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Objet : Histoire des techniques
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[ATHENA] Symposium SFHST 2025 "Mathématisation et postérité de Newton au XVIIIe siècle"
- From: Marco Storni <marco.storni AT gmail.com>
- Subject: [ATHENA] Symposium SFHST 2025 "Mathématisation et postérité de Newton au XVIIIe siècle"
- Date: Mon, 18 Nov 2024 09:09:16 +0100
Chères et chers collègues,
Lors du prochain congrès de la Société française d’Histoire des Sciences et des Techniques (Nancy, 9-11 avril 2025), nous co-organisons avec Olivier Claude (Université libre de Bruxelles) une session intitulée :
Lors du prochain congrès de la Société française d’Histoire des Sciences et des Techniques (Nancy, 9-11 avril 2025), nous co-organisons avec Olivier Claude (Université libre de Bruxelles) une session intitulée :
Mathématisation et postérité de Newton au XVIIIe siècle : perspectives croisées
En croisant une approche épistémologique et critique avec une approche sociologique, nous nous proposons d'ouvrir de nouvelles pistes de réflexion sur la réception de l'œuvre de Newton en France au XVIIIe siècle.
Les propositions seront à déposer sur le site du Congrès :
https://sfhstnancy2025.sciencesconf.org/submission/submit
Nous nous tenons à votre disposition pour tous renseignements
Marco Storni (marco.storni AT ulb.be)
https://sfhstnancy2025.sciencesconf.org/submission/submit
Nous nous tenons à votre disposition pour tous renseignements
Marco Storni (marco.storni AT ulb.be)
Olivier Claude (olivier.claude AT ulb.be)
Mathématisation et postérité de Newton au XVIIIe siècle : perspectives croisées
Au XVIIIe siècle, la diffusion des théories d’Isaac Newton en France entraîne l’abandon progressif des principes et méthodes scientifiques jusqu’alors dominants, notamment au sein des grandes institutions telles que l’Académie Royale des Sciences. Les idées cartésiennes cèdent alors la place à une nouvelle approche, basée sur la description mathématique du monde. À partir de Newton, l’usage des mathématiques permet d’unifier l’explication de phénomènes différents, tels que le mouvement du pendule et le mouvement de la Lune autour de la Terre, en les reconduisant au même principe. Cependant, la mathématisation de la physique est-elle réellement un héritage newtonien ? Malgré les liens revendiqués par les " newtoniens " français avec Newton, leur approche des mathématiques diffère sensiblement de celle de Newton : alors que ce dernier privilégie une méthode de démonstration conforme à celle des Anciens, les savants continentaux amorcent une algébrisation de l’analyse et développent de nouvelles techniques différentielles, par exemple les équations différentielles aux dérivées partielles. Les protagonistes de cette algébrisation sont, entre autres, Johann Bernoulli, Alexis-Claude Clairaut et Jean le Rond d’Alembert. Au fil de l’évolution non linéaire des théories newtoniennes au XVIIIe siècle, ce ne sont pas seulement les mathématiques qui changent, mais aussi l’image du monde qu’elles façonnent. Un premier questionnement abordé dans ce symposium portera sur les formes de mathématisation ainsi que, plus généralement, sur le lien entre mathématiques et philosophie naturelle dans la postérité de Newton, en adoptant une perspective épistémologique et critique. Il s’agira d’examiner la relation entre l’évolution des outils mathématiques et les transformations des philosophies de la nature proposées par les savants du XVIIIe siècle qui se réclament de l’héritage newtonien. Comment ces savants ont-ils redessiné l’image du monde selon Newton, à partir d’une interprétation mathématique différente des phénomènes ?
