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athena - Re: [ATHENA] L¹Open Access et les revues SHS de langue française

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Objet : Histoire des techniques

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Re: [ATHENA] L¹Open Access et les revues SHS de langue française


Chronologique Discussions 
  • From: Alain Chartrain <chartrain.alain AT free.fr>
  • To: Frédéric Clavert <frederic AT clavert.net>, Patrick Fridenson <patrick.fridenson AT ehess.fr>
  • Cc: <athena AT services.cnrs.fr>
  • Subject: Re: [ATHENA] L¹Open Access et les revues SHS de langue française
  • Date: Wed, 07 Oct 2015 13:44:30 +0200

Title: Re: [ATHENA] L’Open Access et les revues SHS de langue française
Glop Glop.  Je partage.

+ quelques notations d’un utilisateur-(petit)publieur lambda :
  • revue.org = top
  • les publications du Collège de France sont difficilement accessibles en PDF
  • Cairn = payant les fois où j’y ai été renvoyé (tarifs prohibitifs proches de Elsiever, Jstor ou les revues anglo-saxonnes à 30$ l’article, or il s’agit de recherche public et de publicationspapiers généralement depuis longtemps amorties si tant est qu’elles n’aient pas été –comme souvent en archéologie- intégralement financées à parution)
  • Elsiever, Springer etc sont de véritables scandales (il font des profits avec les publications publiques européennes sans rien investir dans la recherche et de plus en privatisent le produit: il ne s’agit rien moins que de captation ; fait aggravant il n’y a pas de “barrière mobile” à + 3ans pour un accès web gratuit et on vous vend encore à 30$ des articles de 1937 ou 1972...);
  • il est fou que des revues (archéologie toujours) comme Gallia non seulement coûtent 60€ le n° papier (extorsion de fond à l’égard des bibliothèques et prohibitif pour un lecteur lambda) mais encore sont pratiquement inaccessibles en PDF (il y a 7 années de décalage contre les 3 annoncées)
  • 3 années avant un accès PDF hyperlink (pas toujours!) c’est trop important (un doctorant doit donc se priver d’accès aisé et souvent à domicile à toute la biblio récente ou alors doit –et là la situation est ubuesque- errer entre une dizaine de bibliothèques où le plus souvent il reste à la photocopie papier (ou à la rigueur des PDF de sortie USB non hyperlink...). Et les politiques et “décideurs” se gargarisent de “société numérique”...
  • à mon avis bcp de bibliothèques devraient etre fermées et regroupées et les forces centrées sur la numérisation (hyperlink) et l’open-access (la BnF est loin d’être au top il me semble): il faut viser à la fourniture de la publication (ouvrage ou article –d’ailleurs la distinction devrait s’affadir avec le numérique) dans les minutes qui suivent la requête, fourniture aussi bien dans une université, une bibliothèque-centre de doc numérique ou à domicile (j’insiste sur “à domicile”: comme bien d’autres je dépense 200€ à chaque fois que je vais en bibliothèque à Paris, cela fait cher de la page...)
  • il y a encore 10-5 ans la collecte biblio constituait une (très grosse) partie du temps de travail pour une recherche ou un doctorat en SHS : avec le numérique cette partie peut être totalement réduite au profit du temps de traitement des données et du travail intellectuel; cela (avec le dessin et la carto sur ordinateur ainsi que les statistiques) change d’ailleurs la nature ou la consistance des travaux; dans le même temps si on reste peineux à la collecte des données biblio on devient vite dépassé par ceux qui n’y passent que des nano-secondes (j’exagère un peu mais quand même...)
  • mon doctorat en cours dit un Grand merci à Revue.org, à Persée (sauf PB des images alors qu’elles sont parues dans des revues publiques...) et à Academia.Edu (outil simple et formidable mais qui est entrain de se complexifier vers l’inutilité comme par ex. LinkedIn)
  • pensez-vous que Academia.Edu puisse être un sous-marin des GAFA? (que cette plateforme soit financée par un groupe –noter qu’elle n’a pas (pas encore?) de pub- ou qu’elle leur soit vendue sous peu comme toute start-up). L’utilisateur ne dispose en effet d’aucune visibilité de leur stratégie et Academia.Edu l’oriente de plus en plus vers des comportements obligés/dirigés (se lier, créer un réseau, augmenter sa visibilité et toutes ces bêteries...). Peut-on craindre que A.Edu annonce un jour être propriétaire des contenus uploadés (prétextant la loi américaine) ?

