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athena - [ATHENA] Séminaire Codes Sources : Un code source sans code ? Le cas de l’ENIAC (Liesbeth de Mol, 22 juin 2016)

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Objet : Histoire des techniques

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[ATHENA] Séminaire Codes Sources : Un code source sans code ? Le cas de l’ENIAC (Liesbeth de Mol, 22 juin 2016)


Chronologique Discussions 
  • From: Baptiste Mélès (baptiste.meles AT gmail.com via athena Mailing List) <athena AT services.cnrs.fr>
  • To: educasup.philo AT ml.free.fr, theuth AT listes.univ-rennes1.fr, athena AT services.cnrs.fr, emetis AT listes.univ-paris1.fr, codes-sources AT googlegroups.com, diff AT pps.univ-paris-diderot.fr
  • Subject: [ATHENA] Séminaire Codes Sources : Un code source sans code ? Le cas de l’ENIAC (Liesbeth de Mol, 22 juin 2016)
  • Date: Sun, 5 Jun 2016 09:21:30 +0200
  • Authentication-results: t2gpsmtp1.dsi.cnrs.fr (amavisd-new); dkim=pass header.i= AT gmail.com

Séminaire « Codes sources »

L'objectif du séminaire Codes sources est de présenter la pensée
informatique là où elle s'exprime le plus concrètement : dans les textes
que sont les codes sources.


Séance du mercredi 22 juin 2016 (14h-15h30) :

Liesbeth De Mol (CNRS, Savoirs Textes Langages, Université de Lille 3) :

« Un code source sans code ? Le cas de l’ENIAC »


Résumé :

Qu’est-ce qu’un programme ? Qu’est-ce qu’un code (source) ? Est-ce un «
texte » susceptible d’une analyse littéraire ou plutôt quelque chose qui
réside dans les circuit électroniques de l’ordinateur ? Est-ce un objet
technique ou formel ? D’un certain point de vue, ces questions purement
philosophiques ont peu à voir avec une réalité quelle qu’elle soit. Mais
en informatique, ces questions sont au cœur de la discipline et les
réponses qu’on leur donne déterminent des décisions qui affectent
jusqu’à la législation des logiciels : selon qu’on voie le code comme
texte ou comme programme exécutable, la législation qui s’applique est
celle du copyright ou du brevet. Ainsi, aucune philosophie du code
source n’est innocente et la prudence s’impose à ce sujet.

De nos jours, il est de bon ton de ne plus parler du matérialité du
logiciel : même en histoire de l’informatique, la tendance est de se
concentrer sur les logiciels et d’ignorer la matérialité dans laquelle
ils sont ancrés. Cette tendance est le résultat d’une des technique les
plus importantes de l’informatique : l’abstraction. C’est l’abstraction
qui nous permet d’oublier ce qui est caché sous une interface et de
rendre ainsi transparents les logiciels. C’est l’abstraction qui permet
le développement de logiciels qui n’ont plus besoin de renvoyer au
niveau inférieur. Sans abstraction, pas de vrais logiciels. Sans
abstraction, pas de vrai « langage » de programmation. Sans abstraction,
l’industrie ne serait pas capable de créer ce vers quoi tendent les
abstractions industrielles, et que Dijkstra décrit ainsi :

« [T]he computer user, as functioning in the development of computer
products is not a real person of flesh and blood but a literary figure,
the creation of literature, rather poor literature. […] [H]e is most
uninspiring. He is stupid, education resistant if not education proof,
and he hates any form of intellectual demand made on him, he cannot be
delighted by something truly beautiful, because he lacks the education
to appreciate beauty. Large sections of computer science are paralyzed
by accepting this moron as their typical customer. »

Dans cet exposé, je voudrais effectuer un mouvement inverse en allant de
l’abstraction vers la physicalité des calculs, en étudiant une pratique
où il n’y a pas de « code » qui puisse être « compris » par la machine.
Au contraire, il s’agit d’une pratique où c’est l’être humain qui doit
comprendre la machine alors qu’elle peut coder ces idées. C’est la
pratique de l’ENIAC original – une des premières machines électroniques
et programmables. Dans cet exposé, j’expliquerai comment la machine peut
être programmée. Le but de tel exposé est d’interroger ce que veut dire
« code source » du point de vue de la machine. Cela me permet non
seulement de montrer le contexte original de l’abstraction mais aussi
d’introduire un point de vue matériel pour lequel il n’existe pas de
logiciels. Ainsi, le vrai but de cet exposé est d’aller contre la
tendance de cacher l’entrelacement du code, de la machine et des humains
en le rendant transparent.

Lieu :

Salle 24-25/405 du LIP6 (rotonde 25, 4e étage)


Adresse :

4 place Jussieu, 75005 Paris
métro Jussieu (lignes 7 et 10)


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* À propos du séminaire Codes sources *
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À celui seul qui prend la peine de les lire effectivement, les codes
sources révèlent leur richesse. On y découvre que l'élégance d'un
algorithme réside parfois hors de sa complexité, dans l'usage virtuose
des idiomes du langage de programmation ou dans la connaissance fine de
la machine à laquelle il est destiné. Bien souvent des codes sources
comportent davantage de lignes de commentaires que de code. Tous ces
trésors de pensée informatique fondent à la compilation comme neige au
soleil — preuve qu'un programme n'est pas seulement écrit pour être
compilé.

Le but du séminaire est de décrire ces œuvres de l'esprit comme des
textes à part entière. Nous espérons ainsi contribuer à la constitution
d'une culture générale en programmation. En informatique comme en
littérature, cela suppose la familiarisation progressive avec un corpus
de grands textes.

À chaque séance, un intervenant — jeune chercheur ou chercheur confirmé
en informatique, en histoire ou en philosophie — présente, en moins
d'une heure, un code source de son choix : un fragment de système
d'exploitation, de pilote, de compilateur, de bibliothèque... Le code
peut avoir été écrit par l'orateur ou par quelqu'un d'autre, dans
quelque langage que ce soit. Le commentaire peut être algorithmique,
stylistique, historique ou philosophique, et porter sur tous les aspects
du code, commentaires compris. Le code est ensuite discuté avec
l'auditoire.


Organisateurs :

- Raphaël Fournier (CNAM)
- Baptiste Mélès (CNRS, Archives Henri-Poincaré)
- Lionel Tabourier (LIP6).

Site : http://codesource.hypotheses.org/

Contact : Baptiste Mélès (baptiste.meles AT univ-lorraine.fr)

Twitter : https://twitter.com/SemCodesSources

Liste de diffusion : https://groups.google.com/forum/#!forum/codes-sources

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  • [ATHENA] Séminaire Codes Sources : Un code source sans code ? Le cas de l’ENIAC (Liesbeth de Mol, 22 juin 2016), baptiste.meles AT gmail.com via athena Mailing List, 05/06/2016

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