Re: [ATHENA] les archives ouvertes ne sont pas l'édition électronique

[Patrick Fridenson <patrick.fridenson AT ehess.fr>]

Je suis évidemment pour la circulation et le partage des savoirs. Je crois aussi que la question de la création et de l'édition des textes en est indissociable, ainsi que celle de l'autonomie intellectuelle et économique des revues  à la fois par rapport à l'Etat, aux établissements publics et aux éditeurs publics et privés, et que cette indispensable autonomie est liée pour partie aux modèles économiques et des revues et des portails et des structures d'édition, ce que le texte du CNRS ne prend pas vraiment en compte, à mon avis.

Je remercie vivement Claire Lemercier de sa contribution au débat.pour deux raisons. Elle peut ouvrir  la porte à un débat complémentaire sur la multiplicité et l'évolution des usages des textes des revues, et aussi sur la dynamique des usagers de ces textes, un point qui est familier à l'histoire des techniques. Elle rappelle opportunément  la distinction entre embargo et barrières mobiles. Mais celle-ci peut être plus complexe encore. J'illustre ce point par un exemple intéressant dans notre débat : aux Etats-Unis une revue électronique de SHS créée en 2013 et fort novatrice a choisi d'être à la fois en accès gratuit sur le site de son université et en accès payant sur Jstor. Toujours à propos de Jstor, une remarque sur un point précis du texte de Claire Lemercier que Marie Thebaud-Sorger a relayé.

Claire Lemercier y écrit : 

 (alors que les articles de Jstor, par exemple, même très anciens, ne deviennent jamais accessibles hors des universités)

  Etant occupé à préparer une contribution personnelle à la consultation sur le projet de loi numérique, je voudrais juste signaler que le point ci-dessus ne correspond pas à ce que je sais de Jstor :  accès gratuit temporaire pour un nombre limité d'articles ou de notes de lecture ; accès gratuit pour des lycées de quartiers difficiles qui sont sur  une liste, et accès gratuit pour certaines universités de pays émergents qui sont sur une liste.

Enfin la définition  du rôle des revues donnée dans la contribution de Claire Lemercier me pose problème sur un point de fond. Je considère que le rôle d'une revue ne se limite pas à "examiner" des textes et à élaborer une "ligne éditoriale". Il est aussi de lancer des thématiques, de susciter des textes et d'être des plaques tournantes d'échanges intellectuels internationaux. 

Patrick Fridenson
Centre de Recherches Historiques
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
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