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athena - [ATHENA] La recherche américaine à l'heure du nouveau président. Un article de S. Foucart in Le Monde (29 janvier 2017)

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[ATHENA] La recherche américaine à l'heure du nouveau président. Un article de S. Foucart in Le Monde (29 janvier 2017)


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  • Subject: [ATHENA] La recherche américaine à l'heure du nouveau président. Un article de S. Foucart in Le Monde (29 janvier 2017)
  • Date: Sat, 28 Jan 2017 17:35:30 +0100



Les scientifiques américains entrent en résistance

Gel des crédits, censures : l'administration veut mettre au pas la science de l'environnement et du climat 

Si l'initiative s'avère couronnée de succès, l'histoire retiendra qu'elle a commencé comme une simple conversation sur le site Internet Reddit. Le 21  janvier, quelques internautes discutent, sur ce réseau social, de l'organisation d'une Marche pour la science – à l'image de la Marche des femmes, qui a rassemblé plusieurs centaines de milliers de manifestants à  Washington, au lendemain de l'investiture de Donald Trump.

Six jours plus tard, vendredi 27  janvier, le mouvement avait son logo et son site, comptait près de 230 000 abonnés à ses comptes Facebook et Twitter, et annonçait que la date de la -manifestation serait arrêtée dans les prochains jours.

En une semaine, l'administration qui s'est installée à Washington a largement contribué à  cette mobilisation des scientifiques. Plusieurs événements ont mis le feu aux poudres.

Dès le 23  janvier, des informations de presse ont fait état du gel des financements accordés par l'Agence de protection de l'environnement (EPA) – contributions aux travaux de recherche sou-tenus par l'agence, bourses de thèse, participation à des projets de dépollution, etc.

Restrictions drastiques

L'institution – à la fois agence d'expertise et ministère de l'environnement – doit être confiée à Scott Pruitt. Lorsqu'il était -procureur général de l'Oklahoma, ce dernier, climatosceptique déclaré, a poursuivi à quatorze reprises l'agence dont il doit prendre la tête, selon le décompte du New York Times. A chaque fois, il contestait les décisions de l'EPA lors de ses contentieux avec des industriels.

En attendant le vote du Sénat confirmant l'arrivée de M. Pruitt à la tête de l'EPA, un mémo -interne obtenu par le Huffington Post indique que la direction de la communication de l'agence a  promulgué des restrictions drastiques à son personnel. Et ce, " jusqu'à ce que des directives soient reçues de la nouvelle administration " : " Aucun communiqué de presse ne sera publié vers l'extérieur ", " aucune publication sur les réseaux sociaux ne sera -publiée ", ni " aucun billet de blog "," aucun nouveau contenu ne sera déposé sur aucun site Web " maintenu par l'agence, etc.

Le mémo ajoute qu'un " conseiller en stratégie numérique rejoindra - l'agence - pour superviser les médias sociaux ", précisant que " le contrôle des comptes " des personnels de l'agence " devrait être plus centralisé " à l'avenir. Les comptes Twitter officiels de l'EPA sont muets depuis le 19  janvier.

Selon Myron Ebell, haut responsable du Competitive Enterprise Institute (un think tank financé par des intérêts industriels) et chargé par Donald Trump de -superviser la transition à  la tête de l'EPA, un tel gel des subventions accordées par l'agence n'est pas sans précédent. " Ils essaient de geler les choses pour être sûrs qu'il ne se produit rien qu'ils ne veulent pas voir se produire, a-t-il déclaré à ProPublica. Ils veulent être sûrs de pouvoir viser les réglementations en cours, les contrats, les subventions, les embauches avant qu'ils ne soient effectifs. "

Contrôle étroit

Pour peu que ce gel soit temporaire, il serait " une pratique similaire à ce que des administrations précédentes ont fait pendant la période de transition ", confirme le physicien Rush Holt, patron de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS), la société savante éditrice de la revue Science. " Cependant, ajoute-t-il, le niveau d'anxiété est tel qu'il faut faire éclater les ballons d'essai, avant qu'ils ne deviennent une politique permanente. "

Tout au long de la semaine écoulée, d'autres institutions -fédérales étroitement connectées au monde de la recherche se sont révélées soumises à un -contrôle étroit. Un mémo interne des National Institutes of Health, révélé le 24  janvier par une société savante - (l'American -Society for Biochemistry and -Molecular Biology), précise que les employés de l'institution de recherche biomédicale ne sont en outre pas autorisés, jusqu'à nouvel ordre, à  répondre aux sollicitations de parlementaires.

