier abord à la science que de
pouvoir nous donner une perception rigoureuse d’un ordre qui nous échappe. La
science fonctionne comme le destin, elle ne fait que dérouler une logique
implacable qui dessine les contours d’un monde où tout serait à sa place. Cette
vision de la science comme arrangeant les éléments d’un ordre du monde sous
forme de lois scientifiques débouchant sur des objets techniques permet d’agir
en conformité à cet ordre qui nous dépasse.
Comme si l’ordre du monde est
un texte à déchiffrer, à décoder – vieux mythe d’un livre écrit par la nature
dont nous aurions perdu la table des matières, le sommaire et l’index…
Il semble bien que cet
ordre-là ne soit pas suffisant à nous rassurer sur la stabilité des choses et
des êtres et qu’il faille en passer par une autre forme de composition et
d’agencement des choses. Il semble bien qu’il nous faille disposer autrement les choses et les êtres.
La logique formelle des
agencements et des combinaisons des propositions de la science paraît
impuissante à saisir toute une puissance d’inventivité et de création dont la
conscience ne nous est pas évidente. Comme s’il restait toujours une fois
l’ordre établi, l’ordre rétabli (pour employer une _expression_ de politique et
de police) quelque chose qui lui échappe.
Peut-être notre monde
n’est-il pas si disposé et si disponible que cela à l’ordre sinon à croire à la
fixité de nos systèmes de représentation du monde.
Mais peut-être l’ordre du
monde est-il différent du tableau scientifique qui ordonne la position des
éléments du monde entre eux ?
Peut-être l’ordre du monde se
joue-t-il dans une autre organisation, ordonnancement ou agencement des
éléments.
Il serait alors question
d’une autre forme de tableau, celui dont l’art et l’architecture ont dressé les
caractéristiques. Et cette autre forme de l’ordre relèverait alors d’autres
instances que la logique de découverte de structures préexistantes ; elle
relèverait d’une autre forme où il s’agirait de « composer » avec des
éléments épars, éloignés les uns des autres, comme le peintre agence des formes
sensibles colorées distantes les unes des autres pour faire surgir une tenue du
monde ou comme l’architecte agence des formes matérielles sensibles pour consolider une perception d’espace…
C’est donc à des logiques
d’invention et de création que conduit cette autre forme de l’ordre du monde.
Aborder cet autre ordre du
monde, c’est décider de composer avec la possibilité d’inventer et de créer
d’autres mondes.
L’ordre du Monde
Ordonner, agencer, créer
Mardi
10 mai – Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne Métropole
Espace d’exposition et
salle de conférence
14 h : Accueil
14h30 : Ouverture
officielle et introduction aux rencontres
-
Lorand Hegyi, Directeur
Général du Musée d’Art Moderne
-
Emmanuel Tibloux,
Directeur de l’Ecole supérieure d’art et design de Saint-Etienne
-
Martin Chénot, Directeur
de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Saint-Etienne
15h : Visite de
l’exposition « Catalogue »
en présence des commissaires (Jeanne Brun, conservatrice du patrimoine –
responsable des collections du Musée et Emmanuel Tibloux, Directeur de l’Ecole
supérieure d’art et design de Saint-Etienne) et des artistes invités
(Anne-James Chaton, Ambroise Tièche et Valérie Mréjen)
16h : Table ronde –
Artistes invités : Anne-James Chaton, Ambroise Tièche et Valérie Mréjen
19h : Buffet
20h : Concert-lecture
d’Anne-James Chaton (poète sonore) et Andy Moor (musicien)
Mercredi
11 mai – Ecole nationale supérieure d’architecture de Saint-Étienne
9h : Lectures
Béatrice Chatron
-
Textes de Valère
Novarina
Devant la parole - chez
P.O.L. - 1999
L'Espace furieux - chez
P.O.L. - 1997
L'Opérette imaginaire - chez
P.O.L. – 1998
-
Fragments de Eden Eden
Eden, de Pierre Guyotat
Eden Eden Eden - Gallimard - 1970
10h : Table ronde – Philippe
Simay (Philosophe et professeur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture
de Saint-Étienne), Pierre-Albert Perrillat (Architecte et professeur à l’Ecole
nationale supérieure d’architecture de Saint-Étienne), Pierre Hebbelinck
(Architecte), Antoine Vialle (Architecte)
Pourquoi
raconter le processus créatif d'un projet plutôt que de montrer une œuvre aboutie
? Qu'est-ce qui, dans cette
attention au dispositif méthodique bien plus que la seule représentation,
alimente une réflexion- théorique- et une pratique architecturale ou artistique
?
14h : Pratiques
d’atelier : rencontre-échange
avec P. Hebbelinck, les étudiants et les enseignants responsables
d’ateliers -
Comment
organise-t-on les conditions pour constituer des matières à projet ?
19h : Conférence – Atelier de Pierre Hebbelinck & P. de Wit - Méthodologie du sensible
Auditorium (Platine) – Cité
du design / ESADSE
Jeudi
12 mai – Ecole supérieure d’art et design de Saint-Étienne
Auditorium (Platine)
9h30
: Ouverture sur les enjeux plastiques de la thématique – Kader Mokaddem, professeur ESADSE
Préambule
- Ecoute de « Désordre »(1985) extrait des Etudes pour piano de
György Ligeti.
10h :
Conférence / débat avec Paul
Jorion, anthropologue et économiste
Kader
Mokaddem & Jean-Claude Paillasson, professeurs ESADSE
Autour des enjeux de
« Comment la vérité et la réalité furent inventées ».
Le
livre de P. Jorion reconstruit la généalogie de nos modes de connaissances
fondées essentiellement sur une relation à la vérité et à la réalité par le
biais d’une logique du discours. L’ouvrage s’efforce de montrer que notre
rapport au savoir est une construction, voire une fiction, qui s’articule avec
une organisation de notre représentation du monde par le biais d’une
classification particulière des choses et des idées.
14h :
Conférence / débat avec Kobe
Matthys, artiste, fondateur d’Agency
Kader
Mokaddem, professeur ESADSE
Assembly (Traverses) by Agency
Pour cette présentation d’Agency, l'agence
s’occupera d’un élément de sa « liste de choses » résistants aux
classifications usuelles. Cette « liste de choses » est élaborée
depuis la création d’Agency en 1982. La « chose » traitée est indexée
sous le numéro 001038, elle concerne une polémique née en 1996 aux États-Unis
autour d'une taxonomie concernant les procédures de codification et de
procédures médicales.
17
h : Synthèse des journées