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athena - [Athena] GDR TPH - Atelier-concept « Technique, technologie - 1 » 30 novembre 2020

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Objet : Histoire des techniques

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[Athena] GDR TPH - Atelier-concept « Technique, technologie - 1 » 30 novembre 2020


Chronologique Discussions  
  • From: Liliane Pérez <liliane.perez AT wanadoo.fr>
  • Subject: [Athena] GDR TPH - Atelier-concept « Technique, technologie - 1 » 30 novembre 2020
  • Date: Fri, 13 Nov 2020 18:57:07 +0100

Cher.e.s collègues

 

Veuillez trouver ci-dessous le programme de l’atelier-concept « Technique, technologie – 1 » du GDR 2092 « Techniques et production dans l’histoire », qui aura lieu le 30 novembre 2020. Un 2e atelier aura lieu le 25 janvier 2021.

 

Lien visio-conférence sur Big Blue Blutton : https://webinaire.ehess.fr/b/hil-g33-wlb

 

Bien cordialement,

Guillaume Carnino, Liliane Pérez, Catherine Verna.

 

 

 

GDR 2092 « Techniques et production dans l’histoire » (TPH)

 

Technique, technologie - 1

 

30 novembre 2020

 

Techniques et production dans l'histoirelogo CAK hdp

 

 

Lien visio-conférence sur Big Blue Blutton : https://webinaire.ehess.fr/b/hil-g33-wlb

 

9h30 : Introduction

 

Session 1 – Définitions et périodisations

Présidence : Guillaume Carnino (Univ. de Technologie de Compiègne, COSTECH), Liliane Hilaire-Pérez (Univ. de Paris/ICT, EHESS/ Centre Alexandre Koyré)

 

10h-10h45: Isabelle Warin (ANHIMA)

La notion de tekhnê (τέχνη) en Grèce antique          

« Tous les arts (tekhnai) chez les hommes viennent de Prométhée » (Eschyle, Prométhée enchaîné, v. 506) : l’histoire commence ici avec le Titan Prométhée qui déroba les tekhnai – les techniques  – à Héphaïstos et Athéna et le feu à Zeus pour les donner aux hommes. C’est un acte fondateur pour l’humanité qui s’affranchit ainsi de l’emprise divine. La maîtrise des tekhnai constitue dès lors la part divine qui réside dans l’être humain.

Dans l’Antiquité, le mot tekhnê recouvre une infinie variété de formes de savoirs, comme par exemple la poésie, la rhétorique, la médecine ou bien les mathématiques. Ce sont les philosophes qui ont largement contribué à définir la tekhnê, dont le champ sémantique évolue entre pratique empirique (empeiria) d'une part et science (epistêmê) d'autre part. Notre compréhension de cette notion est encore aujourd’hui rendue difficile non seulement par la nature des sources conservées qui sont essentiellement des traités de philosophie, mais aussi par la richesse sémantique du mot à travers les âges et également par les présupposés modernes concernant les notions de « technique » et de « science », autant de points sur lesquels nous nous proposons de revenir ici.

Le deuxième aspect de notre contribution concerne les détenteurs d’une tekhnê. Se pose ici un double problème : d’un côté, l’ambiguïté de la pensée grecque à l’égard de ceux qui maîtrisent une tekhnê et de l’autre la pensée moderne et ses préjugés qui associent encore trop souvent la tekhnê à l’artisanat. Les historiens de la Grèce antique ont ainsi largement contribué à faire de l’artisan, le « héros secret de l’histoire grecque » (P. Vidal-Naquet). Sur ces questions, les vestiges archéologiques jouent un rôle important qui reste cependant encore trop souvent sous-estimé par les historiens de l’Antiquité. 

Dans cette contribution, nous reviendrons ainsi d’une part sur les étapes décisives de l’histoire du mot tekhnê dans la pensée grecque antique, de l’œuvre homérique à l’époque hellénistique. Nous tenterons ensuite à partir de quelques exemples de brosser un tableau, forcément succinct, des détenteurs de tekhnai dans l’Antiquité. Notre travail s’appuiera à la fois sur les sources écrites obligatoires pour tenter de comprendre la notion dans son évolution temporelle, et sur les vestiges archéologiques indispensables pour saisir toute l’ampleur des tekhnai.    

The notion of tekhnê (τέχνη) in ancient Greece.

