Chères et chers collèges,
je profite du message de Robert Carvais, historien du droit, pour vous rappeler qu'aujourd'hui, le projet de loi Retraites (en PJ) passe en Conseil des Ministres.
Prochaine étape Conseil social, économique et environnemental, avant la présentation à l'Assemblée dans la foulée.
Compte tenu de l'équilibre des forces au sein du Parlement, et du comportement autoritaire du gouvernement, l'Assemblée ne tiendra pas compte d'éventuels amendements du Sénat. Le texte qui est en PJ est peu ou prou celui qui sera voté.
Delà, l'application ne se fera pas par décret (régi par une conformité à la loi), mais par ordonnance, ce qui autorise le gourvenement d'y mettre ce qu'il veut. L'ordonnance ayant valeur de loi, il n'y aura pas recours vraiment possible.
La lecture du texte de l'avant-projet est très éclairante : un préambule qui utilise une forme d'antilangage ; et des dispositions à base de promesses diverses, et d'actions très concrètes d'ouverture du pactole des retraites à des fonds de pension extérieus.
Pour info, je vous lire 2 enregistrements videos réalisés par mes collègues d'AMU, Isabelle Luciani, historienne (sur la LPPR) et Corine Eyraud, sociologue, sur les retraites. .
Vous savez que l'heure est grave. Je ne sais pas si vous en avez pris la mesure.
Je cite (à propos d'un amendement passé sans discussion à 22h30, sans débat, qui autorise les policiers à faire fermer des plateformes web sans en référer à un juge)
Le gouvernement semble s’être lassé de la comédie démocratique.
L’avis des parlementaires n’a plus aucune conséquence sur le processus
législatif : à quoi bon leur permettre de s’en faire un ? Autant gagner
du temps et leur demander de tout signer à la dernière minute et sans
leur expliquer.
Je ne suis pas la seule à être très inquiète sur l'avenir à court terme de notre démocratie, bien réveillée depuis quelques semaines.
Le situation est vraiment inédite, et ne peut nous laisser continuer à vaquer à nos occupations que nous aimons temps. Nous avons besoin de vous toutes et tous, de votre imagination ou simplement de soutien.Il est temps prendre la peine de participer pour quelques jours, ou plus longtemps à la défense républicaine et de notre projet de société
Stéphane Pouyllau, que je salue, précisera certainement que mon message ne relève pas de ce qui doit s'y poster. Je lui répondrai que l'activité universitaire repose, entre autres, sur l'absence de censure. En l'espèce,l'application du loi de censure hors du contrôle d'un juge, m'incite à propos de cette liberté, tant qu'il est encore temps.
Meilleures salutations,
Christelle Rabier
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maîtresse de conférences en sciences sociales, Ehess (site Marseille) engagée à lutter contre la destruction de l'Université et de ses valeurs
« L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Seule la lutte libère »
Thomas Sankara, Discours à l'ONU, 4 octobre 1984)