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athena - [Athena] PME & "Révolution industrielle" - Ecole d'été 2014

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Objet : Histoire des techniques

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[Athena] PME & "Révolution industrielle" - Ecole d'été 2014


Chronologique Discussions 
  • From: cédric perrin <cp2002 AT orange.fr>
  • To: <athena AT services.cnrs.fr>
  • Subject: [Athena] PME & "Révolution industrielle" - Ecole d'été 2014
  • Date: Mon, 24 Mar 2014 21:02:06 +0100

Title: PME & "Révolution industrielle" - Ecole d'été 2014

Ecole d’été du Réseau de Recherche sur l’Innovation
Pensez les révolutions industrielles  
– 27-30 août 2014–
Université du Littoral - Boulogne-sur-mer

Appel à communications pour la session

la place des petites et moyennes entreprises dans la première « révolution industrielle »

Organisée par : Cédric Perrin et Sophie Boutillier
 
 

Si l’_expression_ « révolution industrielle » inventée par Adolphe Blanqui en 1837 a laissé dans les représentations collectives l’image d’un processus rapide, soudain et quasi inattendu, l’historien attentif remarque avec raison qu’il n’en a rien été et qu’en dépit de l’ampleur du processus, il a été progressif. Ce qui nous conduit à souligner deux points d’importance : d’une part depuis la Renaissance, il existait des formes embryonnaires de grandes entreprises (voir par exemple les manufactures royales ou encore l’industrie des indiennes qui se développent à partir du 17e siècle), d’autre part l’industrialisation qui débute à la fin du 18e siècle n’a pas entrainé la disparition radicale des petites entreprises et ateliers. Une division du travail, selon les secteurs d’activité, a perduré, processus qu’A. Marshall avait bien mis en évidence. La révolution industrielle a certes donné naissance à de grandes entreprises mobilisant des milliers d’ouvriers travaillant dans des conditions difficiles sur des machines-outils actionnées par le feu de la machine à vapeur, mais des différences géographique et sectorielles sont manifestes.
 
Comme le souligne fort justement P. Verley (1997), le système usinier, qui se met en place avec la première révolution industrielle, permettait la production de demi-produits (fonte, fer, fil) qui fut écoulée sur de vastes marchés. En revanche, la production de biens différenciés, pour des marchés proches du consommateur final, était davantage le fait de petites unités de production. Ainsi, en 1860 la taille moyenne des entreprises industrielles en France était de dix salariés, contre 350 dans les mines et près de 200 dans la sidérurgie. Dans de nombreux autres pays d’Europe, la grande entreprise n’apparaît que tardivement, dans la seconde moitié du 20è siècle. La grande entreprise se concentre dans les secteurs situés en amont du processus industriel, à forte intensité capitalistique et en main-d’oeuvre, alors que la petite entreprise se situe plus en aval. Marshall souligne à ce propos la grande souplesse de la petite entreprise, laquelle assimile rapidement les informations nouvelles venant de l’extérieur. Aussi si le petit industriel (selon les termes de Marshall) est rarement au premier rang dans la marche vers le progrès, il a la capacité de l’assimiler rapidement. Le poids des petites entreprises dans le système industriel des pays européens est resté important en fonction du degré de personnalisation du produit. Ainsi, la fabrication de vêtements masculins s’est industrialisée plus rapidement que celle des femmes parce que le vêtement masculin s’est uniformisé, standardisé avant celui de la femme. Par ailleurs, les petites entreprises occupent une autre place importante dans le système industriel par le biais la sous-traitance, de capacité ou de spécialité. Sans nier l’existence de relations concurrentielles, il existe bien une division du travail entre grandes et petites entreprises, qui est à la fois évolutive dans le temps (en fonction de l’évolution des techniques), mais aussi des secteurs d’activité. La petite, voire très petite, ou la moyenne entreprise apparaissent beaucoup plus comme complémentaires que concurrentes de la grande entreprise. Cette composante de l’organisation industrielle, observable au 19e siècle, perdure de nos jours. La France, l’Italie, le Japon, voire l’Allemagne, ont développé des structures industrielles dualistes, dans lesquelles quelques grandes entreprises co-existent avec un tissu dense de PME. Portant, c’est le poids relativement élevé des petites entreprises dans le système industriel français qui a été désigné par nombre d’historiens, notamment anglo-saxons (voir par exemple les travaux de D. Landes), comme étant la raison du retard relatif français par rapport à l’industrie britannique. La société française, trop attachée à ses traditions, aurait tardé à prendre le tournant de la modernisation. Les troubles engendrés par la Révolution de 1789, puis l’instabilité politique qui en a découlé pendant plusieurs décennies, ont très certainement freiné la modernisation du pays, bien que cette période ait été riche d’innovations techniques dans différents domaines (machine à coudre, conserve alimentaire, etc.) touchant la vie quotidienne des individus. L’histoire économique est longtemps restée centrée sur le rôle moteur de la grande entreprise et sur le modèle anglais. Mais, depuis la fin du 20è siècle, différents travaux ont conduit à réapprécier la place des petites entreprises dans le processus d’industrialisation ; notamment (mais pas uniquement) en se réappropriant le concept de district industriel de Marshall. S’agissant de la première révolution industrielle, la petite entreprise apparaît désormais davantage comme la norme et la grande entreprise l’exception ; y compris en Angleterre. Ce n’est véritablement que lors de la seconde révolution industrielle à la fin du 19è siècle que la grande entreprise émerge. Le concept de révolution industrieuse de J. de Vries insiste sur le caractère protéiforme et dispersé de l’industrialisation sur la longue durée.
 