« Every art (technai) of mankind comes from Prometheus » (Aeschylus, Prometheus Bound, v. 506): The story begins here with Titan Prometheus who stole the technai from Hephaistos and Athena and the fire from Zeus to give them to the humans. This act founded therefore the mankind by freeing it from the divine ascendancy. Mastery of technai constitutes the divine part inhering in each human being.

In Antiquity the word tekhnê applies to a wide range of fields and knowledge for example poetry, rhetoric, medicine or mathematics. The philosophers largely contributed to the definition of tekhnê. It extends between empirical practice (empeiria) on the one hand to science (epistêmê) on the other. For two reasons it is difficult for us to gain a proper understanding of tekhnê – the nature of the sources and the semantic richness of the word over the time on one side and modern assumptions about « technology » and « science » on the other side.

A second point of our presentation deals with the individuals mastering a tekhnê. There are two problems: On the one hand, the ambiguity of the Greek thought towards those who master a tekhnê and on the other the modern thought and its prejudices which associates tekhnê and craftmanship. Historians in ancient Greek history have thus made the craftsman the « secret hero of Greek history » (P. Vidal-Naquet). Archaeological remains play here an important role too often underestimated by historians.   

In this contribution, we will go back to the decisive stages of the history of the tekhnê in ancient Greek thought, from Homer to the Hellenistic time. On the other hand, we will try to draw a picture of the tekhnê holders through a few examples. Our work will be based on both the written sources being crucial to understand the word and its evolution and the archaeological remains essential to understand the full scope of the tekhnai.

 

10h45-11h30 : Marcos Camolezi (HASTEC, Centre Alexandre Koyré)

Pour une histoire de « la technique » : le concept à travers les dictionnaires, 1800-1926

Dans cette communication, nous souhaitons contribuer à l’historicisation du concept de « technique ». En vue d’atteindre cet objectif historiographique, nous pouvons commencer par une étude lexicographique. Nous proposons un historique des premières occurrences du substantif féminin « la technique », dont l’apparition est plus récente que celle de l’adjectif homonyme. Ensuite, nous montrerons que ce substantif, et ses variantes allemande ou anglaise, ne fut reconnu dans les lexiques d’usage général qu’à partir du début du xixe siècle. Nous indiquerons à partir de quelle date « la technique » fut répertoriée en français, en anglais et en allemand ; nous montrerons comment les principaux lexiques grecs et latins publiés au xixe siècle utilisaient le terme « technique » pour définir, exemplifier ou traduire des mots à la racine « techn- » ; nous identifierons l’émergence et la propagation des sens fondamentaux assignés à ce terme dans les lexiques publiés au xixe siècle. De cette façon, nous espérons mettre en évidence une histoire errante de « la technique ». En effet, les lexicologues ne paraissaient pas toujours sûrs de ce qu’on devait faire de ce substantif : méritait-il une nouvelle entrée, était-il un mot étranger, un synonyme d’art, un « vieux nom » ? Par ailleurs, la plupart des définitions que l’on en donna jusqu’au début du xxe siècle ne concordent pas parfaitement avec « la technique » à laquelle nous, lecteurs contemporains, songeons aujourd’hui. De définition en définition, nous arriverons ainsi à la première entrée consacrée à substantif dans l’acception qui pourrait être à l’origine de l’âge de « la technique » en France dans le xxe siècle.

For a history of la technique: the concept through dictionaries, 1800-1926

The main goal of this paper is to contribute to the historicizing of the French concept of “technique.” In order to reach this historiographical objective, I would like to begin with a lexicographical study. I propose thus a history of the first occurrences of the French feminine noun “technique,” whose emergence is more recent than that of the homonymous adjective. I wish to demonstrate that this noun, as well as its German or English cognates, was not recognized in general lexicons until the beginning of the 19th century. I will present the dates from which “technique” and its cognates were listed in French, English and German; I intend to show how main Greek and Latin lexicons published in the 19th century used the term “technique” to define, exemplify or translate words with the root “techn-”; I expect to identify the emergence and spread of the fundamental meanings assigned to that term in the lexicons published in the 19th century. By doing so I hope to highlight a wandering history of la technique. Indeed, lexicologists did not always seem sure what to think of that noun: did it deserve a new entry, was it a foreign word, a synonym of art, an “old name”? Moreover, most of the definitions that were given until the beginning of the 20th century do not correspond perfectly with the “technique” that we, contemporary readers, are currently using. From definition to definition, I wish to arrive at the first entry devoted to that noun in the sense that could be at the origin of the age of la technique in France in the 20th century.

