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athena - [ATHENA] Séminaire « Imaginaires technologiques » 2018-2019

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Objet : Histoire des techniques

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[ATHENA] Séminaire « Imaginaires technologiques » 2018-2019


Chronologique Discussions 
  • From: alberto romele <romelealberto AT gmail.com>
  • To: athena AT services.cnrs.fr
  • Subject: [ATHENA] Séminaire « Imaginaires technologiques » 2018-2019
  • Date: Tue, 11 Sep 2018 17:23:28 +0200
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Chères et chers collègues,

Vous trouverez ci-dessous le programme du séminaire « Imaginaires technologiques » organisé par la chaire « Éthique et transhumanisme » de l'université catholique de Lille (ETHICS, EA7446).

Bien cordialement,

Alberto Romele

Programme
 
3 octobre :
Automatisme et Autonomie : IA et innovations dans l'armement
Edouard Jolly, Docteur en philosophie, IRSEM, Paris
 
7 novembre :
Les Rapports éthiques de l’individu numérique avec l'individu humain
Professeur Alexei Grinbaum, CEA-Saclay, Laboratoire de Recherche sur les Sciences de la Matière
 
12 décembre :
Séance de séminaire + workshop (en anglais)
Romantic Machines
Mark Coeckelbergh, Professor of Philosophy, University of Vienna
 
9 janvier :
Le futur de l'intelligence artificielle. Crise et responsabilité dans les imaginaires transhumanistes
Appoline Taillandier, Doctorante en sciences politiques, Sciences Po Paris.
 
6 février :
Quelle démocratie pour la démocratie technique ?
Adeline Barbin, Docteure en philosophie, Université Paris I Panthéon-Sorbonne
 
13 mars :
L’imaginaire de l’étude psychologique des états mentaux sans “conscience” : l’affective computing
Franck Cormerais, Professeur des sciences de l’information et de la communication, MICA, Université de Bordeaux III
 
3 avril :
L’éthique des technologies ordinaires
Michel Puech, Maître de Conférences en philosophie, Université de Paris-Sorbonne, Paris IV
 
5 juin :
Gouverner hors les normes, la gouvernementalité algorythmique. (titre provisoire)
Antoinette Rouvroy, chercheuse FNRS, Université de Namur (Belgique)
 
19-20 :
Séance de séminaire + workshop (en anglais)
Technosystem 
Andrew Feenberg, Canada Research Chair in Philosophy of Technology
School of Communication, Simon Fraser University (Canada)
 
