[ATHENA] Journée d'étude 20 mars - Les formations par apprentissage, du 20e au 21 siècle

[Stéphane Lembré <slembre AT gmail.com>]

Virage ou mirage ? Les formations par apprentissage, du 20^e au 21 siècle

Journée d’études organisée par le Comité d’histoire des administrations chargées du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle

Jeudi 20 mars 2025

14 avenue Duquesne 75007 Paris

Entrée libre et gratuite sur inscription préalable : histoire AT travail.gouv.fr

Le regain de popularité spectaculaire des formations par apprentissage, que signalent la forte croissance du nombre d’apprentis et les encouragements au sommet de l’État au nom de l’insertion professionnelle, a tout pour surprendre au regard de l’histoire de cette voie de formation. Près de 830 000 contrats d’apprentissage ont débuté en 2022, soit 13 % de plus qu’en 2021, année où s’observait déjà une hausse significative. Selon France Compétences, le financement de l’apprentissage aurait coûté 21,6 milliards d’euros en 2021, quasi entièrement à la charge de l’État, soit presque autant que le budget alloué au ministère du Travail en 2024. Le contraste est saisissant avec la décrépitude de l’apprentissage qui domine au milieu du XX^e siècle. Dans les années 1950 et 1960, l’apprentissage, au cœur du monde du travail, est en effet assimilé à une « voie d’échec », cantonnée à la préparation au certificat d’aptitude professionnelle (CAP), éclipsée par la massification scolaire que connaissait l’enseignement professionnel secondaire. Pour certains observateurs, l’apprentissage était alors condamné à la disparition. Les relances des années 1970 et 1980, notamment par les lois du 16 juillet 1971 et du 23 juillet 1987, n’ont pas eu d’effet massif et durable sur le nombre d’apprentis. Faut-il, dès lors, imputer à la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, qui réforme le système de l’apprentissage, et au « quoi qu’il en coûte » justifiant les avantages fiscaux octroyés aux employeurs, « l’explosion » de l’apprentissage constatée depuis 2019 ?

Cette journée d’étude explorera, grâce aux renouvellements récents permis par différentes approches, une autre explication : celle d’une transformation progressive mais profonde de l’apprentissage et des publics apprentis. Cette mutation, engagée entre les deux guerres mondiales, longtemps restée invisible sous l’effet d’une image et d’un imaginaire très anciens, rend possible la résurgence actuelle, non sans poser question quant à la soutenabilité financière, politique et pédagogique d’un tel rythme de croissance. En mobilisant les analyses d’historiens et d’historiennes, ainsi que celles d’acteurs de l’apprentissage aujourd’hui, cette journée organisée sur le plan scientifique par Stéphane Lembré et Isabelle Lespinet-Moret, entend donner à penser sur l’avenir de l’apprentissage.

PROGRAMME (également accessible sur le site du CHS, avec l'affiche)

Matinée 9h30-13h

 

Ouverture

Madame Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi (sous réserve)

Mot d’accueil

Christine Daniel, présidente du CHATEFP

Mise en perspective scientifique

Stéphane Lembré, Université de Lille – IRHiS

Transformer l’apprentissage : réformes et acteurs 10h-11h30 

Présidence : Laure Machu, Université Paris Nanterre - IDHE.S

 

• Cédric Perrin, IDHE.S, Évry

L’apprentissage artisanal à un tournant dans les années 1960

• Stéphane Lembré, Université de Lille - IRHiS

Syndicats et réforme de l’apprentissage en France, 1945-1949

• Lorenzo Bonoli, Haute école de la formation professionnelle, Lausanne

La tension entre politique éducative et économie dans le développement de l’apprentissage dual en Suisse de 1960 à nos jours

 

Apprenties et apprentis dans les enquêtes 11h45-13h

Présidence : Isabelle Lespinet-Moret, Université Paris 1 – CHS mondes contemporains

 

• Marianne Thivend, Université Paris Cité – CERLIS

Les apprenties au prisme des sciences sociales des années 1950-1960 : angle mort des recherches ou problème spécifique ?

• Jérôme Martin, CRTD-CNAM, GRESHTO

De l’école au travail : apprentis et jeunes travailleurs sous le regard des enquêtes psychosociologiques (années 1950 – années 1980)

Après-midi 14h-17h30

 

Études de cas 14h-15h45

Présidence : Philippe Dole, AFDET

 

• Arnaud Pierrel, Université Paris Nanterre – IDHE.S

Les formations d’ingénieurs par apprentissage : du contre-modèle au contre-modèle (années 1990 à aujourd’hui)

• Audrey Colonel, LARHRA

Le rapport d’un milieu professionnel à la formation : questionner les recours à la forme scolaire dans la ganterie à

Grenoble des années 1890 aux années 1930

• Maxence Demeule, Université Paris 1 – CHS mondes contemporains

La formation professionnelle rapide, un « modèle » pour pallier la faiblesse de l’apprentissage en Afrique Équatoriale Française (années 1950) ?

• Anna Pellegrino, Université de Bologne

L’apprentissage chez les catholiques en Italie. Le cas des «Artigianelli» 1900-1970

 

Table ronde 16h-17h30

Animation : Pascal Caillaud, Université de Nantes – CNRS – Céreq

 

• Philippe Perfetti, Chambre des métiers et de l’artisanat

• Marie-Hélène Toutin, Céreq, Université de Lille

• Stéphane Rémy, DGEFP

• Yvan Ricordeau, CFDT (sous réserve)

• Sébastien Giraud, Fédération compagnonnique nationale

• Marie-Laurence Arvis-Vitry, CFA Ile-de-France des métiers du bâtiment

• Sylvain Julhes, Numeum

 

Conclusion : Isabelle Lespinet-Moret, Université Paris 1 – CHS mondes contemporains

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Stéphane Lembré
Professeur d'histoire contemporaine, Université de Lille / INSPE Lille Hauts-de-France et IRHiS
Responsable de la mention Pratiques et ingénierie de la formation du master MEEF

Co-rédacteur en chef Histoire de l’éducation et dir. coll. Histoire de l'éducation aux Presses universitaires de Septentrion

Tél. professionnel : 06 83 80 90 84