[ATHENA] Séminaire ANR Experts Bâtiments - Lundi 9 décembre - 14h-17h - La notion d'incertitude

["Robert Carvais" <rcarvais AT noos.fr>]

Chèr(e)s collègues,

 

Nous reprenons le séminaire inauguré l’année dernière et organisé dans le cadre de notre projet de recherche «Pratiques des savoirs entre jugement et innovation. Experts, expertises du bâtiment, Paris 1690-1790 », soutenu par l’Agence national de la recherche (https://anr.fr/Projet-ANR-17-CE26-0006 ).

 

Les six séances se dérouleront les lundis après-midi selon le calendrier ci-dessous pour 2019-2020, de 14h à 17h, à l’ENS – Campus Jourdan, 48, boulevard Jourdan, 75014 Paris, 3^e étage : R2-03. Deux communications seront présentées sur le thème de la séance et donneront lieu à un débat en interaction avec le projet initial.

 

Les enseignant(e)s, chercheurs(e) et doctorant(e)s intéressé(e)s par ce projet pluridisciplinaire y sont les bienvenu(e)s. Nous nous trouvons à la croisée de l’histoire des techniques, de l’histoire de l’économie et de celle du droit. Les questions du numérique et de l’analyse de réseaux se trouvent également au cœur de notre projet.

 

Pour la première séance du 9 décembre prochain consacrée à la notion d’incertitude, nous recevrons

 

Laurent Dousset, Comment l’homme fait-il face aux situations d’incertitude ? Une vision anthropologique 

 

J’utilise la notion d'incertitude, et par extension la situation d'incertitude, comme un outil heuristique. Elle est toujours individuelle, mais tente de se socialiser en devenant, le cas échéant, des moments de formalisation et d'anticipation sociale. Ces situations d'incertitude sont ainsi des moments productifs et parfois "créatifs" de reproduction ou de transformation des règles socioculturelles. Il existe des tensions entre les manières de résoudre les incertitudes adoptées par les acteurs individuels. Leur capacité à faire émerger un consensus dépend de leur légitimité, mais par rétroaction la renforce également, avec des conséquences sur l'organisation politique locale.

Ce que je veux dire est globalement que les moments d'incertitude sont des moments "positifs" en ce sens qu'ils clarifient les rapports sociaux, permettent les transformations sociales, ou, le cas échéant, la reproduction et confirmation des normes et institutions existantes. Les cas particuliers qui pourraient être présentés sont les accusations de sorcellerie en Mélanésie ou quelques petits exemples australiens.

 

Laurent Dousset est directeur d’études à l’EHESS, membre du CREDO (Aix-Marseille Université, CNRS, EHESS, CREDO UMR 7308) et du Labex Corail. Il mène des recherches en Australie, en particulier dans Désert de l’Ouest, étudiant la parenté, l’organisation sociale, l’histoire des premiers contacts et les transformations sociales. Depuis 2008, il conduit également des enquêtes au Vanuatu sur la relation entre les formes locales et nationales d’_expression_ et de perception du pouvoir. Parmi ses nombreux ouvrages et articles comptent Mythes, missiles et cannibales. Le récit d'un premier contact en Australie (Société des Océanistes, 2011) et Pour une anthropologie de l'incertitude (CNRS Éditions, 2018).

 

Julien Prudhomme (par viso-conférence) Les politiques de l’incertitude face au diagnostic de dyslexie

 

Je proposerai une intervention en deux temps. Brièvement, je soumettrai d’abord quelques considérations sur l’arrimage des concepts d’expert, d’expertise et de geste d’expertise dans le cadre de l’ouvrage pluridisciplinaire Experts, sciences et sociétés.  À mon sens, la sociologie des professions met en valeur l’étude des « gestes d’expertise » comme expérience commune de l’inégalité épistémique, dont le « diagnostic » est une figure connue.  Ensuite, je présenterai le cas de la concurrence sur le marché de l’évaluation de la dyslexie au Québec depuis 1990.  La production de diagnostics de dyslexie est une activité incertaine et cette incertitude produit divers effets sur les politiques de l’expertise.  D’une part, elle stimule une concurrence entre deux stratégies professionnelles très contrastées : l’affirmation d’un savoir monopolistique ou le refus de l’expertise catégorielle sur la difficulté scolaire.  D’autre part, elle incite les pouvoirs publics à entretenir une attitude opportuniste, voire paradoxale, en oscillant entre ces deux pôles selon les circonstances.  Le cas d’un procès particulier servira à exposer ces politiques de l’incertitude et à montrer comment les acteurs adaptent leurs stratégies respectives devant les tribunaux.

 

Julien Prud’homme est professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il est spécialiste de l’histoire de l’expertise dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la production économique aux 20e et 21e siècles. Ses travaux en cours portent sur la médicalisation des enfants à travers une histoire des difficultés scolaires, de l’autisme et de la déficience intellectuelle. Il développe des projets sur l’essor des métiers experts et leur impact sur les hiérarchies sociales, les rapports de pouvoir et les politiques publiques. Ses activités d’enseignement couvrent l’histoire générale du Québec et du Canada, l’histoire des sciences, de la santé et de l’éducation, ainsi que l’épistémologie des sciences sociales.

 

- François Claveau et Julien Prud'homme (dir.), Experts, sciences et sociétés. Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal (coll. «Libre Accès»), 2018. https://pum.umontreal.ca/catalogue/experts-sciences-et-societes

- Julien Prud’homme, Instruire, corriger, guérir? Les orthopédagogues, l'adaptation scolaire et les difficultés d'apprentissage au Québec, 1950-2017. Presses de l’Université du Québec, 2018.

- Julien Prud’homme, Professions à part entière. Histoire des ergothérapeutes, des orthophonistes, des physiothérapeutes, des psychologues et des travailleuses sociales au Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2011.

- Julien Prud’homme, Histoire des orthophonistes et des audiologistes au Québec, 1940-2005. Pratiques cliniques, aspirations professionnelles et politiques de la santé, Montréal, Presses de l’Université du Québec, 2005.

 

Programme

 

-          9 décembre 2019 : L’incertitude

 

-          27 janvier 2020 : L’utilisation d’ontologies pour la prosopographie numérique.

 

-          2 mars 2020 : Le paradoxe : savoir/pouvoir

 

-          30 mars 2020 : Le voisinage

 

-          18 mai 2020 : L’entrepreneur

 

-          15 juin 2020 : La valeur et le marché immobilier

 

Bien cordialement

 

Robert Carvais

Pour l’équipe de recherche