[ATHENA] Fwd: [Theuth] Colloque_appel à communications_Chimie et pouvoirs (17e-20e s)_Lille_7-9 déc 2016

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Gérard Emptoz

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De: remi.franckowiak AT sfr.fr

Objet: [Theuth] Colloque_appel à communications_Chimie et pouvoirs (17e-20e s)_Lille_7-9 déc 2016

Date: 24 juin 2016 11:37:54 UTC+2

À: theuth AT listes.univ-rennes1.fr

Répondre à: remi.franckowiak AT sfr.fr

Chers Collègues,

J'ai le plaisir de vous informer de l’organisation d’un colloque à Lille (7-9 décembre 2016) intitulé "Chimie et pouvoirs (XVIIe-XXe s.)".
Vous trouverez ci-dessous et ci-joint l’appel à communications.
Les propositions seront reçues jusqu’au 15 septembre 2016.

Bien cordialement,
Rémi Franckowiak

Contacts :

Rémi Franckowiak (remi.franckowiak AT univ-lille1.fr)

Vangelis Antzoulatos (vangelis.antzoulatos AT gmail.com)

colloque : Appel à communications

Date limite le 15 septembre 2016

CHIMIE ET POUVOIRS

(XVII^e-XX^e siècle)

Université de Lille – Sciences et Technologies

Espace Culture

7-9 décembre 2016

Si « savoir, c’est pouvoir », jamais ce constat n’a été aussi pertinent que dans le cas de la chimie ; et pas uniquement parce que cette science a de tout temps produit des biens de consommation pour le monde social à partir de sa connaissance du monde physique. Poser la question des relations entre chimie et pouvoir, c’est en effet nécessairement interroger les liens entre chimie et différents types de pouvoir : cognitif, économique et politique. Et puisque savoir et pouvoir s’impliquent effectivement directement l’un l’autre, ces liens, dans le cours du développement historique de la chimie, se sont bien souvent entremêlés pour parfois aboutir à des situations de formidable domination de la chimie dans les sciences et dans la société.

Dès ses origines, la chimie a affirmé sa volonté de maîtriser la matière et d’en dominer les mécanismes. Le pouvoir de la chimie, en tant que savoir mis en pratique, a permis à celle-ci de s’imposer au XVIIe siècle dans le champ de la philosophie naturelle comme savoir à part entière et incontournable. La chimie affirme sa puissance de démonstration sur le plan expérimental des vérités de son discours. Elle peut alors se définir comme mode d’interrogation du monde physique : c’est le pouvoir de l’alambic sur la matière. La chimie a ainsi le pouvoir de remonter jusqu’aux causes ultimes des phénomènes (comme l’affirmaient entre autres P.-J. Fabre et J. J. Becher). S’attachant principalement aux relations entre les corpuscules constituants les substances, la chimie peut alors affirmer sa suprématie sur les autres parties des sciences physiques au XVIIIe siècle (G.-F. Venel), et les affinités chimiques deviennent la clé de compréhension de tous les phénomènes naturels : c’est le pouvoir explicatif de la chimie. Le travail du chimiste s’affranchit par ailleurs d’un ordre supposé naturel, les substances ne sont plus un donné qui ne pourrait être tout au plus qu’amélioré ou dégradé ou encore imité. Autrement dit, défaire et refaire ce que la nature a fait ne forment plus ses limites ; désormais les productions du chimiste sont ses propres créations : il a le pouvoir de faire. Ce pouvoir de faire constitue principalement l’histoire de la chimie du XIXe siècle avec, entre autres, la synthèse chimique de M. Berthelot.