   cordialement,

ACH
http://www.orviamm.com


Le 07/10/15 11:55, « Frédéric Clavert » <frederic AT clavert.net> a écrit :

Cher Patrick Fridenson (si je puis),

(désolé pour les redites entre cette liste et histoire_co)

Vos arguments sont à prendre en considération, c’est certain. Ce que vous rappelez sur Couperin et Elsevier est assez emblématique d’une situation à laquelle nous devons mettre fin.

Il y a toutefois quelque chose qui m’embête dans votre argumentaire, c’est l’usage de l’arme de dissuasion massive qu’est l’argument du « soit nous payons soit les revues disparaissent ». Il y a derrière ce débat un tout autre débat, d’ampleur bien plus importante à long terme, qui touche l’ensemble de notre système de publication. Cette arme de dissuasion massive risque tout simplement d’empêcher ce débat-là.

Or, il est stratégique. Il serait peut-être temps d’engager une réflexion d’ampleur sur notre système de publication tel qu’il existe alors que l’ère numérique dans laquelle nous sommes entrés le bouleversera (a déjà commencé à le bouleverser) de toutes les manières radicalement. User de l’argument de dissuasion massive ne fait que geler une situation qui n’est pas satisfaisante à long terme. Cette réflexion est déjà entamée (je vous renvoie par exemple aux écrits de Marin Dacos, directeur du CLEO et fondateur de revues.org <http://revues.org> ). Mais trop peu d’enseignants chercheurs me semblent s’y impliquer.

Reprenons le cas d’Amazon que vous avancez de manière fort pertinente: si cette entreprise se met - ou une autre du « gang des GAFA » (Google, Apple, Facebook, Amazon) - à l’édition académique, il n’est pas sûr, quelques soient les millions investis dans cairn et les éditeurs qui utilisent cette plateforme, que cairn et nos revues survivent. Il faudrait anticiper ce risque, plutôt que geler une situation par un investissement massif qui risque de passer par pertes et profits au bout de quelques années.

Le web est en voie d’oligopolisation autour de ces GAFA et ce phénomène peut, à terme, toucher aussi le monde de l’édition scientifique. Mais ce n’est pas nécessairement une fatalité. Or sa nature d’origine (décentralisée), son fonctionnement fondé sur le lien, sont des atouts que pourraient exploiter l’édition scientifique. Ne pourrait-on pas débattre de ces éléments plutôt que de faire appel au réflexe passablement conservateur du maintien d’un statu quo financièrement ruineux?

Bien à vous,
Frédéric Clavert


Le 7 oct. 2015 à 10:16, Patrick Fridenson <patrick.fridenson AT ehess.fr> a écrit :


Gardons-nous des oppositions franco-françaises : songeons en effet aux sommes que le consortium enseignement supérieur Couperin verse chaque année à l'éditeur hollandais Elsevier, dont je vais parler plus loin, et pensons aux projets de devenir un acteur en matière de publications qu'un journal américain a prêtés à Amazon. Considérons aussi que la révolution numérique ne change pas le rôle des revues mais le renforce : ce ne sont pas de simples diffuseurs de la production scientifique,  elles apportent une plus-value et ce sont des ateliers du travail scientifique.