 
Argumentaire
 
Dans l’année académique 2018-2019, nous inaugurerons le quatrième cycle du séminaire de la chaire de recherche « Éthique, Technologie et Transhumanismes ». À partir de cette année, nous élargirons la réflexion sur le transhumanisme en la confrontant à la philosophie des techniques. Le séminaire sera dédié à la question des imaginaires technologiques dont on peut considérer le transhumanisme comme une des expressions possibles.
Le « tournant empirique » en philosophie des techniques a aujourd’hui au moins vingt-cinq ans. Ce terme renvoie à l’intention défendue par maints chercheurs de marquer une distance avec le déterminisme, le pessimisme et finalement l’ignorance envers les technologies concrètes qui ont caractérisé la première saison de la philosophie des techniques – et, notamment, la philosophie des techniques humaniste ressortant de la pensée heideggérienne.
Philip Brey (2010) a observé qu’il faudrait plutôt parler de deux tournants empiriques en philosophie des techniques. Un premier tournant empirique s’est dessiné dans les années 1980 et 1990, lorsque de plus en plus de philosophes travaillant dans le sillage de la tradition humaniste s’affranchissaient de certaines de ses hypothèses et méthodes. Ce que cette approche a en commun avec la vieille tradition humaniste est le fait de se soucier de l’impact des technologies sur la société et la condition humaine. Au contraire, l’autre tournant empirique vise à expliquer les pratiques et les produits de l’ingénierie, indépendamment de leurs conséquences. Ses partisans affirment que la philosophie des techniques humaniste ne concerne pas vraiment la technique, mais la société. Les « humanistes », quant à eux, affirment que la philosophie des techniques orientée-ingénierie n’est pas à proprement parler une philosophie.
En regard de cette description, nous proposons ici de suivre l’hypothèse suivante à savoir, qu’au-delà des différences évidentes, ces deux courants de la philosophie des techniques partagent au moins une chose: l’exclusion de tout ce qui relève du langagier, du symbolique et en dernière instance de l’imaginaire. Si, d’un côté, cette attitude avait certainement une légitimité dans le passé, notamment en tant que grand refus du « tournant linguistique » qui avait dominé la philosophie durant une bonne partie du vingtième siècle, nous pensons qu’est arrivé le moment de faire rentrer par la porte principale ce qui avait été brutalement défenestrée.
Le but du séminaire « Imaginaires technologiques », quatrième cycle du séminaire de la Chaire « Éthique, Technologie et Transhumanismes », est précisément de penser la manière dont les technologies, ses conceptions et ses utilisations, sont toujours déjà investies d’une charge langagière, symbolique et imaginaire, individuelle et sociale. En effet, si on ne peut pas nier que chaque objet et chaque objet technique offre des affordances, c.-à-d. des utilisations possibles mais aussi des interdits, il est vrai aussi que ces mêmes objets, dans leur invention, construction et utilisation, dépendent dans une certaine mesure de cadres interprétatifs et compréhensifs individuels et collectifs.
Cette hypothèse, nous la fondons pour partie sur les signes de l’affaiblissement du paradigme empirique déjà bien présents dans la littérature. Dans le domaine des STS, on a par exemple les publications de Sheila Jasanoff sur les imaginaires sociotechniques (Jasanoff et Kim, 2015). En philosophie des techniques, Mark Coeckelberg et Wessel Reijers (2016) ont récemment introduit la notion de « technologies narratives ». La thématique, actuellement très débattue, de l’anthropocène ne peut pas être réduite à l’empirique : elle implique une « conception du monde » (faudrait-il dire de la Terre ?), des récits, et elle ouvre, semble-t-il, la voie à ce qu’Alexander Federeau (2017) appelle une « herméneutique planétaire ». Enfin, qu’est-ce que le transhumanisme sinon un ensemble d’imaginaires de la technique, aussi détaché des techniques réelles soit-il ? D’ailleurs, comme le démontre bien le dernier ouvrage de Gilbert Hottois (2017), précisément une réflexion sur le transhumanisme peut frayer le chemin à une philosophie spéculative des techniques qui se soustrait à l’alternative entre empirisme et humanisme. 
Le terme « imaginaire » que nous utilisons ici veut être suffisamment large et complexe pour accueillir une pluralité des voix et des perspectives. Il se réfère, en premier lieu, aux fantasmes et aux précroyances individuelles qui impactent les usages et la perception même d’une technologie. Si la philosophie des techniques s’est souvent limitée à se réjouir de notre extension/hybridation technique,  à dire que nous sommes « artificiels par nature », nous voulons au contraire insister sur les difficultés, les craintes, les espoirs et les croyances qui médiatisent cette médiation technique pourtant essentielle. Le rapport avec les technologies que nous utilisons, qui nous entourent ou que nous implantons dans nos corps n’est jamais immédiat et continu. Il suffit à ce propos de penser aux enjeux psychologiques complexes qui accompagnent le rapport d’un individu avec ses prothèses (Lindenmeyer, 2017). Et même quand ces relations techniques semblent immédiates et « transparentes », elles le sont toujours grâce à une charge symbolique et imaginaire qui les accompagne et les soutient. Pensons, entre autre, aux mythes qui alimentent nos relations d’altérité avec les machines algorithmiques, ou encore à la fascination que nous subissons face aux belles images et aux interfaces « amicales » de nos ordinateurs et de nos téléphones portables.
En un second lieu, le terme « imaginaire » renvoie à la société. Paul Ricœur (2005) parle notamment d’une tension entre idéologie et utopie dans l’imaginaire social, la première visant à maintenir le status quo, la deuxième à le renverser. Les technologies peuvent en effet soutenir et être soutenues par les deux mouvements. L’histoire des sociétés humaines est riche de techniques et technologies de domination, exclusion et discrimination, comme les ponts d’autoroute « racistes » construits par Robert Moses et décrits par Langdon Winner (1980). Mais maintes technologies ont aussi été crées, ou ont été vues comme modèles pour dénoncer et éventuellement essayer de changer les inégalités et injustices sociales. Il suffit à ce propos de penser à la manière dont Internet à été investi à une certaine époque (hélas, désormais très lointaine) d’un rêve de partage démocratique des savoirs. Et d’ailleurs, l’éthique par design nous enseigne que les technologies peuvent se faire (précisément parce que elles le sont toujours déjà) porteuses de valeurs et de conceptions de la réalité sociale. À ce propos, il est intéressant d’observer comment même les accusations de paternalisme portées contre l’éthique par design (Floridi 2016) sont alimentées par un imaginaire, libéral et rationaliste.
Troisièmement, le terme « imaginaire » rentre pour nous dans les procès d’invention et innovation technologique. Nous pensons, bien évidemment, au cours de Gilbert Simondon (2014) sur imagination et invention, mais aussi à la place donnée à l’imaginaire dans l’action technique par Patrice Flichy (2001). En particulier, Flichy propose un cycle qui va de l’utopie de rupture jusqu’à l’idéologie-mobilisation. Il envisage aussi la possibilité d’une séparation entre le technologique et l’imaginaire, la fuite de ce dernier dans une utopie fantasmagorique sans aucune relation avec la réalité des laboratoires et les autres lieux du développement technologique. Si donc il sera important pour nous de reconnaître le rôle des imaginaires dans l’évolution des ensembles techniques, il sera aussi important de rendre compte des distances entre ce qui se fait et ce qui se dit (et ce qu’on espère) dans l’univers des technologies contemporaines et émergentes. Pour cette raison, le séminaire « Imaginaires technologiques » n’accueillera pas seulement des philosophes et des théoriciens, mais aussi des praticiens et des ingénieurs qui nous aiderons à comprendre la différence entre une imagination technologique productrice et une pure rêverie.​

Attachment: dépliant chaire ethics 2018.pdf
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  • [ATHENA] Séminaire « Imaginaires technologiques » 2018-2019, alberto romele, 11/09/2018

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