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[ATHENA] Lettre d'information des Archives Henri-Poincaré - juillet-août 2019
Chronologique Discussions
- From: Pierre Edouard Bour <pierre-edouard.bour AT univ-lorraine.fr>
- Subject: [ATHENA] Lettre d'information des Archives Henri-Poincaré - juillet-août 2019
- Date: Fri, 5 Jul 2019 11:57:46 +0200
Consultez la lettre en ligne si ce message ne s'affiche pas correctement Vie du laboratoireNotre collègue Fabien
Knittel (ci-contre à gauche), membre associé du
laboratoire, soutient son HDR le 6 juillet à Bordeaux.
Le dossier est intitulé : Transformations
agronomiques, transitions techniques, dynamiques
rurales (France, 19e siècle). Toutes nos
félicitations anticipées.
Baptiste Mélès (ci-contre, à droite) sera au Brésil cet été, du 12 au 25 août, dans le cadre du programme Capes-Cofecub "Informatique et Philosophie : interactions contemporaines" : il participera à un colloque sur Ilha Grande et prononcera quelques conférences à Rio de Janeiro. Nous accueillerons à la rentrée deux
nouveaux doctorants contractuels. Julien Borgeon (Nancy)
travaillera sous la direction de Léna Soler à une thèse
intitulée : "Une autre science est-elle possible ?
Pouvoirs et valeur des expériences de pensée vis-à-vis
de la contingence ou de l’inévitabilité des pratiques et
connaissances scientifiques". Rémy Poels (Nancy, ENS) travaillera sur
la question du mal chez Schopenhauer sous la direction
de Christophe Bouriau et Peter Welsen. Enfin Marion
Sabel (Strasbourg) effectuera sa thèse sur le sujet :
"Vices ou vertus de la médecine. L'effet placebo, entre
controverse scientifique et éthique", sous la direction
de Jean-Christophe Weber et Catherine Allamel-Raffin. Avec Nicolas Lasolle (contrat
doctoral LUE OLKI), cela fait donc 4 doctorants
contractuels cette année. Félicitations et bienvenue à
eux ! Après 4 mois au laboratoire, Amélie de Casabianca nous quitte. C'est la titulaire du poste, Céline Demirbas, qui est de retour depuis le 1er juillet et s'occupera de la gestion administrative et financière de l'équipe pour le côté strasbourgeois. Bon retour à elle ! Céline revient au moment où commencent des travaux qui devraient durer 6 mois, au 2e étage du 7, rue de l'Université. Nous sommes heureux d'annoncer l'ouverture, en septembre, d'une double licence philosophie-économie à l'Université de Lorraine. Les cours auront lieu à la Faculté de Droit, Sciences Économiques et Gestion de Nancy ainsi que sur le Campus Lettres et Sciences Humaines de Nancy. Pour en savoir plus : https://fac-droit.univ-lorraine.fr/sites/fac-droit.univ-lorraine.fr/files/licence_double_eco_philo.pdf Les locaux nancéiens du laboratoire seront fermés du 27 juillet au 18 août. Nous vous souhaitons de bien profiter de cet été et vous retrouverons en septembre ! Séminaires et groupes de travail
Manifestations
Hors les murs
Du côté des projetsLe site
web "Les procès-verbaux du Bureau
des longitudes (1795-1932)" (http://bdl.ahp-numerique.fr/)
a été mis à jour. Vous y trouverez
un nouveau focus : "Charcot et
l'année polaire internationale
de 1932-1933", rédigé par
Frédérique Rémy. Les
transcriptions intégrales des
procès-verbaux du Bureau des
longitudes pour les années 1892 et
1893 ont été mises en ligne. Dans le cadre du projet IMPACT LUE OLKI (Open Language and Knowledge for Citizens), un postdoctorat sera co-encadré par les Archives Henri-Poincaré (Cyrille Imbert et Anna Zielinska) et le LORIA (Christophe Cerisara) sur le sujet suivant : "Ethics of AI and IT". Un appel à candidatures international sera bientôt publié. Des nouvelles du projet éLV (Archives numériques de l'école de Lvov et de Varsovie) : depuis le 18 juin les deux Cahiers de recherches liés avec le projet, "Pragmaties" (https://elv.hypotheses.org/) et "HyperTwardowski. Cahier métanumérique" (https://hyt.hypotheses.org/), sont accessibles à partir du site principal www.elv-akt.net (site en cours de transformation). Vient de paraître
Zoom sur ... le projet "Une pensée créatrice en science. L’élaboration de la connaissance chez Carl Gustav Jung à travers l’étude du Livre Rouge (1913-1930)", d'Armelle Line Peltier (thèse soutenue le 28 juin 2019)En 1913, Carl Gustav Jung
est dans une période de « désorientation »
suite à plusieurs facteurs comme l’arrêt de
son amitié et collaboration avec Freud et la
fin de son travail de psychiatre au célèbre
hôpital psychiatrique le Burghölzli.