Ce questionnement sur la place des petites entreprises pendant la première révolution industrielle en entraine un autre. Celui de la croissance de la taille des firmes. Une petite entreprise est-elle une grande entreprise « dans l’enfance » ou une entreprise qui n’est pas destinée à grandir ? Une petite entreprise qui n’est pas rachetée par une plus grande ou qui n’en devient pas une est-elle nécessairement une entreprise qui a échoué ?
 
Par ailleurs, l’_expression_ « petite entreprise », si elle est commode d’utilisation, est aussi fondamentalement imprécise. L’entreprise est-elle petite en raison de l’effectif employé, des capitaux mobilisés, de ses marchés (plutôt locaux que mondiaux) ? Le seuil est-il bien le même dans toutes les branches d’activité ? Quel rôle joue l’entrepreneur en tant qu’acteur économique ? Le dirigeant d’une petite entreprise n’est-il qu’un « simple » chef d’entreprise ou peut-il être un entrepreneur schumpéterien ?
 
Enfin, dernier point important : quelles ont été les politiques publiques suivies en faveur des petites entreprises au 19e siècle ? Les petits patrons avaient-ils une force de négociation suffisante pour imposer leurs revendications vis-à-vis de la concurrence – parfois féroce – du système usinier ? Qui étaient précisément ces petits patrons du 19e siècle, qui avaient parfois au niveau local un poids politique important ?
 
Les propositions de communication peuvent traiter des questions suivantes :
 
1.    Poids des petites entreprises selon les secteurs d’activité, évolution de la division du travail dans le temps ;
2.    Situation du système productif français et comparaison avec d’autres pays européens ;
3.    Monographie d’une petite entreprise/entrepreneur dans un secteur d’activité donné, qu’elle soit restée une petite entreprise ou devenue une grande entreprise ;
4.    Politique économique vis-à-vis des petites entreprises au 19e siècle ;
5.    Evolution historiographique relative à la place des petites entreprises dans la révolution industrielle ;
6.    Financement des petites entreprises (épargne propre de l’entrepreneur, rôle de la famille, rôle des banques, etc.) ;
7.    Le poids des petites entreprises dans le progrès technique.
 
 
Dates importantes

Plus d’informations : http://says.univ-littoral.fr/

-      Envoi du résumé de la communication avant le 15 avril 2014 à
Sophie Boutillier : Sophie.Boutillier AT univ-littoral.fr ou
Cédric Perrin : cp2002 AT orange.fr
-      Réponse du comité scientifique au plus tard le 15 mai 2014
-      Inscription au Congrès avant le 30 juin 2014. L’inscription est gratuite pour les membres du RRI
-      Envoi des papiers finaux avant le 15 août 2014.
 
 

* * *
 
The place of small and medium sized enterprises during the first « Industrial revolution »
 

If the _expression_ “industrial revolution” invented by Adolphe Blanqui in 1837 has left in collective representations the picture of a quick process, sudden and almost unexpected, the careful historian remarks justly that the industrial revolution was not widespread and sudden, but a progressive phenomenon. From this observation, we elicit two important questions: on the first hand, since the Renaissance, embryonic forms of big enterprises have existed (see for example the royal manufactures or the Indian industry which have developed since the 17th century), on the other hand, the industrialization which began at the end of the 18th century did not cause radical passing of small enterprises and workshops. The division of labor, in industrial sectors, has continued. A. Marshall carefully analyzed the process. The industrial revolution has created big enterprises gathering thousands of workers working in painful conditions on tool-machines moved by the fire of the steam-machine, but geographic and sectorial characteristics were numerous.
 