 

Pause

 

11h45-12h30 : Jérôme Baudry (EPFL, Laboratoire d’histoire des sciences et des techniques)

La Technologie et les brevets d’invention aux xviiie et xixe siècles

Dans les régimes de brevets d’invention qui se mettent en place au xviiie siècle, d’abord en Angleterre puis aux États-Unis et en France, la description (par le texte, l’image, le modèle, l’échantillon) occupe un rôle central. Elle permet d’opérationnaliser l’idée de contrat au fondement du brevet : protection contre divulgation. D’année en année, les « specifications » anglaises et américaines et les « mémoires descriptifs et explicatifs » français viennent alimenter une immense littérature technologique, dont la particularité est d’être (en principe) écrite par les inventeurs eux-mêmes. Dans cette communication, je propose d’explorer les styles et les techniques de représentation mis en œuvre dans les brevets d’invention, principalement en France, mais aussi en comparaison avec l’Angleterre et les États-Unis. L’étude de la diversité et de l’évolution de ces représentations dessine en creux tout à la fois une histoire renouvelée des brevets et de leurs usages, et une histoire de la pensée de la technique au xixe siècle.

Technology and patents in the eighteenth and nineteenth centuries

Description (through texts, images, models or samples) played a central role in the patent systems that emerged in the eighteenth century, first in England, later in the United States and in France. Description ensured that the contract—protection in exchange for disclosure of the invention— justifying the existence of patents worked not only in theory but also in practice. Gradually, English and American “specifications” and French “mémoires descriptifs et explicatifs” contributed to a large body of technological literature, the particularity of which is that it was (in principle) written by the inventors themselves. In this talk, I explore the styles and techniques of representation which were used in patents, mainly in France, in comparison with England and the United States. From the study of the diversity and evolution of these representations emerge a history of patents and their uses, and at the same time a history of technological thinking in the nineteenth century.

 

12h30-13h15 : Géraldine Barron (Université du Littoral Côte d’Opale, ICT, HLLI)

La pratique technologique en France au xixe siècle

Jacques Guillerme et Jan Sebestik, dans leur article sur les « commencements de la technologie », constatent sa dilution dans les sciences de l’ingénieur au milieu du xixe siècle avant une renaissance au xxe siècle au sein des sciences humaines. L’analyse des pratiques permet de suggérer sa survivance dans le sens qui lui est donné à la fin du xviiie siècle : la pratique technologique accompagne le développement des sciences de l’ingénieur et s’inscrit dans les sciences humaines émergentes. L’exemple de l’officier de marine Pâris permet de saisir les tensions entre science, technique et technologie et l’investissement du musée comme nouvel espace de la technique.

Practicing technologie in 19th century-France

Jacques Guillerme and Jan Sebestik, in their article on the "beginnings of technology", note its dilution into the engineering sciences in the middle of the 19th century before its renaissance in the 20th century within the humanities. An analysis of practices suggests that technologie survived in the meaning it took at the end of the 18th century in France: technological practice accompanied the development of engineering sciences and was part of the emerging human and social sciences. The example of the naval officer Pâris allows us to grasp the tensions between science, technique and technology and the dedication of museum collections to technology.

Pause déjeuner

 

Session 2 – Technologies générales

Présidence : Marcos Camolezi (HASTEC, Centre Alexandre Koyré), Timothée Deldicque (Centre Alexandre Koyré, COSTEC)

 

14h15-15h : Leopoldo Iribarren (EHESS, ANHIMA)

La technologie générale d’Alfred Espinas : une rencontre inattendue de Marx et Durkheim en pays grec.