L’évolution du lien entre les mathématiques et la philosophie naturelle peut également être considérée sous un autre angle, quelque peu négligé par l’historiographie traditionnelle : celui de ses répercussions culturelles et sociales. Plusieurs auteurs, tels que Joseph Privat de Molières, Noël Regnault et Charles-Hercule de Keranflech, tout en ne remettant jamais en question le lien étroit entre newtonisme et mathématisme, critiquent certains " newtoniens " qui, d’après eux, recourraient trop aux mathématiques en physique. Selon ces penseurs, l’abus de mathématiques conduit à la formulation de théories philosophiques inintelligibles, voire aberrantes, comme celle d’une force attractive agissant à distance à travers le vide. Les détracteurs de la mathématisation partagent tous un même destin : celui d’être progressivement exclus de la communauté savante, notamment des académies. En effet, à partir du milieu du XVIIIe siècle, on observe une adoption de critères d’accès à la vie scientifique de plus en plus rigides, excluant du débat officiel tout savant ne maîtrisant pas les concepts et techniques mathématiques jugés essentiels pour suivre les discussions entre académiciens. Un deuxième volet de ce symposium examinera le sort de ces exclus en explorant comment les arguments contre la mathématisation de la physique ont évolué à mesure que leurs auteurs étaient marginalisés au sein de la communauté savante.
Au XVIIIe siècle, la diffusion des théories d’Isaac Newton en France entraîne l’abandon progressif des principes et méthodes scientifiques jusqu’alors dominants, notamment au sein des grandes institutions telles que l’Académie Royale des Sciences. Les idées cartésiennes cèdent alors la place à une nouvelle approche, basée sur la description mathématique du monde. À partir de Newton, l’usage des mathématiques permet d’unifier l’explication de phénomènes différents, tels que le mouvement du pendule et le mouvement de la Lune autour de la Terre, en les reconduisant au même principe. Cependant, la mathématisation de la physique est-elle réellement un héritage newtonien ? Malgré les liens revendiqués par les " newtoniens " français avec Newton, leur approche des mathématiques diffère sensiblement de celle de Newton : alors que ce dernier privilégie une méthode de démonstration conforme à celle des Anciens, les savants continentaux amorcent une algébrisation de l’analyse et développent de nouvelles techniques différentielles, par exemple les équations différentielles aux dérivées partielles. Les protagonistes de cette algébrisation sont, entre autres, Johann Bernoulli, Alexis-Claude Clairaut et Jean le Rond d’Alembert. Au fil de l’évolution non linéaire des théories newtoniennes au XVIIIe siècle, ce ne sont pas seulement les mathématiques qui changent, mais aussi l’image du monde qu’elles façonnent. Un premier questionnement abordé dans ce symposium portera sur les formes de mathématisation ainsi que, plus généralement, sur le lien entre mathématiques et philosophie naturelle dans la postérité de Newton, en adoptant une perspective épistémologique et critique. Il s’agira d’examiner la relation entre l’évolution des outils mathématiques et les transformations des philosophies de la nature proposées par les savants du XVIIIe siècle qui se réclament de l’héritage newtonien. Comment ces savants ont-ils redessiné l’image du monde selon Newton, à partir d’une interprétation mathématique différente des phénomènes ?
L’évolution du lien entre les mathématiques et la philosophie naturelle peut également être considérée sous un autre angle, quelque peu négligé par l’historiographie traditionnelle : celui de ses répercussions culturelles et sociales. Plusieurs auteurs, tels que Joseph Privat de Molières, Noël Regnault et Charles-Hercule de Keranflech, tout en ne remettant jamais en question le lien étroit entre newtonisme et mathématisme, critiquent certains " newtoniens " qui, d’après eux, recourraient trop aux mathématiques en physique. Selon ces penseurs, l’abus de mathématiques conduit à la formulation de théories philosophiques inintelligibles, voire aberrantes, comme celle d’une force attractive agissant à distance à travers le vide. Les détracteurs de la mathématisation partagent tous un même destin : celui d’être progressivement exclus de la communauté savante, notamment des académies. En effet, à partir du milieu du XVIIIe siècle, on observe une adoption de critères d’accès à la vie scientifique de plus en plus rigides, excluant du débat officiel tout savant ne maîtrisant pas les concepts et techniques mathématiques jugés essentiels pour suivre les discussions entre académiciens. Un deuxième volet de ce symposium examinera le sort de ces exclus en explorant comment les arguments contre la mathématisation de la physique ont évolué à mesure que leurs auteurs étaient marginalisés au sein de la communauté savante.
Marco Storni
Postdoctoral researcher
Université libre de Bruxelles
+33 (0)6 35 16 91 59
- [ATHENA] Symposium SFHST 2025 "Mathématisation et postérité de Newton au XVIIIe siècle", Marco Storni, 18/11/2024
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