Il vit des visions qui sont difficiles à
supporter car elles le submergent
spontanément, mais en tant que psychiatre il
prend conscience de leur valeur et note
cette activité psychique dans des sortes de
brouillons appelés les Cahiers noirs. Il
y voit là l’occasion d’observer et d’étudier
de manière inédite les phénomènes
psychiques, c'est-à-dire que jusqu’à présent
il n’avait la connaissance de tels
phénomènes que de manière indirecte par
l’observation des patients (à la troisième
personne) alors que cette expérience lui
permet de connaître intimement la psyché et
ses phénomènes, de la manière la plus
directe qu’il soit (à la première personne).
Jung commence alors à élaborer une routine
mélangeant différentes méthodes afin de
poursuivre cette expérience en maîtrisant
les visions et leur production : il passe
ainsi du statut de spectateur à celui
d’acteur. Il poursuit cette expérience
psychique jusqu’en 1916. À un moment donné
de son expérience, il ressent le besoin de
donner une forme esthétique à ce travail, et
en 1915 il commence la rédaction au propre
des Cahiers noirs, en
calligraphiant le récit de son expérience
dans un codex moyenâgeux qu’il nomme Liber
novus, et qu’il illustre de
très nombreuses peintures et enluminures –
et dont le texte est écrit sous forme
symbolique. Il mène cette tâche pendant
encore quinze années et s’arrête en 1930
laissant ce travail inachevé. Il écrit à ce
propos : Je pris conscience de ne pas avoir parlé jusque-là la langue qu’il fallait et de devoir encore la traduire. Ainsi, j’ai renoncé à temps à l’«esthétisation» et je me suis concentré très sérieusement sur la compréhension indispensable. J’avais compris que tant d’imagination nécessitait un terrain solide, et que je devais tout d’abord revenir entièrement dans la réalité humaine. Cette réalité, pour moi, était la compréhension scientifique. Il me fallait tirer des conclusions concrètes des connaissances que l’inconscient m’avait transmises, et cela devint la tâche de ma vie et son contenu. Jung explique ici que l’ouvrage et l’expérience sont indéniablement importants dans sa carrière en ce qu’ils possèdent pour lui un « contenu de connaissance sur la psyché ». À plusieurs reprises au cours de sa carrière, Jung témoigne du rôle de l’expérience dans le cadre de l’élaboration de ses théories en insistant sur le caractère de « matière première pour l’œuvre d’une vie » que revêt pour lui l’ouvrage. Jung ne publie jamais le Liber novus, qui paraît finalement en 2009 en langue allemande, et en 2011 en langue française sous le titre Le Livre Rouge à cause de sa reliure de cuir la même couleur. Notre thèse d’épistémologie et d’histoire des sciences analyse et tente de comprendre l’élaboration de la connaissance chez Carl Gustav Jung (1875-1961) à travers l’étude du Livre Rouge (1913-1930). Nous apposons un regard épistémologique sur ce moment particulier de la création de connaissance qu’est l’expérience de Jung, en tant qu’elle constitue la « boîte noire » dont nous n’avons habituellement pas assez. Nous souhaitons alors expliciter ce contexte de création en analysant chronologiquement la pratique et la pensée de Jung depuis ses études en psychiatrie en 1900 jusqu’à la fin de l’expérience du Livre Rouge en 1930. D’après les témoignages de Jung, l’ouvrage et son expérience revêtent un caractère crucial dans la formation de ses connaissances et c’est précisément ce que nous tentons de saisir en apposant une grille d’analyse composée des théories de Paul Karl Feyerabend (1924-1994) contenues, entre autre, dans Contre la méthode (1975). Les thèses de P. K. Feyerabend sont décrites par lui-même comme étant anarchistes en ce qu’elles tentent de montrer une réalité scientifique dans laquelle les scientifiques ne sont pas des machines, mais des humains qui agissent et réfléchissent selon la passion, les erreurs, l’opportunisme, etc. En résumé, la science est un moyen de connaître parmi d’autres, qui n’est pas aussi rigide qu’on pourrait le croire. À cet effet, les théories de P. K. Feyerabend nous apparaissent comme assez générales tout en étant assez précises, pour comprendre l’élaboration de la connaissance chez Jung. Nous