Je ne crois pas du tout que l’étude IDATE/Cairn.info <http://cairn.info>  dise que « le ministère de l’enseignement sup. et de la recherche [devrait financer] à hauteur de 8 millions € un diffuseur privé (CAIRN.INFO) pour que les revues qu’il diffuse fasse de l’open access ».
 

Son principal objectif me paraît être d’évaluer quel pourrait être l’impact économique pour les revues de SHS d’une réduction à 12 mois de la durée d’embargo. Elle montre très clairement que cet effet serait de mettre en déficit la quasi-totalité de ces revues (qu’elles soient publiées par des associations, des sociétés savantes ou des éditeurs publics ou privés), qui seraient donc condamnées à disparaître. Ce qui entraînerait ensuite logiquement la disparition de Cairn.info <http://cairn.info> , plate-forme dont les observateurs  s’accordent à dire qu’elle a puissamment contribué depuis dix ans au rayonnement et à la diffusion, au plan international, de la recherche française en SHS, pour un coût raisonnable et sans autre aide publique que celle apportée aux revues pour la numérisation de leurs archives par le Centre national du livre. En passant, je rappelle qu'un acteur public : la Bibliothèque nationale de France est dans le capital de Cairn.info <http://cairn.info>  et je redis, conformément à mon point de départ, que la France a tout autant besoin de Revues.org <http://revues.org>  (qui compte autant de revues que Cairn.info <http://cairn.info> ).
 

Ensuite, l’étude IDATE évalue comme une piste possible (mais pas du tout comme une demande ou une exigence), dans la logique d’un open access généralisé dès la publication, quel serait le financement public nécessaire pour assurer le travail d’édition et de diffusion des 400 revues concernées : 8 millions € par an environ à verser pour l’essentiel à ces revues (et très secondairement à Cairn.info <http://cairn.info> ), ce qui conduirait à un surcoût de l’ordre de 4 millions €, puisque seraient économisés par ailleurs les coûts d’abonnement des bibliothèques françaises aux numéros papier et à la licence de Cairn.info <http://cairn.info> . Ce surcoût serait inévitable dans le cas de l’open access « platinium », que la diffusion de ces revues soit assurée par Cairn.info <http://cairn.info>  ou par Revues.org <http://revues.org> .
 

Je veux bien admettre, par ces temps de budgets en berne, qu’il ne soit guère envisageable de s’engager dans cette direction. Dans ce cas, pourquoi vouloir, en imposant une barrière mobile à 12 mois, mettre en péril un modèle qui a fait ses preuves sans aucunement plomber le budget du ministère de l'ESR (je rappelle que le coût annuel de la licence Cairn.info <http://cairn.info>  pour les 400 établissements d’ESR français qui l’ont souscrite n’est que de 1,5 million € (on est loin des 35 millions d’Elsevier) ? Et si l’on veut aller vers un open access sans durée d’embargo, mais sans moyens publics supplémentaires, cela implique-t-il que l’on est prêt à voir disparaître l’essentiel des revues de SHS françaises, qui seraient jugées inutiles ? Ou encore, en prônant l'idée que l’Etat devrait avoir l’exclusivité des publications scientifiques en SHS, cela veut-il dire que l’on est prêt à renoncer à la « bibliodiversité » qui est la garante du pluralisme des opinions et des écoles de pensée ?
 

Je trouve qu’il serait préférable de lire à fond cette étude, comme celle tout aussi utile produite par BSN 7 sur les coûts de publication des revues de SHS, et ensuite que tous les acteurs concernés (responsables des revues, éditeurs publics et privés, agrégateurs, responsables publics de l’IST, etc.) se concertent sérieusement pour voir comment optimiser l'édition et la diffusion de nos travaux au moindre coût (c’est très exactement ce que suggère l’étude IDATE/Cairn.info <http://cairn.info> ).





Patrick Fridenson
Centre de Recherches Historiques
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
190-198 Avenue de France
75244 Paris cedex 13
http://crh.ehess.fr/document.php?id=341

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