Ce pouvoir démiurgique a conduit au développement industriel de la chimie qui a fortement modifié la structure de la société des pays occidentaux durant le XIXe siècle et le premier XXe siècle. La chimie est ainsi devenue organiquement liée aux pouvoirs économiques et en capacité de nous imposer ses propres productions. Dans cette évolution historique, l’implication des chimistes ne se réduit pas uniquement à l’application de leur savoir mais a été plus générale : mise au point et promotion de procédés chimiques, direction de manufactures, et accompagnement du développement économique des nations auprès de leurs Pouvoirs Publics, au travers d’expertises, de conseils, de contrôle, de réglementation (Andrew Ure, etc.).

Les services rendus par les chimistes au Pouvoir ont ainsi pu atteindre des limites pour le moins tragiques, comme avec Fritz Haber, véritable Janus de la chimie. Le pouvoir d’action de la chimie n’a plus à faire ses preuves : la chimie domine tout simplement. Mais là encore, la chimie dans ses liens avec la politique ne peut se détacher de son industrie qui a pleinement été associée à la montée en puissance des États occidentaux (y compris pour les conquêtes coloniales) et à leur reconstruction dans la période d’entre-deux-guerres.

La réflexion sur chimie et pouvoir ne serait pas complète si l’on omettait l’intérêt presque constant des chimistes pour la chose publique. De très nombreux chimistes ont en effet embrassé une carrière politique pour ne pas s’interroger sur les liens qui pourraient exister entre domination de la matière et domination de la société : Guyton de Morveau, Fourcroy, Berthollet, Thénard, Dumas, Berthelot, Kuhlmann, Scheurer-Kestner, Raspail, Adolf Richter, Alfred Naquet, etc. Poussons même un peu plus loin le curseur du temps : Chaim Weizmann (premier chef d’État d’Israël), Ignacy Mościcki (président polonais), Thatcher (est-il nécessaire de préciser qui elle était ?), Alain Devaquet (ministre de l’éducation nationale), … et Angela Merkel. Il y a visiblement une permanence historique dans l’investissement de chimistes dans la sphère politique.

Science impure par définition (à la fois science et art, hors et dans le monde social), la chimie a indéniablement du pouvoir. Certes, ce n’est pas le pouvoir absolu mais la chimie a bien été au pouvoir dans les sciences et dans la vie.

L’ordre dans lequel sont présentées ici les relations entre chimie et pouvoir est sans doute un peu trop tranché ; les différents plans se sont en réalité toujours plus ou moins chevauchés et les effets des uns sur les autres plus ou moins conjugués. Aussi le colloque a pour but d’affiner l’image de la place de la chimie et des chimistes dans la société en croisant les approches historiques, mais aussi de réfléchir sur la nature même de la chimie (et par la même occasion de la société dans laquelle elle prend place). L’évaluation, l’interrogation des liens multiples entre chimie et pouvoir au cours des siècles conduira par la même occasion à mettre en perspective notre chimie actuelle.

 

Vangelis ANTZOULATOS (STL / Lille 1)

Rémi FRANCKOWIAK (S2HEP / CLERSE / Lille 1)

 

 

Le colloque est organisé par IRIS – Regard sur le passé des sciences modernes, l’Université de Lille – Sciences et Technologies, la Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société (MESHS) Lille – Nord de France, le laboratoire Sciences, Sociétés, Historicité, Éducation et Pratiques (S2HEP) de l’Université de Lyon 1 – Claude Bernard, et la Society for the History of Alchemy and Chemistry (SHAC).

 

IRIS est la bibliothèque numérique de recherche pluridisciplinaire dédiée au passé des sciences modernes de l’Université de Lille – Sciences et Technologies et de la MESHS Lille – Nord de France : http://iris.univ-lille1.fr/.

IRIS met à la disposition des chercheurs des ouvrages anciens – depuis la Révolution française à la veille de la seconde guerre mondiale – concernant la science. Celle-ci y est contextualisée et s’expose suivant trois facettes : la production, les applications et la diffusion des connaissances scientifiques et techniques. À cela s’ajoute une quatrième, celle du patrimoine scientifique et industriel du Nord de la France et de la Wallonie.

Attachment: Chimie et Pouvoir_Appel à communications.pdf
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