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[Athena] Appel à contributions : « Situations du déterminisme en sciences sociales »
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- From: Ronan Le Roux <ronan.le.roux AT gmail.com>
- To: athena AT services.cnrs.fr
- Subject: [Athena] Appel à contributions : « Situations du déterminisme en sciences sociales »
- Date: Thu, 19 Dec 2013 14:28:05 +0100
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Appel à contributions :
« Situations du déterminisme en sciences sociales »
La revue Socio (Éditions de la MSH) lance un appel à contributions sur la thématique « Situations du déterminisme en sciences sociales ». Le dossier est coordonné par Ronan Le Roux et Arnaud Saint-Martin. Les intentions de contribution (titre, résumé de deux pages maximum, et bibliographie) doivent être envoyées avant le 20 janvier 2014. Les articles devront être remis pour le 30 avril 2014. ArgumentÉvoquer les « situations » du déterminisme en sciences sociales, c’est d’abord soulever deux questions : celle des localisations et celle de l’état des formes de la causalité dans les sciences sociales. Où en est le déterminisme, et où est-il passé ? Dans l’espace des savoirs, des modèles concurrents peuvent occuper la même place (par exemple, différentes explications sociologiques d’un même fait), tandis qu’un même type de modèle peut occuper plusieurs places (on peut penser, par exemple, à la théorie des jeux, qui s’est diffusée de manière transversale dans plusieurs disciplines). Localiser et caractériser les formes de déterminisme en sciences sociales aujourd’hui implique de mettre celles-ci en perspective avec les deux grands pôles dont elles ont toujours eu à se distinguer, les sciences de la nature, d’une part, et la philosophie d’autre part. Les sciences de la nature sont productrices de modèles rationnels et de techniques empiriques qui intéressent souvent les sciences sociales ; les flux transversaux de modèles et de techniques incluent donc ces franchissements de frontière entre sciences de la nature et sciences sociales. Qu’est-ce qui spécifie alors des phénomènes sociaux du point de vue causal ? La tension avec les sciences de la nature n’est pas seulement méthodologique, elle est aussi d’ordre ontologique : au fil des progrès de la biologie, les avancées en neurosciences ou en génétique réactivent cycliquement les revendications d’explications de certains faits sociaux par l’ancrage biologique de l’humain. Un point sur les fluctuations des frontières entre nature et culture/société s’impose donc également. Du côté de la philosophie, certains débats et questionnements peuvent aussi potentiellement concerner les sciences sociales. Déterminisme et causalité sont-ils deux concepts interchangeables et, dans le cas contraire, que cela implique-t-il en termes méthodologiques ? Aux prises avec la tâche de définir des régimes spécifiques de causalité face aux modèles et prétentions des sciences de la nature, les sciences sociales ont parfois opté pour une solution radicale : se passer de toute explication. Cette « stratégie » a pris des formes diverses et parfois complètement indépendantes, depuis le partage diltheyen jusqu’aux approches actuelles par les données, en passant par le postmodernisme. C’est l’occasion de voir que les sciences sociales sont concernées dans leur identité même, en tant que sciences, en fonction de la vocation explicative qu’elles choisissent d’assumer ou de refuser. Alors, où est passé le déterminisme en sciences sociales ? Est-il unique, multiple, « distribué », ou bien encore dilué dans des pratiques revendiquées comme anti-déterministes ? Est-il une fiction ringarde et inutile dans l’horizon liquéfié de la « vie-en-réseau » ? S’est-il déplacé, ou bien est-ce le système des places qui a évolué ? Relations entre disciplines (réductionnismes, empiétements, visions d’ensemble), modèles génériques traversant ces disciplines, renoncements aux explications… : les contributeurs sont invités à rendre compte des formes prises par le déterminisme dans leurs domaines de compétences respectifs. En outre, les sciences sociales n’évoluent pas en vase clos : non seulement elles assimilent des significations exogènes (allégeances idéologiques, partis pris doctrinaux, visions du monde plus ou moins formalisées, en arrière-plan…), mais aussi, sous certaines conditions et selon diverses modalités, elles peuvent avoir des effets sur les mêmes phénomènes dont elles entreprennent de délimiter le périmètre (par la position d’une catégorie, notamment) et d’expliquer les régularités et le mode de développement, ce que capte la notion à tiroirs de « performativité ». Le raisonnement déterministe infiltre et informe la praxis sociale, débordant leur juridiction épistémologique, et il convient d’en prendre acte. Le déterminisme n’est pas convoqué n’importe comment. Dans les discussions, l’étiquette est souvent utilisée pour disqualifier une position adverse. Entre autres exemples, de la même façon que les chercheurs des gender studies détecteront le « déterminisme » des conceptions naturalisantes de l’ordre social de la « différence sexuelle », leurs contradicteurs, qu’ils s’autorisent de la biologie, de la psychanalyse ou de quelque expertise que ce soit, objecteront que la vision de l’assignation genrée véhicule un culturalisme tout aussi déterministe. On est toujours le déterministe d’un autre. Comment les modélisations, explications, inférences causales, etc. sont-elles endogénéisées, utilisées, manipulées, dans la société ? Ce dossier n’est pas un manifeste épistémologique anti-, pro- ou alter-déterministe, ni un état des lieux exhaustif de la question. À partir de cas concrets et en faisant varier les focales disciplinaires (sociologie, économie, anthropologie, histoire, philosophie, psychologie, etc.), son ambition est d’une part de suspendre la tentation d’en finir trop vite avec le problème et, de l’autre, de décloisonner la réflexion sur les situations contemporaines du déterminisme, qui sont fort variées et appellent des problématisations à la fois spécifiques et générales. Les contributions prévues aborderont diverses mises en situation empirique du déterminisme, ce qui, comme nous en faisons le pari, permettra d’explorer à nouveau frais les métamorphoses actuelles des sciences sociales et, par extension, leur incorporation socio-culturelle. Suggestion non exhaustive de thèmes :
Socio souhaite privilégier autant des approches fondées sur des travaux empiriques originaux que des démarches proposant des synthèses conceptuelles et théoriques, des comparaisons, des mises en perspective historique, ou des essais. Il est attendu un effort particulier sur l’écriture et un style qui mette suffisamment en perspective les enjeux de l’article pour qu’il puisse susciter un intérêt au-delà d’un cercle restreint de spécialistes. Les intentions de contributions (titre, résumé de deux pages et bibliographie) doivent être envoyées à ronan.le.roux AT gmail.com et arnaud.saint-martin AT uvsq.fr avant le 20 janvier 2014. Les articles devront être remis pour le 30 avril 2014. |
- [Athena] Appel à contributions : « Situations du déterminisme en sciences sociales », Ronan Le Roux, 19/12/2013
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