P. Verley (1997) underlines that the industrial system which took place during the first industrial revolution enabled the development of mass-production of semi-products (iron, font, thread) which were sold on wide markets. Yet, the production of distinguished products sold on local markets close to the final consumer, was due to small units of production. Thus in 1860 the enterprises industrial medium size in France counted ten workers, 350 in mine industry and around 200 in steel industry, high capital and labor intensive, while small enterprises are located at the beginning of the industrial process. Marshall underlined the flexibility of the small enterprises, which quickly absorb new information from their environment. So if “the small entrepreneur” (according to Marshall’s own words) is rarely an innovator, he has the capacity to absorb them easily and quickly. The weight of small and medium enterprises in the industrial system of European countries remained important according to the personalization of the product. Thus, the manufacturing of male clothes was industrialized more quickly than that of women because the male clothes was uniformed and standardized before that of women. Otherwise, small enterprises play an important part in the industrial system as subcontractors (capacity or specialty). Without denying the existence of competitive relations, the division of labor between big and small enterprises, which change (through industrial and technological progress), but also the industrial sectors, the small, and of course the very small and the medium sized enterprises have a complementary function and not a competitive one. This characteristic of the industrial organization, observed in the 19th century, continues today. France, Italy, Japan and Germany have developed dense industrial dualist structures; within wich some big enterprises co-exist with a dense system of small and medium sized enterprises. Nevertheless, the relatively heavy weight of small enterprises in the industrial French system has been for number of historians, notably Anglo-Saxons (see for example studies of D. Landes, 2000) seen as the cause of the French industrial delay compared to the British industry. The French society, rooted in its traditional values, was not ready for its modernization. Troubles during the French revolution (1789), thus the high political instability during many decades, have certainly slowed down the modernization of the country, yet this period has been very rich in technical innovations in many sectors (sewing machines, canned food, and so on) concerning the daily life of consumers. The economic history remained concentrated on the engine-role of the big enterprise and on the British model. But, since the end of the 20th century, various studies have showed the important place of small enterprises in the process of industrialization, notably (but not only) in reclaiming Marshall’s concept of industrial districts”. During the first industrial revolution, the small enterprise appears henceforth as the industrial standard and the big enterprises as the exception, including England. The big enterprise appeared only at the end of the 19th century. J. de Vries (1994) concept of the “industrious revolution” underlines the proteiform scattered character of the industrialization on the long run.
 
This questioning on the place of the small enterprises during the first industrial revolution causes another one, on the growth of the enterprises size. Is a small enterprise which will become a big enterprise or an enterprise which will never be a big one? Is an enterprise which is not bought by a bigger enterprise or which doesn’t become a bigger enterprise necessarily an enterprise which has failed?
 
Besides, the _expression_ “small enterprise”, if it is easy to use, is also fundamentally imprecise.  Is the enterprise small due to the small number of workers, immobilized capital, its markets (local rather than global)? Is the threshold the same in all industrial sectors? Which role the entrepreneur play as an economic actor? Is the manager of a small enterprise not a simple one or can he become a Schumpeterian entrepreneur?
 
Lastly, what were public policies for small enterprises during the 19th century ? Did “small bosses” have an important power of negotiation to impose their claiming to face the competition of big enterprises? Who were these “small bosses” of the 19th century who sometime had locally an important politic power, like a mayor or a deputy for example?
 
The topics of the session are:
-      The weight of small enterprises by sectors, the historical evolution of the division of labor;

-      The French industrial system compared to other European countries;

-      A monographic analysis of a small enterprise/entrepreneur in a given industrial sector, whatever was the future of this enterprise (if whether it was a small one or if it became a big one)

-      The economic policy for small enterprises during the 19th century;

-      An historiographical analysis on the place of small enterprises during the first industrial revolution;

-      The funding of small sized enterprises (the savings of the entrepreneur, family support, bank funding, and so on);

-      The weight of small enterprises in the history of technical progress.


Key dates

More information: http://says.univ-littoral.fr/
 
- Submission of abstract before: April 15, 2014 to :
Sophie Boutillier : Sophie.Boutillier AT univ-littoral.fr or
Cédric Perrin : cp2002 AT orange.fr
-Decision of Acceptance by: May 15, 2014
- Registration before: June 30, 2014. Attention registration is free for members of the RNI.
-Full paper submission before: August 15, 2014.
 


 



  • [Athena] PME & "Révolution industrielle" - Ecole d'été 2014, cédric perrin, 24/03/2014

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