supportons notre discours par d’autres outils épistémologiques, venant étayer cette grille de lecture. Nous souhaitons étudier l’élaboration de la connaissance chez Jung au sens d’un savoir qui se crée. À cet effet, Edgar Morin souligne la multiplicité de sens que possède la notion de connaissance et les différents aspects qu’elle recouvre comme la vérité, l’erreur, la croyance, l’idée, la théorie, etc. Il explique à ce propos : Si la notion de connaissance se diversifie et se multiplie quand on la considère, nous pouvons légitimement supposer qu’elle comporte en elle diversité et multiplicité. Dès lors, la connaissance ne saurait être réduite à une seule notion, comme information, ou perception, ou description, ou idée, ou théorie ; il faut plutôt concevoir en elle plusieurs modes ou niveaux, auxquels correspond chacun de ces termes. Et il propose, non pas une définition stricte de la connaissance, mais une description de son fonctionnement : « D’autre part, toute connaissance comporte nécessairement : a) une compétence (aptitude à produire des connaissances) ; b) une activité cognitive (cognition) s’effectuant en fonction de cette compétence ; c) un savoir (résultant de ces activités) ». La connaissance ainsi pensée est une activité de l’esprit rendu possible par un individu qui a cette compétence. Le résultat est un savoir. Cette définition, large, ne correspond pas toujours à la manière qu’à la science normative de considérer la connaissance et de tenter de la produire puisque : « La connaissance est donc bien un phénomène multidimensionnel, dans le sens où elle est, de façon inséparable, à la fois physique, biologique, cérébrale, psychologique, culturelle, sociale ». C’est selon cette optique large de la connaissance que nous étudions la création du Livre Rouge. Notre thèse consiste à expliquer et à comprendre l’expérience du Livre Rouge et son contenu du point de vue de l’élaboration de la connaissance chez Jung. Nous souhaitons expliquer de quelle manière Jung fait l’expérience si singulière qui est la sienne, tout en l’intégrant à son travail. De cette problématique épistémologique générale découle plusieurs questionnements : quelles sont les sources amenant Jung à faire cette expérience ? Quelle est cette expérience et comment peut-elle être définie ? Dans quelle mesure l’expérience et le contenu du Livre Rouge procèdent de continuités et/ou de ruptures dans la carrière de Jung ? Quelle est le statut épistémologique du Livre Rouge pour Jung ? Pour répondre à cette problématique notre thèse se compose de cinq chapitres. Nous abordons tout d’abord les années de formation scientifique de Jung depuis son travail de psychiatre au Burghölzli, en passant par sa collaboration avec Freud jusqu’au début de l’expérience du Livre Rouge. Nous exposons ensuite notre grille d’analyse épistémologique globale et concise composée des thèse de P. K. Feyerabend. Dans un chapitre suivant, nous tentons de définir la création du Livre Rouge du point de vue de la méthodologie utilisée par Jung en nous référant aux témoignages de ce dernier à son propos, et en y apposant notre optique d’épistémologue. Nous descendrons ensuite à un niveau plus précis en explicitant le contenu même du Livre Rouge et ses critiques envers les thèmes de la science et des modes de connaissances. À cet effet, nous présentons le contenu de l’ouvrage comme le miroir de la pratique qui l’a crée. Enfin, un dernier chapitre nous permet d’exposer plus globalement une analyse de l’expérience du Livre Rouge en terme de construction d’un système holistique aussi bien théorique que pratique. Ceci nous amène à considérer la démarche de Jung en terme de contexte de découverte et de contexte de justification, afin de préciser le type d’administration de la preuve qui en découle.
Toutes nos excuses pour les envois multiples ! © 2019 - Archives Henri-Poincaré - Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine / Université de Strasbourg)
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- [ATHENA] Lettre d'information des Archives Henri-Poincaré - juillet-août 2019, Pierre Edouard Bour, 05/07/2019
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