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athena - [ATHENA] Atelier Petites mains d'artistes dans les pratiques scientifiques

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Objet : Histoire des techniques

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[ATHENA] Atelier Petites mains d'artistes dans les pratiques scientifiques


Chronologique Discussions 
  • From: "\"Laurence Guignard\"" (guignard-l AT orange.fr via athena Mailing List) <athena AT services.cnrs.fr>
  • To: athena AT services.cnrs.fr
  • Subject: [ATHENA] Atelier Petites mains d'artistes dans les pratiques scientifiques
  • Date: Thu, 08 Sep 2016 14:39:05 +0200

Chers collègues,

Vous trouverez ci-dessous un appel à communicatin pour deux journées d'études
« Petites mains d’artistes dans les pratiques scientifiques XIXe-XXIe siècles
», qui auront lieu à Nancy (dec 2016) et Lausanne (mars 2017).

Bien cordialement,

Laurence Guignard


Petites mains » d’artistes dans les pratiques scientifiques


Organisation : Aude FAUVEL (IUHMSP-CHUV/Université de Lausanne), Laurence
GUIGNARD (Université de Lorraine-CRULH)

Comité scientifique : Vincent BARRAS (PR, UNIL, Histoire de la médecine), Anne
CAROL (PR, Université d’Aix en Provence, Histoire de la médecine), François
JARRIGE (MCF, Université de Dijon, Histoire des techniques), Francesco PANESE
(PR, UNIL, Sociologie de l’art), Nathalie RICHARD (PR, Université du Maine,
Histoire des sciences), Frédéric TIXIER (MCF, Université de Lorraine, Histoire
de l’art)


Ces journées d’études proposent d’interroger l’histoire des rapports entre
arts et sciences du point de vue d’une histoire sociale attentive aux acteurs.
Il s’agit de saisir quelle(s) place(s) ont occupé les artistes dans le cadre
neuf de la science professionnelle à partir du XIXe siècle : celle des
laboratoires, des observatoires, des musées, des universités, etc.
Sur ces terrains, l’historiographie a été profondément renouvelée par des
travaux récents d’historiens de l’art tout autant que d’historiens des
sciences. Se détournant de l’analyse des idées, des questions d’esthétique ou
de « l’histoire de la vérité », ils se sont intéressés à celle des objets,
des gestes, des sociabilités, de toute une matérialité concrète des pratiques
savantes. Bruno Latour depuis les années 1980 , ou plus récemment Lorraine
Daston et Peter Galison , ont ainsi montré tout l’intérêt de l’étude des
objets scientifiques, notamment des images, conçus comme des productions
culturellement inscrites, des artéfacts. Ces apports rencontrent aujourd’hui
des travaux mitoyens sur les « savoirs de la main » qui ont révélé l’existence
d’échanges de savoirs hétérogènes, notamment avec le monde des artisans,
ignorés des écrits théoriques, car incorporés (embodied knowledge) .
L’histoire pionnière des images naturalistes a permis d’éclairer les relations
entre artistes et savants, et les enjeux épistémologiques de ces rencontres
entre arts et sciences dans le cadre d’une « économie morale de l’objectivité
» réclamant à la fois l’effacement de la « manière » de l’artiste et la
reconnaissance de ses compétences spécifiques. Celle-ci se fait parfois au
plus haut niveau institutionnel, par exemple avec la création de la chaire
d’iconographie naturelle du Museum, en 1793 .
Ces travaux, parmi de nombreux autres, invitent à réinterroger la supposée «
rupture » qui aurait présidé à l’essor de la science moderne : suivant le
récit classique, les méthodes scientifiques se seraient affirmées à partir de
la Renaissance, reléguant les arts hors du champ scientifique, voire hors de
celui du savoir. La rupture entre ces deux modes d’accès au réel aurait été
consommée au XIXe siècle, avec l’affirmation d’une science expérimentale
professionnalisée consacrée à sa saisie objective et, dans le même temps, la
formation d’une classe d’artistes défendant un abord fondamentalement
subjectif. En dépit de cette déqualification théorique des arts du point de
vue des sciences, on constate pourtant, dans les lieux de science,
l’existence, d’une part artistique occultée dépassant les seuls transferts de
techniques – fictions dans les textes savants, rémanence des styles dans les
images scientifiques etc. – mais aussi la présence de toute une population de
petites mains « d’artistes » qui demeurent mal connus. C’est l’objet de cette
journée d’études que de les mettre en lumière.
On sait que ces acteurs sont nombreux : dans des domaines très divers, de
l’archéologie à l’astronomie en passant par la paléontologie, la physique ou
la médecine, peintres, dessinateurs, photographes, sculpteurs, musiciens etc.,
apparaissent sous la dénomination « artistes » dans certaines archives, comme
producteurs d’images, de sons, de dispositifs expérimentaux, de moyens de
conservation ou encore de mise en valeur d’objets ou de collections. Ils
interviennent selon des statuts divers et renouvelés, par exemple, dans la
pratique désormais courante des résidences d’artistes dans les laboratoires
scientifiques. Parmi eux, certain-e-s ont laissé leur nom. On connaît ainsi
les moulages anatomiques de Richir, les photographies microscopiques de
Bertsch ou celles de Berenice Abbott en physique, mais ces quelques figures
cachent un nombre important d’anonymes qui ont trouvé, en se mettant au
service des savants, un revenu, un statut, le moyen d’une promotion, mais
aussi peut-être une place spécifique de passeur entre arts et sciences. La
dimension du genre mérite ici une mention singulière, car il semble qu’une
part non négligeable de femmes artistes ait trouvé, dans les laboratoires, un
des rares lieux possibles d’exercice rémunéré de leur art.
Prenant acte de ce renouveau historiographique, ces journées d’études
entendent questionner l’espace social de ces interactions entre arts et
sciences à l’époque contemporaine, selon deux axes d’analyse. Ceux-ci n’ont
toutefois pas vocation à épuiser toutes les possibilités de recherches dont
l’amplitude demeure ouverte :

