Le Centre
d'histoire des techniques et de l’environnement (CDHTE-Cnam),
la Bibliothèque du Cnam, le Musée des arts et métiers
et les Archives nationales (site de Paris),
avec le soutien
du Bureau international des expositions (BIE),
de Centrale Histoire, du Centre Alexandre Koyré-Centre de recherches en
histoire des sciences et des techniques (CAK-CRHST),
de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI),
organisent un colloque sur le thème
Les
expositions universelles en France,
au XIXe siècle.
Techniques, publics, patrimoine
Paris, mars 2010
PREMIER APPEL À COMMUNICATIONS
Par leur prestige international, par l’attrait qu’elles ont exercé sur le monde
du négoce et de l’industrie, par leur capacité à rassembler peuples et objets,
par les millions de visiteurs qu’elles ont attirés, les expositions
universelles ont été des dispositifs majeurs de médiatisation au XIXe
siècle. Toutefois, nous en connaissons encore mal à la fois l’ampleur
médiatique (nationale et internationale) et l’impact effectif sur les publics.
Aujourd’hui, les expositions sont au cœur d’un renouveau historiographique en
faveur de l’histoire culturelle ; elles ont aussi pleinement leur place dans
une histoire culturelle des techniques. Hauts lieux du culte du progrès, de la
sacralisation de la technique et de l’invention et de l’élargissement des
publics, elles offrent un champ d’étude qui permet aux historiens d’interroger
de manière concrète les conditions matérielles d’émergence d’une culture
technique lors des révolutions industrielles.
Si les réalisations architecturales, par l’audace des projets d’ingénieurs, ont
contribué à la gloire de l’artifice, si les débats sur l’esthétique et la
valeur des objets ont été favorisés par une vision inclusive de l’industrie,
d’autres pistes de recherche se dessinent pour comprendre l’impact des
expositions sur l’espace public de la technique, à la fois comme champ
culturel, structuré par des institutions, des réseaux, des pratiques et des
imaginaires et comme lieu d’_expression_, où s’autonomise une faculté de juger et
s’exercent des aptitudes à choisir, des communautés de langage.
Deux séries d'interrogations guident ce projet.
1 - La technique et ses publics dans les expositions universelles
Quel a été l’impact réel des expositions universelles dans l’émergence
d’audiences pour la technique ? De quels moyens ont-elles usé : quelles
médiations, quelles rhétoriques visuelles et spectaculaires, quels relais
(écrit, images, presse, etc.). Quelles formes de participation, d’intéressement
collectif, etc. ont-elles mis en œuvre ? La mise en scène de la technique
a-t-elle contribué à « démocratiser » celle-ci en l’ouvrant à un public de
masse ?
Dans ce registre, l’invention technique occupe une place particulière. Bien des
questions restent en suspens sur les inventeurs au XIXe siècle, que
ce soit leurs réseaux de sociabilité ou leurs stratégies de valorisation
(publicité, expertise, protection, etc.), alors que les brevets offrent si peu
de garanties et que l’image de l’inventeur suscite toujours les sarcasmes. Les
expositions ont-elles offert des alternatives et des ressources complémentaires
aux brevets ? Ont-elles contribué à légitimer l’inventeur, à côté de
l’entrepreneur ?
Les expositions universelles renvoient aussi à l’image de la technique, à son
rôle et à sa place dans la
société. L’ambiguïté de la technique en France, entre mépris
pour l’inventeur et utopie saint-simonienne, se reflète-t-elle dans les
expositions ? Quelles techniques, quels techniciens sont mis en exergue ?
Quelle culture technique est-elle ainsi proposée au plus grand nombre ? A
travers les choix des objets et équipements proposés et les stratégies
d’exposition, on peut se demander ce que le visiteur voit de la technique de
son temps. Dans quelle mesure les expositions affichent-elles finalement
l’image d’une société « technisée » ? En quoi cette image participe-t-elle
d’une rhétorique du progrès ?
On s’interrogera aussi, par exemple, sur l’influence des contextes politiques
du Second Empire et de la IIIe République et de certains courants de
pensée tels que le saint-simonisme sur la conception et la réalisation des
expositions, notamment la mise en place de congrès thématiques, puis
d’organismes internationaux. A titre comparatif, on pourra essayer de dessiner
l’influence à l’étranger des expositions françaises.
L’enjeu est aussi de cerner la composition des publics et les modes de
réception. D’une part se pose la question des milieux dans lesquels se
recrutent les visiteurs intéressés par les techniques, du simple curieux aux
spécialistes, des fabricants concurrents aux délégations ouvrières. D’autre
part, comment les historiens peuvent-ils évaluer l’impact culturel des
expositions, à quelles techniques le public s’intéresse-t-il, qu’en retient-il
et pour quel usage ?
2 – Les expositions universelles et les collections techniques
Sur ce point, l’ambition du colloque est double : interroger l’histoire des
collections issues des expositions et leurs modes de valorisation actuels dans
différentes institutions.
Quel a été le rôle des expositions dans la constitution et l’essor de
collections techniques au XIXe siècle ? C’est ici la fonction
patrimoniale des expositions qui retient notre attention, en les mettant en
lien, directement ou indirectement, avec l’histoire de la constitution des
collections (musées, bibliothèques…) et leur valorisation dans l’espace public
au XIXe siècle. Comment les expositions universelles ont-elles
contribué au mouvement de création des musées (Musée du Trocadéro, Musée
social…) ? Comment les ont-elles enrichis (Musée des arts et métiers, musées
industriels…) ? Quelle est leur part dans l’éclosion de sociétés savantes ? Cet
enrichissement est-il le fruit d’une politique publique déterminée ou l’effet
de la « vanité » de quelques-uns soucieux de voir leurs œuvres entrer dans les
musées ? Le thème appartient autant à l’histoire des institutions de la culture
que des pratiques culturelles et qu’à celle des enjeux symboliques tels que la
recherche de la postérité.
Autre approche : quelle valorisation aujourd’hui pour ce patrimoine et pour
quels publics ? Bien des questions sont à aborder : les supports de diffusion
numériques et donc le recours aux images et musées virtuels ; les programmes de
recherche lancés dans plusieurs institutions et leur recours à des bases de
données en pleine évolution ; les liaisons interdisciplinaires entre les
gestionnaires des collections et les muséologues d’une part et les historiens
de la culture, de l’économie et des techniques d’autre part.
Les propositions sont à adresser d’ici le 15 octobre 2008
simultanément à :
volker.barth AT uni-koeln.de ; corcy@cnam.fr ; carre AT cnam.fr ; christiane.demeulenaere AT culture.gouv.fr ; liliane.perez AT wanadoo.fr
Comité d'organisation :
Volker Barth,
Anne-Laure Carré,
Marie-Sophie Corcy,
Christiane
Demeulenaere-Douyère, Liliane Pérez
Comité scientifique :
Bruno
Belhoste, Jean-François Belhoste,
Serge Benoît,
Jean-Louis Bordes,
Patrice Bret,
Thérèse Charmasson, Gérard
Emptoz, Robert
Fox, Irina
Gouzévitch,
Ian
Inkster, Mireille Le Van Ho, Christine MacLeod,
Valérie Marchal,
Yannick Marec, Pascal Ory, Christophe Prochasson,
Anne Rasmussen, Brigitte
Schroeder, Denis Woronoff
Comité de parrainage :
Jacqueline Carroy, Serge Chambaud, Catherine Cuenca, Daniel Gourisse
André Guillerme,
Isabelle Neuschwander