Centrale pour le matérialisme historique, la question de savoir comment la technique et les autres sphères de la vie sociale se conditionnent mutuellement n’entre pas comme telle dans le programme de la sociologie durkheimienne, focalisée avant tout sur le fait religieux. Héritière d’un vieux préjugé philosophique, la sociologie naissante manifeste, dans la sélection et la formulation de ses objets d’étude, un certain dédain pour la problématisation des activités instrumentales. Dans ce contexte, l’ouvrage d’Alfred Espinas, collègue de Durkheim à Bordeaux et l’un des maîtres de Marcel Mauss, intitulé Les origines de la technologie : étude sociologique (1897) constitue une exception remarquable. Si le titre de l’ouvrage l’inscrit de fait dans l’horizon d’une sociologie historique de la technique, en l’occurrence centrée sur la Grèce ancienne, son ambition n’est pas moins philosophique. En effet, Espinas conçoit son projet comme une « technologie générale » ou « praxéologie », c’est-à-dire comme une philosophie de l’action portant sur l’ensemble des activités humaines qui aboutissent à des procédés opératoires. Comme j’essaierai de le montrer dans ma communication, la transformation du concept grec de technê en une notion totalisante de « technologie » passe par une réconciliation problématique entre le matérialisme historique et la théorie durkheimienne de la solidarité. Il vaut la peine d’étudier cette opération épistémologique en elle-même, mais aussi parce qu’elle sera déterminante dans certains usages philosophiques et historiques postérieurs du mot « technologie ».

Alfred Espinas's general technology: an unexpected encounter between Marx and Durkheim in Greece.

Central to historical materialism, the question of how technology and other spheres of social life condition each other does not fit as such into the program of Durkheimian sociology, which is primarily focused on the religious fact. Inheriting an old philosophical prejudice, the nascent sociology manifests, in the selection and formulation of its objects of study, a certain disdain for the problematization of instrumental activities. In this context, the work by Alfred Espinas, Durkheim's colleague in Bordeaux and one of Marcel Mauss's masters, entitled Les origines de la technologie: étude sociologique (1897) is a remarkable exception. Although the title of the work places it within the horizon of a historical sociology of technology, in this case centered on ancient Greece, its ambition is no less philosophical. Indeed, Espinas conceives his project as a "general technology" or "praxeology", i.e. as a philosophy of action concerning all human activities that lead to operating procedures. As I will try to show in my paper, the transformation of the Greek concept of technê into a totalizing notion of "technology" requires a problematic reconciliation between historical materialism and the Durkheimian theory of solidarity. It is worth studying this epistemological operation in itself, but also because it will be decisive in certain later philosophical and historical uses of the word "technology".

 

15h-15h45 : Valérie Tesnière (La Contemporaine, EHESS/Centre Maurice Halbwachs)

Lucien Febvre lu par Maurice Daumas : expérience collective et collaboration

Deux registres d’action se croisent sans se recouper complètement dans la pensée de Maurice Daumas, directeur scientifique et auteur de l'Histoire générale des techniques, parue aux PUF de 1962 à 1979, déjà auteur d'une Histoire de la science (1957, Gallimard, Pléiade). D’une part, le fait que l’invention technique résulte d’une expérience collective sans cesse accumulée, ce qui explique la simultanéité des inventions (cf. L’Apparition du livre, publié par L. Febvre et H.-J. Martin en 1958). D’autre part, les conditions de production d’une histoire des techniques indissociables d’une collaboration entre différents types de contributeurs Annales d’histoire économique et sociale, « Les techniques, l'histoire et la vie », n° 36, 30 novembre 1935). L'objet de la communication sera d’interroger les renvois entre ces différentes publications et les concepts à l’oeuvre sur la technique entre 1935 et 1980, sans oublier le fait que Febvre et Daumas sont également des entrepreneurs d’édition scientifique, pour qui la réflexion sur la technique ne se dissocie pas d’une expérience pratique. 

Maurice Daumas reading Lucien Febvre

Two concepts intersect without completely overlapping in Maurice Daumas' work, publisher and author of Histoire générale des techniques (1962-1979, PUF) and Histoire de la science (1957, Gallimard). First of all, the fact that technical invention is the result of a collective experience constantly accumulating, which explains the apparent simultaneity of inventions (cf. L'apparition du livre, L. Febvre & H.-J. Martin, 1958). On the other hand, the conditions of a history of technology, including collaboration between contributors of different academic backgrounds (cf. Annales d'histoire économique et sociale, "Les techniques, l'histoire et la vie", n°36, november 30th 1935). This article aims to investigate connections between the various concepts about technology  in these publications between 1935 and 1980, without forgetting that Febvre and Daumas were publishers : their reflexion on technology is not separated from practical experience.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



  • [Athena] GDR TPH - Atelier-concept « Technique, technologie - 1 » 30 novembre 2020, Liliane Pérez, 13/11/2020

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