1) Enjeu définitionnel : qu’est-ce qu’un « artiste » ?
Un premier axe de la journée vise à définir les contours du groupe de ces «
petites mains d’artistes » : leurs origines et identités, leur sexe, leur
formation – la place pour la bidisciplinarité notamment –, leur position dans
l’institution : statuts, carrières, niveau d’intégration et de reconnaissance
institutionnelle, voire accession au statut de « scientifique ». Quels ont été
leurs rapports avec les « scientifiques » professionnalisés, mais aussi avec
les « artisans », fabricants d’instruments, opticiens etc. ? Quels partages,
quelles hiérarchies ces termes recouvrent-ils ?
On conserve, à ce stade, une définition ouverte de la catégorie, limitée
uniquement par une pratique « artistique » et un lien contractuel avec une
institution scientifique

2) Enjeu épistémologique : qu’apporte l’art à la fabrique des sciences et
réciproquement ?
- Quelles compétences et quelles capacités cognitives sont comprises sous la
dénomination « d’artiste » ? Fait-on, dans le champ scientifique, l’hypothèse
d’une sensibilité spécifique des artistes – finesse de l’audition des
musiciens mise en exergue par Helmholtz dans le cadre de ses études
acoustiques, compétence du regard – ou d’une maitrise d’un savoir incorporé,
de gestes, nécessaire peut-être alors que les pratiques scientifiques se
mécanisent, qui ferait des « artistes » un type d’artisan ?
- Quels effets de savoir ces rencontres et ces échanges arts/sciences
induisent-ils ? Quelle est la part des artistes dans l’élaboration des « modes
de production de savoir », qu’il s’agisse de matériaux (galvanosplastie), de
supports (photographie), d’artéfacts, voire des contenus eux-mêmes. ?

Les propositions de contribution (titre provisoire et résumé de 15 à 20 lignes
accompagnés d’une petite biographie/cv d’une demi-page) devront être envoyées
avant le 31 septembre 2016.
Ces deux journées sont conçues comme des ateliers susceptibles de faire
l’objet d’une publication ultérieure, si les résultats du travail commun
paraissent la justifier, sous une forme qui n’est pas définie a priori.

Contacts : Aude.Fauvel AT chuv.ch – laurence.guignard AT univ-lorraine.fr


  • [ATHENA] Atelier Petites mains d'artistes dans les pratiques scientifiques, "Laurence Guignard", 08/09/2016

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