Des départements du ministère de l'agriculture (USDA) dévolus à la recherche agronomique ont également été sujets à de semblables contraintes, mais l'USDA a déclaré que le mémo interne dévoilé par la presse avait été envoyé par erreur.

En une semaine, une dizaine de comptes Twitter ont ainsi été créés pour remplacer les comptes des agences fédérales réduites au silence ou à un contrôle politique tatillon. Le compte " alternatif " de l'EPA (@altUSEPA), créé le 25  janvier, comptait 185 000 abonnés deux jours plus tard ; le compte " renégat " de la NASA (@RogueNASA), créé le même jour, avait de son côté 625 000 abonnés. Impossible, toutefois, de savoir si ces fils Twitter sont bel et bien, comme ils prétendent l'être, alimentés par des employés de ces agences fédérales entrés " en résistance ".

Le 24  janvier, la découverte que des Tweet anodins sur le changement climatique, émis par le compte du parc national des -Badlands (Dakota du Sud), avaient été effacés a suscité un émoi considérable sur les réseaux sociaux. Mais, selon des sources internes au parc, citées par leWashington Post, la suppression de ces messages aurait été décidée en interne, sans pressions extérieures.

D'autres révélations ont jeté plus de trouble encore. La veille, le Washington Post révélait que, deux semaines plus tôt, les -Centers for Disease Control and Prevention (CDC) annulaient discrètement une conférence internationale prévue pour se tenir en février à Atlanta, sur le thème du changement climatique et de la santé… Mais une société savante, l'American Public Health Association, a déclaré, le 27  janvier, qu'elle prendrait le relais des CDC et organiserait l'événement sans recourir à des fonds fédéraux. Les CDC n'ont pas répondu aux sollicitations du Monde.

Des principes " bafoués "

Plusieurs grandes sociétés savantes sortent ainsi de leur réserve. Le 26  janvier, Christine McEntee, directrice exécutive de l'American Geophysical Union (AGU) qui rassemble 60 000 chercheurs internationaux en sciences de la terre, écrivait à la direction intérimaire de l'EPA (nommée en attendant la validation de M. Pruitt par le Sénat) son " inquiétude à  propos des directives de l'agence pour faire cesser les communications avec le public "" Nous sommes préoccupés par le fait que ces directives -bafouent les principes d'intégrité et de transparence de la recherche, poursuivait Mme McEntee. Cela pourrait même violer les règles d'intégrité scientifique de votre propre agence. "

Outre la liberté de communiquer leurs résultats, des scientifiques employés par des agences ou des laboratoires fédéraux craignent surtout pour la sauvegarde de données scientifiques cruciales à la poursuite de leur activité de recherche.

" Peu après l'élection de novembre  2016, des scientifiques ont commencé à télécharger et à  archiver une variété de données sur le changement climatique, et à les stocker sur des sites d'archivage comme WayBackMachine ", raconte Rush Holt. Selon lui, l'inquiétude est telle que des entreprises de fourniture de gaz ou d'électricité archivent elles aussi, " par prudence extrême ", de telles données de crainte qu'elles ne soient bientôt plus accessibles.

Jusqu'à présent, rien n'a semble-t-il été effacé des serveurs tenus par des agences fédérales. " Le -Canada a récemment montré que des bases de données scientifiques pouvaient être détruites, dit le patron de l'AAAS. En  2014, le gouvernement - de Stephen Harper - a fermé un grand nombre de bibliothèques scientifiques et a détruit les archives qu'elles contenaient. C'est à cause de ces précédents que la communauté scientifique est hautement préoccupée des premières mesures de l'administration Trump et de ce qu'elles signifient pour l'intégrité future de -l'information scientifique. "

Stéphane Foucart




















  • [ATHENA] La recherche américaine à l'heure du nouveau président. Un article de S. Foucart in Le Monde (29 janvier 2017), histrecmed, 28/01/2017

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