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Objet : Histoire des techniques
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- From: daviddoat.pro AT gmail.com
- Subject: [Athena] Appel à communication : science-fiction, religion, théologie
- Date: Fri, 22 Jan 2021 21:27:01 +0300
Bonjour à toutes et tous,
Je vous partage cet appel à communication en vue d’une future journée d’étude et publication touchant aux rapports entre science-fiction et croyances métaphysiques et religieuses.
Bon we,
David Doat
Laboratoire ETHICS
Chaire Ethique, Technologie et Transhumanisme(s)
Université Catholique de Lille
Appel à communication
Journée d’étude, 21 avril 2021
« Science-fiction, religion, théologie »
Lieu :
Université catholique de Lille, laboratoire Ethics (EA 7446) - Chaire Ethique, technologie et transhumanisme(s)
Modalités :
En webinaire
Argument :
Sans en être totalement absentes, la religion et la théologie sont des champs qui sont peu investis par les formes contemporaines de fictions. Un tel constat ne tient pas devant les œuvres de science-fiction qui abondent en références théologiques et religieuses. La littérature de science-fiction recourt en effet fréquemment au référentiel des croyances et des pratiques religieuses, à leurs rôles dans les sociétés, à leurs relations avec les identités, à la façon dont elles codent les rapports au monde et aux autres. Elle traite aussi fréquemment de questions théologiques : les dieux sont souvent présents, ou des formes de vie dont les caractères (omniscience, omniprésence, éternité) les rapprochent des dieux ; plus généralement, bien des romans, films et séries de science-fiction scénarisent des formes du sacré, permettent de poser des questions métaphysiques sur l’origine des choses et leur finalité, sur le Bien et le Mal, sur la finitude, sur la mort et les au-delà, etc. Autant de thématiques que la théologie prend en charge. Ces questionnements sont parfois explicites, parfois implicites, et ne sont pas du tout marginaux : Olaf Stapledon, Philip K. Dick, Arthur C. Clarke, Stanislas Lem, Greg Bear, Dan Simmons, Pierre Bordage, Frank Herbert, Ray Bradbury, Orson Scott Card... la liste semble infinie. Faut-il y voir un intérêt de circonstances ou un élément propre à la démarche de la science-fiction ? Gérard Klein, dans sa préface à l’anthologie Histoires divines, soutient la seconde hypothèse : « Il peut sembler singulier que la Science-Fiction, tout imprégnée de science positive, ait parfois trouvé une source d’inspiration dans la théologie. Mais à y regarder d’un peu plus près, c’est là une rencontre inévitable. (…) La Science-Fiction confine volontiers au délire d’interprétation, et n’était son caractère affirmé de fiction, elle y sombrerait tout à fait. Or quel domaine offre plus que la théologie un champ vaste et définitif à l’interrogation, à la spéculation et à l’interprétation ! » (Librairie Générale française, Paris, 1983, p. 5)
Comment expliquer ce tropisme religieux de la science-fiction ? L’intérêt pour les religions est-il le fruit de la démarche prospective de la science-fiction ? Est-ce lié à une nature littéraire fondée sur une « problématisation » du monde, cherchant à provoquer un étonnement philosophique ? Est-ce la logique de son projet de construction globale de monde sans avoir à se soucier des catégories disciplinaires, mettant en question la condition humaine dans ses dimensions biologique, politique, sociale, culturelle que spirituelle ?
Ou bien est-ce par l’injonction de cohérence qu’impose la construction de nouveaux mondes ? Comme il s’agit d’imaginer rationnellement le comportement futur ou alternatif de groupes humains ou non-humains, la place du religieux ne peut qu’apparaître comme élément de cohésion ou de mobilisation. Dès lors, comment cela s’articule-t-il avec la science ou la technique, dont on sait qu’elles se sont constituées de façon complexe avec le religieux, en contrepoint, en rupture parfois, en continuité aussi ? Ouvrant à un espace-temps potentiellement infini, la science-fiction développe des récits à l’échelle du cosmos, de dimensions proprement mythologiques. Le religieux est-il mobilisé pour sa dimension cosmologique, sa capacité d’inventer des univers dont l’efficacité fictionnelle dépend de leur vraisemblance, ou bien pour son intérêt propre ? La religion, ou la théologie, intéressent-elles la science-fiction car elles voisinent avec la cosmologie et la réflexion sur son sens, son origine et sa destination, ne serait-ce que pour écarter ou adopter l’hypothèse d’une divinité créatrice ou faisant corps avec le monde ? Ou bien cette proximité est-elle liée au décentrement radical de la science-fiction qui fait d’elle une littérature ouverte sur le mystère ?
Et, en retour, qu’est-ce que la science-fiction nous apprend sur la religion ? La réflexion de la science-fiction est d’autant plus intéressante qu’elle peut s’affranchir de toute reproduction du réel tout en se devant d’être réaliste : les religions imaginées apparaissent ainsi autant d’expériences de pensée qui ont un effet miroir sur nos croyances et nos dénis. Cette liberté permet aussi de court-circuiter la question du pluralisme religieux, présent de facto, car la science-fiction ne traite pas le plus souvent des religions présentes, mais de religions qui soit n’existent pas, soit s’apparentent aux religions que nous connaissons, mais selon des modalités qui les en différencient. Ne délivre-t-elle pas dès lors, par ses détours, des leçons sur la place du sacré, du théologique et des religions dans notre monde ?
Axes :
Les contributions pourront s’intéresser aux relations entre science-fiction, religion et théologie à travers des formes de fiction variées (romans, films, séries, bandes dessinées, jeux vidéo). Elles pourront soit s’intéresser à des œuvres singulières, soit proposer une perspective transversale ou englobante. Elles pourront concerner tout autant la façon dont la religion et la théologie sont traitées par des œuvres de science-fiction que la façon dont des œuvres de science-fiction ont pu influencer des religions ou peuvent constituer des outils qui offrent matière à penser pour la théologie prise ici au sens général d’un discours rationnel sur le divin.
Parmi les sujets possibles, sans que cette liste soit limitative :
- Science-fiction et la question de Dieu
- Science-fiction et new age
- Science-fiction et religions séculières
- Science-fiction et nouvelles religions
- Science-fiction et révélation
- Science-fiction et théologie
- Le sacré dans la science-fiction
- …
Comité scientifique :
- Ugo Bellagamba (Université Côte d’Azur)
- Franck Damour (Université catholique de Lille)
- David Doat (Université catholique de Lille)
- Dominique Foyer (Université catholique de Lille)
- Carole Guesse (Université de Louvain)
- Jessica Lombard (Université du Piémont Oriental)
- Jean-Guy Nadeau (Université de Montréal)
- Tyler Reigeluth (Université catholique de Lille)
- Natacha Vas-Deyres (Université Bordeaux Montaigne)
Appel à communication :
La journée d’étude constituera un workshoppréparatoire en vue d’ un colloque ultérieur plus complet. Les interventions feront l’objet d’une présentation de 20 min et serviront de support à une discussion. Elles donneront lieu à la remise d’une rédaction plus complète par la suite, à la publication du texte dans un numéro spécial d’une revue référencée, et à sa présentation dans le cadre d’un colloque à venir (2022). Les propositions seront composées d’un abstract de 500 mots maximum, d’une brève bibliographie et d’une présentation biographique.
Date de remise de l’abstract : 1er mars 2021.
Réponse du comité scientifique : 5 mars 2021
Contact : Franck Damour – franck.damour AT univ-catholille.fr
- [Athena] Appel à communication : science-fiction, religion, théologie, daviddoat . pro, 22/01/2021
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