[Athena] Séminaires IRSEM Sciences, techniques, armement : IGA Jean Carpentier

[Patrice Bret <patrice.bret AT yahoo.fr>]

Séminaire Sciences, techniques et armement

IRSEM, Ecole militaire, Cour Desjardins (Bâtiment provisoire, 1^er ét., salle 136)

(accès à l’ Ecole militaire par le 1 place Joffre, 75007 Paris)

Métro Ecole militaire

 

En attendant la sortie prochaine de son livre, à l'occasion du Salon du Bourget, nous entendrons

 

Jeudi 9 juin 2011 (17 h – 19 h)

 

Jean Carpentier

(Académie de l'Air et de l'Espace)

 

De 1890 à 2010,

Cent vingt ans d’innovations en aéronautique

 

    La naissance de l’aviation est généralement datée du 17 décembre 1903, avec les vols des frères Wilbur et Orville Wright. Mais il ne faudrait pas oublier les précurseurs qui, au cours du XIXe siècle, ont étudié le vol animal et tenté de l’imiter. Parmi eux, figurent de nombreux Français, tels que Jean-Marie Le Bris qui, en 1856, s’éleva à bord d’un planeur qu’il avait baptisé « Albatros ». Parmi les précurseurs britanniques, il faut citer Sir George Cayley qui, dès 1808, conçut une configuration très proche de celle des avions actuels.

Cependant, on peut considérer l’année 1890 comme marquant l’origine de la technologie aéronautique, grâce aux essais méthodiques de Clément Ader et d’Otto Lilienthal effectués avant les vols historiques des frères Wright, les études d’aérodynamique qu’entreprirent Ludwig Prandtl et Nicolaï Joukovski et les essais en soufflerie de Gustave Eiffel.

 

   De 1890 à 2010, que de recherches et, surtout, combien d’innovations ! Celles-ci furent, bien souvent,  dues à des inventeurs passionnés par le vol du plus-lourd-que l’air, mais aussi à des équipes pluridisciplinaires élaborant des projets nouveaux d’avions, d’hélicoptères ou de missiles.

   Des innovations techniques majeures, mais également des concepts nouveaux, en organisations étatiques ou industrielles et en utilisations opérationnelles. C’est ainsi que l’observation aérienne par avion a changé le cours des évènements en août-septembre 1914, tant en Prusse orientale que sur la Marne. La maîtrise du ciel devint impérative, comme ce fut le cas à Verdun en 1916, et lors du « Blitzkrieg » et de la Bataille d’Angleterre en 1940 ou du débarquement de 1944. Ainsi, les innovations opérationnelles, lors des deux grandes guerres, suivirent de près les innovations techniques et souvent les précédèrent.

Quant à l’aviation de transport, elle a pris son essor, aux Etats-Unis, après la mémorable traversée de l’Atlantique en 1927, par Charles Lindbergh qui fut ensuite un ardent propagandiste du transport aérien. Après la deuxième guerre mondiale, elle bénéficia d’innovations, dont la plus connue est le turboréacteur, mais aussi de combien d’autres, notamment en électronique ! Grâce aux avions de transport à réaction, le trafic aérien a cru à un taux supérieur à la croissance mondiale, à laquelle il a d’ailleurs largement contribué.

A partir de 1950, les hélicoptères firent de notables progrès, grâce aux turbomachines légères et puissantes, ainsi qu’aux recherches sur l’aérodynamique, les matériaux composites et la structure des pales des rotors.

De leur côté, les missiles et la propulsion par fusée ont préparé l’accès à l’Espace, inauguré par le satellite Spoutnik en 1957 qui fut suivi par les véhicules spatiaux avec des cosmonautes soviétiques ou avec des astronautes américains qui triomphèrent en 1969 en se posant sur la Lune. .

   Pour les avions, la course aux performances, en vitesse, en altitude, en charge utile et en rayon d’action s’est poursuivie pendant tout le vingtième siècle. Mais, de plus en plus, la nécessité de concilier l’efficacité opérationnelle avec le comportement environnemental s’est imposée. La devise du Baron Pierre de Coubertin, pour les Jeux Olympiques « Plus, vite, plus haut, plus fort » a pu aussi être valable pour l’aéronautique du XXème siècle. Il convient maintenant d’adopter cette autre devise : « Plus efficace, plus écologique et toujours plus sûr ».

   La réalisation de familles d’appareils ayant un large tronc commun a réduit les coûts ainsi que les délais de production et d’utilisation, tandis que la conception globale par « systèmes » s’est généralisée, grâce à l’emploi des techniques numériques.

   Avions, hélicoptères, missiles et drones deviennent, pour les besoins militaires, des éléments, certes essentiels, de systèmes globaux comprenant trois « segments » : air, sol, espace. Pour les besoins civils, cette conception globale aboutira à l’optimisation du transport aérien, en accroîtra encore l’efficacité et la sécurité, tout en diminuant l’impact sur l’environnement. Elle montre aussi la voie à beaucoup d’applications non aérospatiales.

 

Les nouveaux progrès résulteront d’esprits ouverts à toutes les avancées dans des disciplines variées, comme l’ont montré de brillants innovateurs, français et étrangers, cités dans le présent ouvrage.

 

Innovation et aviation continueront à aller de pair et élargiront toujours davantage le champ des activités humaines qui bénéficient des progrès de la technologie aéronautique.